Dieu sait-il toute chose avant nous ?

Dans le langage catholique, Dieu est dit "provident", littéralement Il "voit en avant". Le Créateur est donc prévoyant, au sens où rien en ce monde, qu’Il a voulu, n’est le fruit du hasard et y retourne. Dieu a un dessein bienveillant pour toute la Création, celui de vivre éternellement auprès de lui. N’a-t-on donc pas le choix d’être heureux ? Et de l’être selon notre bon vouloir ? Si ! Parce que dans son amour, le Père a voulu les hommes et les femmes à son image et à sa ressemblance, libres pour aimer. Dès les premières pages, l’Écriture montre ainsi comment Dieu permet, sans la souhaiter, la faute originelle.

Ainsi en a voulu le Créateur : manifester son amour à tous, ne pas les obliger à l’aimer en retour. "Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer, mais Il est venu la remplir de sa présence", disait Paul Claudel. La liberté des hommes a un prix, mais Dieu est prêt à le payer. La mort et la résurrection du Christ sont la preuve ultime que d’un mal, Dieu, dans sa toute-puissance, peut faire un bien.

Mais Dieu demeure en dehors du temps. S’Il sait tout, c’est d’abord par omniscience du passé, du présent et de l’avenir, et non parce qu’Il contrôle tout. S’Il a une volonté pour chacun, c’est qu’Il l’a créé par amour et pour l’amour. À chacun, ensuite, d’agir avec liberté, éclairé par l’Esprit saint, pour vivre saintement. La variété des saints, canonisés ou "de la porte d’à côté", montre que les chemins pour faire la volonté de Dieu sont aussi nombreux que les personnes qui veulent répondre à l’appel de la vie divine. La chose est ainsi résumée par le Compendium du Catéchisme de l’Église catholique : "La divine Providence, ce sont les dispositions par lesquelles Dieu conduit ses créatures vers l’ultime perfection à laquelle il les a appelées. Dieu est l’auteur souverain de son dessein. Mais, pour sa réalisation, Il utilise aussi la coopération de ses créatures. En même temps, Il leur donne la dignité d’agir par elles-mêmes et d’être causes les unes des autres". (§55)