À l’extérieur Notre-Dame de l'Assomption, l’église d’Alban (Tarn), entièrement reconstruite en 1947, ne présente pas un intérêt majeur. Mais le visiteur qui pénètre dans l’édifice à l’architecture résolument moderne découvre un fascinant intérieur, entièrement couvert de fresques, dues au talent d’un seul peintre, Nicolaï Greschny.
L’église du XIXe siècle, construite sur les ruines de l’église médiévale d’Alban, est démolie et entièrement reconstruite à partir de 1947. L’architecture choisie est résolument moderne, et ne présente pas un intérêt majeur, si ce n’est d’être le témoin des constructions religieuses de l’immédiate après-guerre.
La surprise se trouve à l’intérieur, dans un espace en forme de coque de navire inversée. Les murs sont entièrement recouverts de fresques. Pénétrer dans l’église fait entrer le visiteur sous des arches colorées, dont la réalisation a été confiée à Nicolaï Greschny dans les années 50 et 60. Il y aura consacré dix ans.
Le peintre est d’origine russe, descendant d’une famille d’iconographes remontant au XVIe siècle. Son histoire fascinante mérite de s’y attarder. Fuyant d’abord le communisme, puis le nazisme, il est mentionné sur les listes rouges de la Gestapo. Il parcourt l’Europe, changeant d’identité et de pays en fonction des événements. Il est même placé en camp de triage, s’évade et finit par s’installer dans le Tarn. Il y reste jusqu’à la fin de sa vie, appelé à peindre par de nombreuses paroisses. Il réalise des fresques dans une centaine d’églises, essentiellement dans le sud-ouest de la France.
Une histoire de Marie influencée par l’Église orientale
Très colorées, ces fresques sont d’inspiration byzantine. Elles retracent, en vingt-quatre tableaux, la vie de la Vierge, se lisant à la façon d’une bande dessinée, de gauche à droite, arche après arche.
Derrière l’autel, le Christ en gloire, accompagné de Jean-Baptiste et Marie, représentant respectivement l’ancienne et la nouvelle alliance. Les autres scènes sont d’inspiration biblique, ou s’appuient sur des récits très répandus, même s’ils ne sont pas considérés par l’Église comme canoniques (on peut citer le protévangile de Jacques). La tradition de l’iconographie orientale est en effet très friande de ces scènes racontant en particulier l’enfance de Marie.
Nicolaï Greschny n’a pas hésité à représenter des personnages du village, que leurs proches peuvent encore identifier. Ils ont gardé leurs vêtements habituels, ce qui crée de joyeux anochronismes. Le peintre est reconnaissable, sur son autoportrait, au short bleu qu’il avait l’habitude de porter. Les enfants de chœur ont aussi beaucoup servi de modèles.
Sur les murs, tout autour de l’église, on retrouve la prière du Je vous salue Marie traduite en 21 langues. Le curé de l’époque était un érudit : il s’est appuyé sur les traductions fournies par des missionnaires.