Gaudeámus omnes in Dómino, diem festum celebrántes sub honóre Sanctórum ómnium, (Réjouissons-nous tous dans le Seigneur ! Nous célébrons ce jour de fête en l'honneur de tous les saints). Les fidèles qui ont assisté à la messe de la Toussaint selon la forme extraordinaire du rite romain ont retrouvé cette invitation à la joie dans l'introït, pièce chantée par la chorale au moment de la procession d'entrée. Comme la majorité des chants destinés à soutenir la liturgie en latin, il appartient au répertoire du chant grégorien, art sacré séculaire qui nous vient des monastères. Un art que Charline, 17 ans, a découvert il y a deux ans lorsque sa famille s'est rendue pour la première fois à une messe dite selon le missel de 1962, à Colmar, dans la paroisse de la Croix Glorieuse. "On nous avait décrit le rite tridentin comme particulièrement beau, alors on a voulu essayer", explique la jeune fille à Aleteia. "Jusqu'ici, nous n'allions qu'à des messes Paul VI. J'aime les deux, mais je trouve que la messe en forme extraordinaire invite vraiment à la prière parce que la liturgie donne toute sa place au sacré. Je le ressens dans la gestuelle, dans les textes, et dans le chant. On tend vers Dieu constamment."
Le latin pour l'universalité
Charline décide de se lancer avec la chorale de la paroisse à la suite de son père. Elle découvre tout un monde qui s'apparente presque à une science, tant il est technique. "C'est un ensemble très complet, dont la maîtrise nécessite du temps", reconnaît-elle. La jeune lycéenne participe donc aux Rencontres Grégoriennes qui se déroulaient cette année à Strasbourg. Celles-ci se donnent pour objectif, en lien avec le diocèse d'accueil, de former les laïcs et les clercs engagés dans les chorales au service de la liturgie romaine. Comme Charline, de nombreux débutants participent à ces rencontres afin d'améliorer leurs compétences en chant grégorien. Elles rassemblent aussi bien "tradis" que "non-tradis", personnes dans l'Eglise ou en recherche d'une spiritualité, désirant aller "au-delà des clivages dans un esprit d'obéissance au magistère de l'Eglise".
"Ce qui m'a plu, au-delà du côté apprentissage, c'est cette rencontre avec des gens qui rayonnent par leur foi. C'est un vrai moment de partage convivial où l'on se retrouve autour d'un centre d'intérêt commun", confie la jeune chanteuse. Dépassé, démodé, le latin ? Pas pour elle. "Je suis fière de pouvoir m'investir dans un art sacré qui rapproche de Dieu, qui me fait sentir plus proche de Lui. Pour moi, le latin change tout, c'est la transmission d'une tradition. Je chante des chants que mes ancêtres eux-mêmes entonnaient à la messe avant moi", affirme la jeune fille. "Mais je crois que cela dépend de chacun. Tout est beau dans l'Eglise de Dieu !"