Si la Bible fait mention de plusieurs Syméon notamment un des ancêtres de Joseph, mais aussi un docteur de l’Église d’Antioche surnommé Syméon le Noir envoyant en mission Paul et Barnabé, seul "le" Syméon évoqué par l’Évangéliste Luc est donné pour prophète ; ce dernier vient conclure avec la prophétesse Anne et Jean-Baptiste pour le Nouveau Testament la longue lignée des prophètes de la Bible. Nous ne savons que peu de choses sur lui si ce n’est qu’il était âgé et très pieux et "attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit saint était sur lui" (Lc 2,25). La Bible précise également que l’Esprit saint lui avait annoncé qu’il ne mourrait pas sans avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur…
La rencontre du Messie
Quel destin attendait Syméon lorsque l’Esprit lui intima de diriger ses pas vers le Temple au moment même où les parents de Jésus présentaient leur enfant nouveau-né selon le rituel imposé par la Loi. Syméon - certainement bouleversé de joie - prit Jésus dans ses bras en bénissant Dieu car il venait de reconnaître Celui qu’il attendait, le Messie tant espéré ! C’est alors que le prophète inspiré allait prononcer ces mots parvenus jusqu’à nous et restés célèbres depuis – le fameux Cantique de Syméon, en latin Nunc dimittis, chanté chaque soir comme dernière prière de la Liturgie des Heures et importante source d’inspiration pour le chant grégorien (Lc 2,29-32) :
Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël.
La prophétie de Syméon
Mais cette rencontre exceptionnelle allait être suivie de paroles prophétiques, des paroles dures à entendre pour les parents de Jésus qui, déjà, "s’étonnaient de ce qui était dit de lui" par Syméon. Le prophète précisa en effet à Marie : "Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction". Le message, s’il peut nous paraître clair aujourd’hui au XXIe siècle, devait cependant paraître non seulement obscur pour les parents de Jésus, mais surtout bien menaçant. Dans le prolongement de la prophétie d’Isaïe qui annonçait la venue du Messie "méprisé et délaissé par les hommes", Syméon avertit que le nouveau-né qu’il tient dans ses bras sera signe de contradiction, c’est-à-dire de la division d’Israël entre ceux qui refuseront la dimension messianique de Jésus et ses disciples qui seront à l’origine de la foi nouvelle. Pire encore, le vieux prophète en regardant Marie lui annonça : "et toi, ton âme sera traversée d’un glaive", évocation encore masquée de la crucifixion à venir et de Notre-Dame des Douleurs, Mater Dolorosa…