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La puissance biblique du chiffre trois

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Valdemar de Vaux - publié le 02/11/24
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La religion chrétienne se distingue tout particulièrement en proclamant un Dieu trinitaire, unique en trois personnes. Le chiffre trois, qui évoque cette réalité, est pourtant le symbole de l’infini dès l’Ancien testament, mais aussi de l’accomplissement. Petit parcours biblique et symbolique.

La tradition chrétienne, s'appuyant sur ses racines bibliques, attache aux chiffres un certain symbolisme, que l’on retrouve dans l’art et l’architecture. Puisque le peuple hébreu se distingue de ses voisins par la foi en un Dieu unique, le chiffre un y est attaché. Il n’est cependant pas le seul à parler de divinité. Le trois, l’évoque également. Comme le passé, le présent et le futur manifestent la plénitude des temps, le Dieu trois fois saint (cf. Is 6) est de toujours à toujours. Il est souvent associé au cercle et donc à la perfection, contrairement au carré, le chiffre quatre, relié à la finitude. Cercle et trois sont ainsi les symboles de Dieu, quatre et carré ceux de l’humanité. De plus, l’importance du trois s’est accentuée dans le christianisme, qui proclame un Dieu trinitaire, unique en trois personnes, le Père, le Fils et l’Esprit saint.

Dans l’architecture, le trois et le quatre peuvent s’associer pour donner un fort symbolisme. C’est le cas des cathédrales gothiques : leur façade est le plus souvent construite comme un grand carré composé de neuf (trois fois trois) plus petits carrés et, au centre, le cercle de la rosace. Avec le cercle, le triangle équilatéral, est un autre moyen de représenter le Père, le Fils et l’Esprit saint. Par exemple, au-dessus de l’autel de l’église Saint-Louis-en-l’Isle, à Paris, une gloire baroque en bois doré s’orne d’un triangle de la Trinité dans lequel est inscrit le Tétragramme, nom de Dieu hébraïque imprononçable. Le triangle a d’ailleurs été repris par la tradition maçonnique comme signe de la perfection géométrique et de la stabilité voire d’une triade cosmique, pastiche du Dieu trine. 

Le “troisième jour”

L’épisode magnifique de l’hospitalité d’Abraham (cf. Gn 18, 1-16), durant lequel le patriarche accueille au chêne de Mambré trois hommes venus lui annoncer la naissance d’un enfant, a été relu comme une annonce de la Révélation trinitaire par les Pères. Représenté dans la fameuse icône de Roublev, ce passage des Écritures met le trois à l’honneur. Elles le mettent à l’honneur également grâce au "troisième jour", qui revient régulièrement dans la Parole de Dieu. Ce jour est celui de l’accomplissement de l’œuvre de Dieu qui parfait la Création, de sa manifestation.

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Icône, dite de la Trinité, Andreï Roublev, 1410 et 1427, galerie Tretiakov de Moscou.

Ainsi Dieu rencontre-t-il son peuple dans une théophanie impressionnante le troisième jour, pour lui donner la Loi (cf. Ex 19-20). Un épisode qui préfigure la Transfiguration. Jésus est alors avec trois apôtres choisis et Pierre veut monter trois tentes, pour le Christ, Moïse et Élie (cf. Mt 17, Mc 9 ou Lc 9). Sur la route qui conduit le Fils de Dieu vers Jérusalem, trois annonces de la Passion jalonnent un cheminement tant spatial que spirituel (cf. par exemple Mc 8,31 ; 9,30 ; 10,32). Et, bien sûr, mort le vendredi vers la troisième heure, Jésus ressuscite le troisième jour, accomplissement définitif du plan de Dieu. À l’inverse, les trois tentations du diable au désert ou les trois reniements de Pierre marquent l’opposition à ce plan.

Repris dans la tradition spirituelle, le chiffre trois est enfin celui des trois vertus accordées par Dieu : foi, espérance, charité. Les vertus cardinales, naturelles, sont, elles, au nombre de quatre... Il y a aussi les trois vœux religieux de pauvreté, chasteté et obéissance. Comme le Christ, tous ceux qui les prononcent sont appelés à accomplir par le don de leur vie l’œuvre du Père pour parvenir à la plénitude.

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