Si la première session générale du Synode sur la synodalité, en octobre 2023, a suscité d’intenses discussions et débats, la seconde, et dernière, qui se tient au Vatican du 2 au 27 octobre, paraît désintéresser les fidèles catholiques français. La réflexion voulue par le pape François pour toute l’Église en 2021 est, effectivement, un processus au long cours. Comme l’an passé, l’Église de France sera représentée à Rome par quatre évêques élus par leurs pairs (Mgr Joly de Troyes, Mgr Rougé de Nanterre, Mgr Bertrand de Pontoise et Mgr Eychenne de Grenoble), par le cardinal Aveline, de Marseille, choisi par le Saint-Père, par sœur Nathalie Becquart, xavière et membre du Secrétariat pour le synode des évêques et par Anne Ferrand, consacrée du diocèse de Rodez.
Il y a donc sept Français avec droit de vote, et autant sans ce droit mais "invités spéciaux" ou "experts", théologiens dominicains et jésuites, prêtre diocésain, religieuses et frère. Cependant, la "voix" française s’est déjà fait entendre depuis 2021 à travers toutes les contributions remontées des paroisses et des groupes jusqu’à Rome. Le Synode a débuté par une phase diocésaine, laquelle a donné lieu à une synthèse nationale publiée en juin 2022 et accompagnée d’un texte des évêques votés lors d’une assemblée extraordinaire.
Une nouvelle synthèse
Parties au Secrétariat pour le synode des évêques, ces contributions ont été synthétisées par celui-ci pour permettre des discussions au niveau continental, véritable nouveauté dans l’Église. En février 2023, les représentants des Églises européennes se sont retrouvés à Prague pour cette ultime étape avant la première session générale romaine, en octobre 2023. Alors que ce devait être initialement la fin du processus de réflexion, le pape François a préféré convoquer une deuxième session un an plus tard, avec l’objectif de mettre en pratique la synodalité en consultant à nouveau le peuple de Dieu.
L’Église de France arrive donc à cette deuxième session enrichie d’un nouveau travail de discussion et de synthèse. À partir d’un document romain publié en mars et intitulé "Comment être une Église synodale en mission ?", la Conférence des évêques de France (CEF) "incité les évêques à s’entourer de personnes représentant des compétences, charismes, responsabilités et ministères différents afin de relire la vie des différents lieux et instances de coresponsabilité […] et à apporter le témoignage d’une réalité particulière du diocèse significative d’une synodalité mise en œuvre". Le fruit de ce travail a conduit à la publication d’une nouvelle synthèse, en mai dernier.
De l’avis de beaucoup, le Synode semblait désintéresser particulièrement les jeunes et les prêtres. Pour les premiers, la CEF a nommé 72 ambassadeurs jeunes à l’automne 2023 pour établir une consultation spécifique dans cette tranche de la population catholique. En mai, leur restitution a été envoyée à Rome, avec des propositions très concrètes établies grâce à la réflexion de groupes aussi divers que Anuncio, la Maison Magis, l’Aumônerie Saint-Martin, le Dorothy, la communauté de l’Emmanuel, l’Arche, le Chemin neuf… Quant aux prêtres, le pape François s’en est lui-même chargé en invitant en avril 300 curés, parmi lesquels quatre Français et en envoyant une lettre à tous les autres : "L’Église ne pourrait pas aller de l’avant sans votre engagement et votre service", leur écrit-il.
Partager et mieux recevoir la Parole de Dieu
Les contributions françaises ont donc été nombreuses et diverses. Si l’on en croit la conclusion de la dernière synthèse, celle de mai 2024 confiée par la CEF aux instances romaines, "il apparaît que l’Église de France est particulièrement marquée par […] l’importance prise par la nécessité de partager et mieux recevoir la Parole de Dieu, l’expérimentation positive de la conversation dans l’Esprit, la diversité des membres des conseils épiscopaux et le développement d’un véritable lieu de discernement […], la remise en question de la constitution et du fonctionnement des conseils pastoraux, une attente autour de la réception des ministères institués ouverts aux hommes et aux femmes, […] et, enfin, un questionnement autour la coresponsabilité différenciée comprise comme une coresponsabilité de décision et/ou une coresponsabilité de participation active à la vie de l’Église et à l’évangélisation."
Demeure une importante et moins visible participation, celle de la prière passée, présente et future pour que le Synode porte les fruits que Dieu voudra, et que l’Esprit saint soit au cœur de chaque fidèle, Français ou non.