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Au Liban, les écoles accueillent des milliers de déplacés

Matelas installé dans la cour d'une école transformée en abri temporaire pour les personnes déplacées par le conflit du sud du Liban, à Beyrouth, le 24 septembre 2024.

Cécile Séveirac - publié le 26/09/24
500.000, c'est le nombre de personnes déplacées au Liban depuis l'intensification des frappes israéliennes contre le Hezbollah. Pour faire face à cet afflux de réfugiés, les écoles, fermées temporairement, sont elles aussi mises à contribution et sont transformées en centres d'accueil. Dont un grand nombre sont catholiques.

"Tout était prêt pour la rentrée des classes, mais depuis lundi les réfugiés arrivent massivement du Sud à Beyrouth. Au début, ils étaient répartis dans les écoles du gouvernement, mais les écoles privées sont aussi mobilisées car ils sont trop nombreux", explique à Aleteia sœur Rosalie (le prénom a été modifié, ndlr) de l'école Saint Joseph de l’Apparition. Située au sud de la capitale libanaise, cette école catholique accueille en temps normal près de 800 enfants de toutes confessions. Tous sont rentrés chez eux, laissant la place à quelque 1.000 déplacés fuyant les bombardements israéliens. Dès le lundi, le rez-de-chaussée de l'établissement a fait l'objet d'un aménagement pour accueillir matelas et tapis de sol. Désormais, ce sont les étages qui doivent être transformés, les salles de classes vidées de leurs bureaux. Parfois, il n'y en a pas le temps. "Certaines familles à la recherche d'un abri se sont précipitées pour avoir des places" détaille sœur Rosalie qui décrit la tension régnant parmi les réfugiés. "Il y a des disputes car tous n'ont pas de matelas. On sent l'épuisement, la colère, l'angoisse, tout le monde est à cran".

Le sud-Liban, Beyrouth, et désormais la Plaine de la Bekaa à l'est du pays, les raids aériens de l'armée israélienne se poursuivent, alors que le Hezbollah continue ses tirs de roquettes sur le nord d'Israël. Dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 septembre, une frappe aérienne sur le village de Younine, une localité proche de Baalbeck, a tué 20 personnes, presque toutes syriennes, selon le ministère libanais de la Santé. La perspective d'un apaisement semble s'éloigner alors que Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien, a refusé la proposition américano-française de cessez-le-feu, ordonnant à son armée de "poursuivre les combats à pleine puissance".

Les écoles, fermées... pour les écoliers

Face à cette insécurité croissante, le ministère libanais de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur a annoncé mardi prolonger la fermeture de l'ensemble des établissements scolaires et universitaires jusqu'à la fin de la semaine. Une mesure qui permet à la fois de protéger les enfants... et de faire face à l'afflux considérable de déplacés. Depuis l'intensification des frappes lundi 23 septembre, près d'un demi-million d'habitants ont dû fuir leurs habitations, selon le ministre libanais des Affaires étrangères, soit presque 10% de la population du pays. Un flot ininterrompu de personnes continue d'inonder l'autoroute longeant la côte libanaise. Ces exilés tentent de trouver refuge dans les grandes villes où sont mises à contribution les écoles, et si elles sont principalement publiques, les écoles privées n'échappent pas à la réquisition.

Une salle de classe servant de logement pour une famille, 26 septembre 2024.

L'éducation des enfants se retrouve de nouveau sacrifiée sur l'autel de la guerre. "Les écoles ont déjà été fermées très longtemps en 2019 avec les manifestations et le Covid. Il y a une génération perdue qui a été trop longtemps privée d'enseignement", regrette Vincent Gelot, chef de projet de l'Œuvre d'Orient au Liban et en Syrie. "Les écoles catholiques ont essayé dès le 7 octobre de résister et de poursuivre leur mission éducative, mais ces derniers jours les choses se sont trop aggravées", soupire le père Youssef Nasr, secrétaire général des écoles catholiques au Liban. En lien avec le ministère de l'Education, les établissements privés tentent de s'adapter à cette nouvelle insécurité. "Nous voulons poursuivre notre année scolaire d’une manière ou d’une autre", affirme le père Youssef, déterminé. "Nous étudions toutes les solutions : présentiel là où c’est possible, enseignement hybride ou virtuel dans les zones plus chaudes."

Trouver un équilibre entre l'accueil des compatriotes déplacés et garantir aux enfants leur droit à l'éducation : le père Youssef ne s'en cache pas, c'est une question délicate qui doit être traitée "avec sagesse et précaution". "Nous voulons trouver des alternatives pour les écoles privées en faisant évacuer les déplacés pour permettre aux enfants de regagner les écoles. Mais il faut bien-sûr leur trouver une solution de relogement. " Rien d'évident alors qu'à Beyrouth seule, 16.000 familles trouvent actuellement refuge dans les écoles. "On ne peut pas cacher le fait qu'on a peur. La crise, le manque de président depuis des années, et maintenant la guerre...", confie, pensive, sœur Rosalie. "Mais il y a une chose que je vois, c'est la foi du peuple Libanais. C’est dans ces moments-là que l'on se rappelle qu'on ne peut compter que sur Dieu. Tout le monde se tourne vers Lui. Il est notre seul secours."

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