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[HOMÉLIE] Venez, Dieu nous attend!

Jésus avec ses disciples, aquarelle

Christian Lancrey-Javal - publié le 21/09/24
Curé de la paroisse Notre Dame de Compassion à Paris, le père Christian Lancrey-Javal commente l’évangile du 25e dimanche du temps ordinaire. Le signe de la confiance est de venir quand on nous appelle.

En ce temps de la Création qui va du 1er septembre (Journée de prière pour la sauvegarde de la Création) au 4 octobre, anticipons la fête de saint François d’Assise où l’on propose dans certaines églises une bénédiction des animaux, pour évoquer les chiens, les chats, les chevaux, les oiseaux... et ce qu’ils nous disent de la vie, de l’amitié, de la confiance. Les animaux domestiques ont une telle place dans nos vies pour leur affection et pour leur confiance ! Qui ne vous a jamais dit que son chien, lui au moins, ne l’a jamais trahi, déçu ni abandonné ? Le chien mérite le titre de meilleur ami de l’homme, autrefois dévolu au cheval. La Bible est pourtant réservée sur l’un comme sur l’autre : avec les chiens errants, les voyageurs devaient se munir d’un bâton, tandis que le cheval était hors de prix, symbole de richesse et d’orgueil. Quant au chat, on dit qu’il est absent de la Bible pour se démarquer des Égyptiens chez qui il était adulé. La Bible préfère les oiseaux, de la colombe à l’aigle, du Déluge à saint Jean. La plupart des gens sont soit « chien » soit « chat », parfois les deux, d’autres surtout pas. 

Venir quand on nous appelle  

Le sujet est clivant, y compris dans l’Église vu les réactions à l’hommage du pape François le 4 septembre en Indonésie aux familles de trois, quatre ou cinq enfants, « un exemple pour tous les pays », au contraire de « certaines familles qui préfèrent avoir un chat, un petit chien, et pas un enfant. Ce n'est pas normal ». La différence entre le chien et le chat ? Le chat ne vient pas quand on l’appelle (en dehors des repas) : c’est lui qui décide. Il est plus indépendant, surtout s’il ne connaît pas les gens qui sont autour de lui, il est prudent. 

Or venir quand on nous appelle est la clé de la confiance. Pour les mariages que je célèbre, je demande aux témoins de m’envoyer un mail sur les mariés, leurs qualités, ce qu’ils aiment chez eux. Quand ce sont des amis, ils disent presque toujours qu’ils peuvent compter sur elle ou sur lui, qu’il est là quand on a besoin de lui. C’est ça, un ami. C’est vrai des mariés : on épouse quelqu’un sur qui on peut compter, et c’est la première chose à vérifier avant de l’épouser. C’était le thème de la première réunion de préparation au mariage : n’épousez pas quelqu’un qui n’a pas d’amis. Ni qui en aurait trop qui ne seraient pas de vrais amis. La fidélité en amitié n’est pas la même qu’en amour, mais elle y prépare.

Un esprit de confiance

Combien d’amis, de vrais amis, est-il possible d’avoir ? Est-ce que, parmi ses disciples, Jésus en a appelé douze pour qu’ils soient ses amis ? En qui il pourrait avoir confiance, même si l’un d’eux a trahi, un autre a menti, presque tous se sont enfuis… Ce n’est pas tant qu’on peut être déçu par ses amis : en réalité on ne peut être trahi que par un ami, à qui on faisait confiance.

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus appelle les Douze et ils viennent (cf. Mc 9, 35). Si vous ne venez pas quand votre patron vous appelle, vous risquez des ennuis. Jésus les appelle parce qu’il savait qu’ils avaient discuté entre eux de savoir qui était le plus grand, et il fait venir un enfant, il en appelle un — Viens ! — parce que l’enfant vient quand il a confiance, il a naturellement confiance en Dieu, il vient quand il a besoin d’être nourri, instruit, protégé ou consolé : il se jette dans les bras de ses parents. L’esprit d’enfance est un esprit de confiance. Cette confiance dure-t-elle ? Oui, sauf si on s’est perdu ou qu’on n’a pas bonne conscience : voyez comment les disciples ont peur d’interroger Jésus sur sa Passion, voyez comme ils n’osent pas répondre quand il leur demande de quoi ils parlaient en chemin (cf. Mc 9, 33). Oser demander quand on ne comprend pas ; oser avouer quand on est gêné ou qu’on a honte. La confiance passe par la parole. La confiance suppose que les personnes parlent le langage de la confiance et de l’amour.

La confiance de Dieu

Croyez-vous que Dieu a confiance en vous ? Saint Philippe Néri disait : « Seigneur méfie-toi de moi. » Souvenez-vous de la première réaction de Pierre dans l’évangile de saint Luc : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » (Lc 5, 8.) Après trois ans avec lui, il pouvait s’exclamer, à la fin de l’évangile de saint Jean : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime » (Jn 21, 17). Dieu nous fait confiance, il nous donne sa confiance, alors même qu’il sait nos faiblesses, nos blessures, nos manquements, parce que, Lui, Il est toujours là, que l’on ait, ou pas, besoin de Lui. Ce qui ne veut pas dire qu’il va exaucer nos prières sur un claquement de doigts ou une visite éclair. Notre relation avec le Seigneur se construit lentement, patiemment, fidèlement, résolument, et cette relation est inséparable de nos relations entre nous, les uns avec les autres. Prenons-en conscience. Allons prier chaque jour. Venez à la messe chaque dimanche. Le signe de la confiance est de venir quand on nous appelle. Venez. Dieu nous attend.

Lectures du 25e dimanche du temps ordinaire :

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