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Ces évêques titulaires… d’un diocèse disparu

Utique, diocèse disparu depuis l’Antiquité non loin de Carthage, en Tunisie actuelle.

Valdemar de Vaux - publié le 13/09/24
Les mots peuvent tromper. Ainsi en est-il du terme "titulaire" : associé à un siège épiscopal, il désigne le pasteur du lieu ; associé à un évêque, il évoque un diocèse disparu attribué à un prélat qui n’a pas la charge d’un peuple et d’un territoire déterminé.

Au cœur de l’été, tandis que les Jeux Olympiques battaient leur plein, une information vaticane est passée totalement inaperçue : le 29 juillet, Philippe Curbelié, prêtre du diocèse de Toulouse, était élevé à l’épiscopat. Sera-t-il évêque d’un diocèse ? Non. Ni en France, ni ailleurs. Il est, et demeurera après son ordination, sous-secrétaire du Dicastère pour la Doctrine de la foi à Rome. Pourtant, le Saint-Père lui a attribué un diocèse, Utique, disparu depuis l’Antiquité et non loin de Carthage, en Tunisie actuelle.

D’ailleurs, Philippe Curbelié n’est pas le premier évêque de ce diocèse inexistant. Depuis 1516, ce sont 25 prélats qui ont porté le titre d’évêque titulaire d’Utique, sans jamais y mettre les pieds. Ces “titulaires” ont tous la particularité d’avoir occupé trois sortes de fonctions : nonces apostoliques, évêques auxiliaires d’un diocèse, membres de la curie romaine. Ils sont titulaires de charges sans territoire ni peuple, mais qui sont attribuées à des prélats ordonnés évêques.

Un diocèse symbolique ?

Depuis le concile de Nicée, en effet, les évêques sont liés à un territoire et à un peuple, une portion de l’Église. Leur ministère pastoral n’a de sens que s’il est tourné vers les fidèles. Cependant, mais la chose a fait et fait débat, certaines fonctions non pastorales sont exercées par des prélats élevés à l’épiscopat. Symboliquement, on leur attribue alors un diocèse qui n’est plus un siège titulaire mais qui leur permet de porter le titre d’évêque titulaire depuis 1882. Avant cela, on les disait évêques in partibus infidelium ("en pays des infidèles"), les diocèses choisis étant pour la plupart d’anciens territoires chrétiens envahis par les musulmans, au Proche-Orient et en Afrique du nord autour des VIIe et VIIIe siècles. 

L’usage permet également de "ressusciter" des églises antiques et de maintenir vivante la mémoire de terres évangélisées dans les premiers temps de l’Église. N’a-t-on pas connu la cité de Parténia, en Algérie actuelle, grâce à Jacques Gaillot, évêque d’Évreux démis de ses fonctions en 1995 mais qui conserva de cette manière très virtuellement un évêché ? Plus proche de nous, Guillaume de Lisle, évêque auxiliaire à Meaux depuis 2021 est évêque titulaire de Pisita, dont on retrouve les ruines à côté de Carthage, en Tunisie. 

Quant à Emmanuel Tois, évêque auxiliaire de Paris depuis 2023, peut-être n’est-il jamais allé à Vertara, en Tunisie aussi, et dont il est l’évêque titulaire. L’Orient n’est pas en reste puisque les anciens diocèse de Mesembria (Bulgarie), d’Aeropolis (Jordanie), d’Ombi (Egypte) ont eu pour évêques titulaires Jean XXIII et Jean Paul II quand ils étaient nonce pour l’un et évêque auxiliaire de Cracovie pour le second.

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