Dans la vie, William Heller est un étudiant qui consacre sa vie à ses deux grandes passions. La première est l’haltérophilie, un sport découvert alors qu’il était encore lycéen et qui consiste à soulever les poids les plus lourds possibles au moyen d'une barre. Quelques années plus tard, ce jeune homme originaire de Toledo dans l’Ohio (États-Unis), est devenu un brillant athlète de cette discipline. Membre d’équipes nationales et internationales, il est même considéré comme le cinquième meilleur athlète haltérophile de sa catégorie aux États-Unis, à seulement 21 ans. Capable de soulever jusqu’à 318 kg en compétition, Will Heller a le physique type de l’athlète aux biceps proéminents, rouge et grimaçant sous l’effort, la barbe de viking en plus. Bien sûr, il rêve d’exploit sportif, de médailles et de futurs Jeux olympiques. Mais il y a autre chose… Un rêve encore plus fou auquel l’appelle son autre passion, bien plus grande que le sport. Catholique fervent, Will a choisi de donner son cœur tout entier à Dieu. Il s’apprête ainsi à rentrer au séminaire Saint-Paul, dans le Minnesota, à la fin du mois d’août.
Guidé par la Providence
Cette décision, mûrie dans le temps, n'avait rien d'évidente pour le jeune étudiant. Né de parents catholiques, il est s'est tenu éloigné de l'Église jusqu'à son entrée à l'université du Michigan, où il redécouvre la foi grâce à aux témoignages de missionnaires FOCUS, un mouvement d'évangélisation américain à destination des étudiants. Très engagé dans l'aumônerie, Will Heller éprouve le besoin de prier et de se rendre à la messe tous les jours. Jusqu'au moment où l'aumônier du campus, frappé par la dévotion de Will, demande au jeune homme s'il ne voudrait pas s'engager dans la voie du sacerdoce. "J'ai ri et j'ai dit : "Ha ha, mon père, oui, c'est drôle", et il a répondu : "Non, je suis sérieux", raconte Will au CNA. "Dans ma tête, je me disais : "Ce n'est pas parce qu'un homme va à la messe tous les jours qu'il veut devenir prêtre".
Au début, c'est donc un non ferme. Enfant unique, Will s'imagine mal renoncer à une famille, d'autant que ses résultats sportifs l'autorisent à espérer une splendide carrière d'athlète haltérophile. Mais après avoir assisté à un congrès eucharistique et à une ordination dans son diocèse, Will accepte de reconsidérer la question de la vocation et entame un accompagnement spirituel. "Je ne pouvais plus fuir ça, et puis j'ai ressenti un énorme sentiment de paix", a encore témoigné le jeune homme au quotidien local Toledo Blade. Est-ce que son choix d'entrer au séminaire lui fera quitter définitivement la salle de musculation ? La question ne se pose pas pour le moment. En accord avec son évêque, le jeune homme pourra poursuivre son programme d'entraînement et même se présenter à la prochaine grande compétition. "Nous allons procéder année après année, précise-t-il. L’évêque a dit : "Si vos études ou votre vie de prière vacillent, il faudra alors arrêter." Mais Will est confiant, et croit aux signes que le Seigneur continue de lui envoyer chaque jour. Comme lorsqu'il découvre, en arrivant au séminaire, que le recteur du programme propédeutique est même un passionné d'haltérophilie ! Athlète, il dispose même d'une salle de sport au sous-sol avec tout le matériel nécessaire dont Will pourra se servir pour s'entraîner. Nul doute pour le jeune homme que la Providence est à l'œuvre. "Je pense que Dieu veut vraiment que je fasse cela", souligne-t-il au CNA.
Le sport, un outil pour le combat spirituel
Entre ce sport parfois jugé brutal et la foi, aucune incompatibilité. Will voit au contraire dans sa discipline une métaphore du combat spirituel. "Le principe de la concupiscence – nous sommes attirés par le péché et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour le combattre. Je compare cela à une barre d’haltères et à la gravité", détaille-t-il. "Quand j’arrive sur la plate-forme d’haltérophilie, cette barre est au sol, et si je ne fais rien, elle reste au sol. Mais grâce à des efforts répétés au fil du temps, à travers beaucoup de difficultés, je parviens à faire décoller la barre du sol. Il en va de même pour un homme qui essaie de combattre le péché : il doit faire cet effort continu, cette ténacité dans un sens, pour maintenir la barre au-dessus du sol, pour s’empêcher de pécher." S'il ne sait pas s'il devra renoncer un jour à sa passion sportive, Will a décidé de faire confiance et sait que le Seigneur saura se servir de lui pour porter son message, où que ce soit. "Je n'ai pas besoin de savoir ce qui va suivre", conclut-il. "Nous le découvrirons le moment venu… Si Dieu le veut, cela arrivera." Et peut-être, qui sait, les Jeux olympiques accueilleront à Los Angeles leur tout premier athlète séminariste et haltérophile.