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Est-ce une bonne idée d’aller rendre visite à une maman à la maternité ?

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Morgane Afif - publié le 09/08/24
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C'était la visite incontournable aux jeunes mamans jusqu'à la pandémie de Covid conduise à fermer les portes des hôpitaux. Si les maternités accueillent de nouveau les visiteurs, la question se pose toujours : est-ce une bonne idée d'aller rendre visite à une maman à la maternité ?

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"Pour favoriser le repos et l’observation des besoins du nouveau-né, seul le co-parent est autorisé à venir en visite", annonce la maternité de l'Hôpital Necker-Enfants malades dans ses informations pratiques. Si les visites à la jeune accouchée et à son bébé étaient d'usage jusqu'à la crise sanitaire, elles ne constituent plus désormais de rite initiatique destiné à manifester le passage de la femme à la mère. Grands-parents, oncles et tantes des jeunes parents, cousins au premier ou au second degré : nombreux étaient ceux qui se précipitaient, à peine le bébé dépose dans son berceau, dans la chambre de la jeune mère pour rencontrer le nouveau-né. Passage obligé pour les nouveaux parents, il était jusqu'alors presque impossible de s'y soustraire, par crainte de dire "non" ou de heurter ses proches. La crise Covid a, depuis quatre ans, rabattu les cartes sur le sujet : nombreuses sont les maternités qui ont conservé leur protocole de restriction des visites après que de nombreux bienfaits ont été démontrés à ce sujet.

Les suites de couches : une période de vulnérabilité

Une étude publiée en 2022 et menée par trois sages-femmes sous la direction de deux chercheurs de la Haute École de santé de Genève et de l’université Paris-Saclay a ainsi démontré qu'une grande majorité de femmes se dit "satisfaite de la politique de restrictions de visites". Certaines femmes préfèrent interdire les visites à leurs proches, surtout quand le séjour en maternité est court et inférieur à trois jours, durée normale pour des suites de couches pour un accouchement par voie basse sans complication. Les jours qui suivent immédiatement l'accouchement sont d'ailleurs une période de grande vulnérabilité pour la jeune mère. Physiquement, déjà, avec les tranchées dont la douleur est comparable à celle des contractions, les lochies qui nécessitent un changement régulier de protection hygiénique, les courbatures liées à l'effort intense qu'elle a fourni pour mettre au monde son enfant, les saignements liés à une éventuelle déchirure ou épisiotomie, la mise à mal de son transit intestinal que la jeune mère préfère vivre dans l'intimité, ou encore sa montée de lait. Moralement, aussi, avec la chute d'hormones et le célèbre baby blues, courant sans être systématique. Ces maux, une jeune maman préfèrera peut-être y répondre seule, sans se sentir obligée de recevoir ses proches... plus ou moins proches.

La restriction des visites a aussi permis de mieux mettre en place l'allaitement pour les parturientes du premier confinement. C'est ce qu'a démontré une étude menée par Capucine Delemer, sage-femme, soulignant que " la restriction des visites en maternité a eu un impact positif sur les différents aspects de l’allaitement maternel". Moins stressé par les visites de personnes extérieures au couple parental, là où, avant le confinement, les bébés passaient souvent de bras en bras de personnes qui lui étaient inconnues, la perte de poids des nouveaux-nés a été significativement diminuée par l'interdiction des visites. "En effet, souligne la sage-femme, les mères paraissaient davantage reposées, moins sollicitées par les nombreuses visites et plus sereines ; des facteurs propices à la réussite de l’allaitement. Les nouveau-nés, quant à eux, semblaient plus calmes. Les allaitements se déroulaient alors plus sereinement."

Respecter ces quelques jours d'intimité

La mise en place de l’allaitement, pour celles qui le souhaitent et le peuvent, est aussi une période de vulnérabilité que la jeune mère peut préférer vivre avec son mari seulement. Si elles sont loin d’être systématiques, les crevasses ou irritations, surtout pour un premier allaitement, peuvent être si gênantes que la maman peut être plus à l’aise poitrine découverte. C’est d’ailleurs un bon moyen de favoriser le peau-à-peau, très bénéfique pour le bébé et le lien mère-enfant. Question pudeur, d’ailleurs, nombreuses sont celles qui ont besoin de quelques jours - voire semaines - de rodage, pour être à l’aise avant d’allaiter sereinement leur bébé en public : la visite des oncles et tantes, ou même des beaux-parents, n’est pas toujours la bienvenue à ce moment-là.

Le séjour à la maternité est, dans la majorité des cas, très court, surtout si la famille bénéficie d'une sortie anticipée 48 heures après l'accouchement : une durée nécessaire pour laisser aux jeunes parents le temps de se découvrir et découvrir leur enfant. La jeune mère, elle, n'a ainsi pas à se soucier de son apparence ni des remarques ou conseils non sollicités émis par ses visiteurs. Elle peut ainsi dormir et manger quand elle le souhaite pour se remettre de l’accouchement dont l’effort est comparable à celui fourni par un athlète lors d’un marathon, à jeun.

Quand les visites sont appréciables 

Tout, bien sûr, dépend de la façon dont les visites sont reçues et si elles sont proposées avec bienveillance ou imposées sans discrétion. Certains jeunes parents apprécieront la visite précieuse de leurs propres parents, souvent les bienvenus. Quelques-uns ont même la délicatesse d’arriver avec un repas, plus savoureux que ceux proposés par l’hôpital : de nombreuses mamans ont rêvé de sushis ou de fromages au lait cru pendant des mois. D’autres, encore, ont la bienveillance de rendre service quand le séjour à l’hôpital s’éternise : proposer de faire une machine et apporter du linge propre, apporter des fleurs ou du chocolat est un confort simple qui console beaucoup les jeunes parents parfois épuisés. Aux proches, alors, de demander aux parents si leur visite est souhaitée et bienvenue, sans craindre le non qui pousse à reporter de quelques jours une rencontre qui se fera alors dans de meilleures conditions pour tout le monde. Le mieux, finalement, c’est surtout de demander aux femmes ce qu’elles souhaitent : certaines préfèrent ne voir que leur mari et leurs enfants, d’autres se réjouiront de recevoir leurs parents, leur fratrie ou leur amis. 

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