Il peut paraître étrange de trouver l’espérance dans cette liste des petites vertus du quotidien. La deuxième des trois vertus théologales se serait-elle égarée avec ses petites sœurs ? Oui, l’espérance est une très grande vertu car son objet est Dieu lui-même, possédé éternellement dans le ciel. Mais cette vertu surnaturelle se décline tout au long de la vie en quantité d’actes de confiance en Dieu. Charles Péguy l’a souligné lui-même, en qualifiant l’espérance de "petite vertu" qui "tous les matins nous donne le bonjour".
L’espérance n’est pas une prévision, un pronostic, un calcul de probabilités. Espérer, selon le sens chrétien du terme, ce n’est pas être sûr du lendemain, c’est avoir confiance aujourd’hui, confiance en Dieu qui dirige les événements de notre vie et qui nous aime. L’espérance concerne l’avenir, mais elle tient tout entière dans le présent. Comme le rappelle l’Évangile, Dieu n’aurait pas appelé les hommes à la vie s’il n’avait pas prévu leur moyen de subsistance : "Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : que mangerons-nous ? que boirons-nous ? que quoi serons-nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. À chaque jour suffit sa peine."(Mt, 6, 38-34)
Ne pas s’inquiéter pour demain
Ne pas s’inquiéter pour demain mais s’occuper d’aujourd’hui, voilà la grande sagesse de la vertu d’espérance. En effet, l’espérance ne se fonde pas sur la sécurisation du lendemain. Par contre, elle procure la paix dans l’insécurité d’aujourd’hui. Elle permet de ne pas se focaliser sur demain, mais de rester concentrer sur aujourd’hui et de faire sereinement notre devoir d’état. Grâce à elle, l’avenir est confié à Dieu. Notre sécurité réside dans la certitude que Dieu nous aime. C’est en lui que nous espérons.
Espérance et confiance en Dieu soulagent l’inquiétude du lendemain qui est toujours nuisible et démoralisante. En effet, l’appréhension anticipe et grossit les difficultés mais ne les supprime pas. L’espérance n’est cependant pas synonyme d’imprévoyance. Si l’inquiétude est une faute qui sacrifie le présent à l’avenir, l’imprévoyance en est un autre qui sacrifie l’avenir au présent. Faisons confiance à Dieu pour demain, il sait mieux que nous ce qui est bon pour nous car il veut notre bien éternel. La vertu d’espérance nous délivre des craintes et nous rend capable de toutes les audaces. Vivons chaque jour dans l’espérance en répétant de vieil adage qui est à la fois une preuve de courage mais aussi une prière : à la grâce de Dieu !
Pratique