Un acte courageux. Fondatrice de la Maison de l’Europe de Rennes, Jeanne-Françoise Hutin, 85 ans, a écrit début mai au président de la République lui annonçant que si le projet de loi sur la fin de vie est votée, elle rendra sa légion d’honneur qu’Emmanuel Macron lui avait lui-même remis en mars 2019. "Je ne pourrais plus adhérer à cet Ordre de la Légion d’honneur, [|…] Cet ordre qui a toujours défendu les plus fragiles", écrit-elle. Cette loi "réintroduirait dans notre arsenal juridique un droit qui avait été retiré en 1981 : le droit de donner la mort", dénonce-t-elle.
"Cette loi a pour objet d’arrêter la vie, de tuer les personnes qui sont en situation de très grande fragilité, avec, de plus, des limites qui sont complètement floues… et on a vu dans les dernières années ce qui s’est passé quand les limites sont floues !", s'inquiète-t-elle dans un entretien accordé à Ouest France. Militante infatigable de la construction européenne, l’octogénaire exhorte le président de la République à "écouter les simples citoyens que nous sommes et qui sont au contact de la vraie vie, de celle qui est palpable et pas seulement de l’idée que se font les bien portants, de la vie lorsqu’elle se fragilise, et qui n’a rien à voir, avec ce que l’on croit savoir, lorsque le moment est venue !".
Une solide opposition au texte
Tandis que le projet de loi la fin de vie qui ouvre notamment le suicide assisté et l’euthanasie arrive à l’Assemblée nationale le 27 mai, de plus en plus de voix dénoncent le texte. De toutes parts, les oppositions à cette macabre réforme sociétale se font entendre, Église catholique en tête, mais pas seulement. Religions juive et musulmane, soignants et médecins, mais aussi personnalités publiques, politiques de tous bords… Le projet de loi, loin de rassembler, divise.