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Bénédiction des couples irréguliers : les questions qui demeurent

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Mathilde de Robien - publié le 05/01/24
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Dans un communiqué daté du 4 janvier, le dicastère pour la Doctrine de la foi a tenté d’éclaircir les modalités d’application de Fiducia supplicans, concédant notamment aux évêques le droit de ne pas appliquer le texte. Une précision qui soulève de nombreuses questions.

Une doctrine de l’Église qui ne s’applique pas de manière universelle. Des bénédictions autorisées dans certains diocèses mais pas dans d’autres. Une bénédiction non ritualisée. Alors que le communiqué publié le 4 janvier par le dicastère pour la Doctrine de la foi entendait éclaircir les modalités d’application de Fiducia supplicans, certaines questions demeurent encore en suspens.

Depuis sa publication le 18 décembre dernier, la Déclaration Fiducia supplicans autorisant les prêtres à accorder des bénédictions non liturgiques et non rituelles à des couples en situation irrégulière, notamment les couples divorcés engagés dans une nouvelle union et les couples homosexuels, a troublé plus d’un fidèle et essuyé un grand nombre de critiques de la part de responsables religieux du monde entier, notamment d’Afrique. En France, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, ainsi que neufs autres évêques et un administrateur apostolique de la province ecclésiastique de Rennes, ont émis de fortes réserves et ont engagé leurs prêtres à bénir, non pas les couples en situation irrégulière ou de même sexe, mais les personnes individuellement.

Un refus devra-t-il être justifié ?

Des prises de position qui ont précédé de peu un communiqué du dicastère pour la Doctrine de la foi publié le 4 janvier visant à éclaircir les conditions d’application de Fiducia supplicans. Précision majeure apportée par ce nouveau texte : il concède aux évêques le droit de ne pas appliquer la Déclaration, ou tout du moins d’en reporter la mise en œuvre dans certains diocèses. Sans revenir sur sa validité sur le plan doctrinal, le dicastère rend plus souple son application : "Les documents du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, tels que Fiducia supplicans, peuvent requérir, dans leurs aspects pratiques, plus ou moins de temps pour leur application selon les contextes locaux en fonction du discernement de chaque évêque diocésain dans son propre diocèse", stipule le nouveau document.

"Chaque évêque local, en vertu de sa fonction propre, a toujours le pouvoir de discernement in loco, dans ce lieu concret qu’il connaît mieux que d’autres parce qu’il s’agit de son troupeau. La prudence et l’attention au contexte ecclésial et à la culture locale pourraient admettre différentes modalités d’application, mais pas une négation totale ou définitive de ce chemin proposé aux prêtres", précise-t-il encore.

Cette liberté laissée aux évêques pose beaucoup de questions. Un évêque qui jugerait que le contexte ecclésial n’est pas favorable à ce type de bénédiction sera-t-il tenu de se justifier auprès du Saint-Siège ? Va-t-on vers une forme de "clause de conscience" pour les évêques ? À la différence qu’ici il ne s’agit pas d’enjeux éthiques mais spirituels et pastoraux.

Une doctrine qui ne s'applique pas de manière universelle

Si les évêques ont le choix de ne pas accorder ou de différer ces bénédictions, cela signifie qu'elles pourront être autorisées dans certains diocèses et pas dans d’autres. Une situation étrange et inédite, contraire à la notion d'universalité de l'Église et qui donnerait lieu à des manœuvres pour obtenir une bénédiction dans un diocèse où elle est autorisée. Cela interroge aussi sur l’aspect universel que revêtait jusqu’à présent la doctrine de l’Église catholique. Selon la CEF, "la doctrine est l’ensemble des affirmations ou explications qui constitue le contenu de la foi". Le fait qu’elle ne s’applique pas de manière universelle a de quoi troubler les fidèles.

Enfin, le terme même de "bénédiction" employé par le dicastère demande sans doute quelques éclaircissements. Dans le récent communiqué, le Saint-Siège souligne "la véritable nouveauté" de la Déclaration, à savoir l’invitation à distinguer deux formes différentes de bénédictions : "liturgique ou ritualisée" et "spontanée ou pastorale". Il s’agit là d’une nouvelle définition du mot "bénédiction", volontairement élargie par rapport à "la compréhension classique, étroitement liée à une perspective liturgique".

"Cette réflexion théologique implique un réel développement par rapport à ce qui a été dit sur les bénédictions dans le Magistère et les textes officiels de l’Église."

"Cette réflexion théologique, basée sur la vision pastorale du Pape François, implique un réel développement par rapport à ce qui a été dit sur les bénédictions dans le Magistère et les textes officiels de l’Église". Sa définition est plus étendue, mais le dicastère a néanmoins fait le choix de conserver le mot "bénédiction". Qu'est-ce qu'une bénédiction pastorale, par rapport à une bénédiction ritualisée ? L’une est-elle plus efficace que l’autre ? L’une a-t-elle plus de valeur que l’autre ? Le dicastère recommande de la limiter à 10-15 secondes. En quoi la durée d'une bénédiction importe-t-elle ? Le Saint-Siège encourage le développement d'une catéchèse pour faire comprendre ce nouveau type de bénédictions. Puisse-t-elle répondre aux questions légitimes que se posent bon nombre de fidèles.

 

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