Non loin des bords du Rhin, au cœur de la plaine d’Alsace, le clocher blanc de cette chapelle ne peut qu’attirer les regards. Le sanctuaire de Neunkirch, à Frisenheim, est aujourd’hui un lieu de retraite, havre de silence, mais aussi de procession. Les chrétiens, 40.000 chaque année, viennent ici prier la Vierge Marie, représentée par une statue qui a une histoire bien singulière.
La tradition orale raconte qu’un jeune berger, qui faisait paître ses bêtes dans les champs, trouva en ce lieu une petite statue de la Mère de Dieu. Sa principale caractéristique ? Une taille d’à peine 12 cm. En ivoire, elle tient dans une main le sceptre et dans l’autre l’Enfant-Jésus, qui lui-même montre avec son doigt la Parole de Dieu.
Chose étonnante – est-ce un signe du ciel ? – la statuette a eu beau être emmenée, pillée, déplacée, neuf fois selon la légende, elle est toujours revenue à son emplacement initial. "Neun", "neuf" en allemand, et "kirch", "église", ont ainsi été associés pour donner au sanctuaire son nom actuel : Notre-Dame de Neunkirch. La chapelle où l’on peut prier Marie a été construite en 1455, le tympan l’atteste, mais la première mention du nom date de 1290.
La Vierge Marie ne se lasse pas d’être disponible
Les historiens de l’art estiment, au-delà de la tradition, que la statue est de tradition parisienne et daterait vraisemblablement du XIVe siècle. Peu importe pour les fidèles. Le visage serein de la Mère du Sauveur, quelle que soit sa facture, est baume sur les âmes des disciples du Fils. Plus encore, la légende des retours persévérants de la statuette à son emplacement est vraie à défaut, probablement, d’être exacte.
Elle exprime en effet une réalité : la Vierge Marie ne se lasse pas d’être disponible à la prière de ceux qui, par elle, désirent avoir accès à Jésus. N’a-t-elle pas dit, rue du Bac, en 1830, que les grâces étaient accordées par son intercession…mais que les chrétiens ne les demandent pas assez ? Pourtant, elle demeure toujours disponible, contre vents et marées, à Neunkirch comme ailleurs.