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Il y a trois ans, Youri commence à s’intéresser aux abeilles. Il est désireux de pouvoir offrir à sa famille un miel de qualité, denrée si précieuse aujourd’hui. Muté à Strasbourg, il a la chance de s’installer dans une maison et décide de se lancer dans l’aventure apicole. Il est rapidement rejoint par deux amis et bientôt trois ruches s’installent dans son jardin. Les trois camarades sont heureux de partager cette réjouissante activité qui, au fil du temps, les enthousiasme beaucoup plus qu’ils ne l’auraient imaginé.
Youri et ses amis bénéficient de l’aide et des conseils d’un ami prêtre, apiculteur, qui a déjà plusieurs années d’expérience derrière lui. Il leur recommande la lecture du livre de l’abbé Warré, L’apiculture pour tous, qui présente une méthode extrêmement simple, en lien avec la ruche imaginée par ce grand apiculteur du XXe siècle.
La mise en application concrète du Bien commun
Tout le monde peut se lancer dans l’apiculture, estime Youri, car cette occupation ne demande pas trop de temps et elle n’est pas trop technique, surtout avec la ruche Warré qui ne nécessite pas un matériel très perfectionné. Cependant, précise-t-il, il faut s’y appliquer de manière sérieuse et réfléchie car les abeilles sont des êtres vivants dont on a la charge. Il faut les accompagner dans leur développement et respecter leurs besoins. Si l’on craint de débuter seul, il est possible de se rapprocher d’une association d’apiculture. Il en existe partout, et leurs membres sont toujours heureux d’accueillir et d’encourager les nouveaux.
La principale activité de l’apiculteur consiste à observer ses ruches. C’est pour cela, pense Grégor, un des camarades de Youri, que l’apiculture développe l’esprit contemplatif et ouvre une dimension spirituelle dans la perception de la nature. Progressivement, on est fasciné par le monde mystérieux des abeilles. Dans une ruche, il y a deux niveaux d’existence : un niveau collectif, l’essaim, et un niveau individuel, les milliers d’abeilles qui le composent. On a l’impression que l’essaim a sa conscience propre. Parfois, il se met à agir, mais on ne comprend pas d’où vient l’impulsion qui le pousse. Comme l’écrit l’abbé Warré, la vie de l’abeille au sein de la colonie est l’exemple le plus abouti de la mise en application concrète du Bien commun : les abeilles sont toutes entières données à la colonie, de la reine à la jeune ouvrière.
La passion de la contemplation
L’abeille reste toujours un animal sauvage, même si l’homme lui apporte le gîte et un suivi sanitaire. En échange de cette protection, elle lui offre l’excédent de sa production de miel. Ainsi, avec l’apiculture, l’homme ne conserve pas la première place qu’il a souvent tendance à s’attribuer. Il devient le serviteur d’un petit insecte dépositaire d’une immense richesse : sa capacité à élaborer un des meilleurs produits naturels qui soient.
Pour qui se lance dans l’aventure, l’apiculture devient toujours une passion qui trouve sans doute son origine dans la contemplation sans fin d’un mystère insondable. Mais ce n’est pas une passion stérile ou égoïste. Au contraire, c’est une passion qui fait sortir de soi-même, car l’apiculteur, en se mettant au service des abeilles, ressent puissamment le lien profond qui le fait pleinement participer à la Création.