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800.000 soignants se lèvent contre l’euthanasie

HANDS HOSPITAL
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Bérengère de Portzamparc - publié le 17/02/23
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Alors que les participants de la Convention sur la fin de vie se réunissent du 17 au 19 février pour leur sixième session, ce sont 800.000 soignants qui signent un texte affirmant haut et fort leur refus de participer à l'aide active à mourir.

C’est une fin de semaine chargée pour les questions de fin de vie. Alors que les 184 participants à la Convention sur la fin de vie se réunissent à partir du 17 au 19 février pour leur sixième session avant la restitution en mars de leurs propositions sur l’euthanasie, 13 organisations professionnelles et sociétés savantes, qui représentent par moins de 800.000 soignants, viennent de signer et de rendre public un texte qui rejette cette pratique "incompatible" avec le métier du soin. Ils le clament haut et fort, ils refusent de participer à une aide active à mourir.

Un glissement éthique majeur

"Réflexions éthiques interprofessionnelles sur les perspectives de légalisation de l’assistance au suicide et de l’euthanasie et leurs impacts possibles sur les pratiques", c’est ainsi que s’intitule le document qui a été publié ce vendredi 17 février et commence à avoir un important retentissement, tant la démarche est inédite et surtout conséquente, au vu du nombre de soignants signataires. Parmi eux, le Conseil national professionnel infirmier (CNPI), qui représente près de 700.000 infirmières et infirmiers généralistes, auquel s’associent les professionnels du grand âge (CNP gériatrie, SFGG, MCoor), des professionnels de l’oncologie (Afsos, Société française du cancer, Unicancer) ainsi que la Sfap et la Société française de soins palliatifs pédiatriques notamment. 

Une telle légalisation conduirait immanquablement à un glissement éthique majeur.

Dans ce document disponible en ligne, les soignants rappellent notamment que l’interdit de tuer est à la fois gravée dans le serment d’Hippocrate, le code de la santé publique et le code pénal. En guise d'introduction, ils indiquent ainsi qu'une "telle légalisation conduirait immanquablement à un glissement éthique majeur. La mise en œuvre de garde-fous législatifs, manifestement provisoires en raison de la force du principe d’égalité, comme rappelé par le CCNE, ne parviendrait pas, à terme, à endiguer les menaces que l’injonction de mort ferait peser sur les personnes les plus vulnérables, ce que l’on observe aujourd’hui dans tous les pays ayant légalisé l’euthanasie". On se saurait être plus clair ! Et de citer encore les publics vulnérables "trop largement absents des réflexions menées : enfants, personnes dépendantes, personnes atteintes de troubles cognitifs ou psychiatriques, personnes en situation de précarité, etc".

Laisser le monde du soin à l’écart de la mort administrée

C'est à la suite de la publication de l’avis du Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE), le 13 septembre 2022, que ces sociétés savantes ont décidé de se concerter après enquête auprès de leurs adhérents. L'avis du CCNE "acte un changement majeur d’approche en envisageant une légalisation d’une forme de mort médicalement administrée. Cette recommandation, proposée au nom de la primauté nouvelle du principe d’autonomie sur le principe de solidarité, questionne fondamentalement la pratique et l’éthique soignantes", explique ainsi le rapport. 

"Dans un contexte d’extrême fragilité de notre système de santé et de remise en cause structurelle de ses fondements, il apparaît que l’urgence serait de pouvoir mettre à la disposition de tout citoyen des soins de qualité, y compris dans l’accompagnement des personnes en fin de vie", insistent les soignants. "Considérer comme prioritaire la mise en œuvre de la mort médicalement administrée en réponse à une demande sociétale serait susceptible de davantage fragiliser des équipes soignantes confrontées au quotidien à des décisions complexes" estiment-ils encore, eux qui décrivent des situations concrètes et vécues, loin d'un débat abstrait ou philosophique.

Si dans ce texte, les soignants indiquent qu’ils "continueront d’accompagner toutes les personnes soignées de manière inconditionnelle", ils appellent toutefois le législateur à "adopter une lecture systémique et de long terme” en améliorant “significativement le cadre d’accompagnement des personnes en fin de vie, tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif”. Enfin les professionnels du soin demandent au Gouvernement et aux Parlementaires, s’ils décident de faire évoluer la loi, "de laisser le monde du soin à l’écart de toute implication dans une forme de mort administrée".

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