Les églises d’Alep sont pleines à craquer. Ce n’est pas pour y célébrer la messe mais pour y recueillir les milliers de rescapés qui ont survécu au séisme qu’elles ont ouvert grand leurs portes. Dans la nuit du 5 au 6 février, le chaos s’est abattu sur cette région du nord-est de la Syrie et voisine de la Turquie, où se trouve l’épicentre du tremblement de terre - considéré comme le plus violent depuis plus de vingt ans. Selon le dernier bilan, plus de 1.700 personnes sont mortes en Syrie, ensevelies sous les gravats, et plus de 6.000 dans les deux pays. Après la stupeur, la Syrie, encore sous le choc, s'organise. Les différentes Églises chrétiennes présentes sur place, notamment à Alep, sont en première ligne de cette opération d’aide humanitaire.
Les églises, salles paroissiales et les couvents sont utilisés pour pouvoir y faire dormir les rescapés, fidèles à leur tradition d’accueil. "Les différentes églises sont bondées, il faut compter entre 1.000 à 1.500 personnes qui y dorment, les gens sont entassés les uns sur les autres", explique à Aleteia Jean-Rémi Méneau, chef de mission en Syrie avec l’ONG SOS chrétiens d’Orient. Parmi les édifices chrétiens qui accueillent les victimes, la cathédrale grecque orthodoxe de Saint-Elie, le couvent des salésiens ou encore l’église syriaque orthodoxe saint Ephrem. "Certains ont passé la nuit dans leurs voitures car ils avaient trop peur de nouveaux tremblements de terre, qui pourraient mener à d’autres effondrements" poursuit Jean-Rémi.
Les Syriens esseulés face au drame
Aux côtés des églises, écoles, mosquées et autres structures encore debout font elles aussi office de centres d’accueil. Depuis le Liban, plus de 5.000 couvertures ont été acheminées jusqu’à Alep, où l’hiver, comme dans toute la région, sévit. Les températures sont très fraîches, et la pluie tombe régulièrement.
Sur place, la communauté chrétienne encore présente à Alep reste démunie face à un tel cataclysme. "Plus de dix ans de guerre civile, une crise économique sans précédent, et maintenant ce séisme… la Syrie ne trouve aucun répit", regrette Jean-Rémi. Les Églises de Syrie ne sont pas plus armées pour aider la population, d’autant que les sanctions internationales contre la Syrie ne permettent pas d’acheminer l’aide humanitaire nécessaire, envoyée essentiellement à la Turquie.