Le 6 novembre, s'est ouverte à Charm el-Cheikh en Égypte la 27e conférence des parties (COP 27) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). La conférence se déroule dans ce pays controversé en raison de son attitude à l'égard des droits de l'homme. C'était au tour du continent africain d'organiser cette année ce rassemblement annuel et l’Égypte a été le seul candidat pour le prendre en charge.
Cela dit, il est pertinent que ce sommet se tienne en Afrique qui est aujourd'hui le plus vulnérable aux effets du changement climatique. D'après le Groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat (GIEC), 100 millions d'Africains sont directement menacés par le réchauffement climatique à l'horizon 2030. Les États de ce continent espèrent ainsi être entendus, notamment sur leurs demandes de dédommagement des préjudices causés par le dérèglement du climat. Tous les pays du Sud devraient d'ailleurs leur emboîter le pas car tous considèrent qu'ils sont les plus frappés par les conséquences du réchauffement climatique, alors même qu'ils en sont les moins responsables en raison de leur retard de développement.
Les pays riches se font tirer l’oreille
Dès le début de la conférence, Munir Akram, ambassadeur auprès de l'ONU du Pakistan, pays soumis actuellement à des inondations historiques, et également porte-parole du G77 rassemblant les États les plus pauvres de la planète a déclaré en ouverture des débats : "On jugera du succès ou de l'échec de la COP 27 sur un éventuel accord concernant la facilité de financement des pertes et dommages."
La promesse faite par les pays du Nord de porter à 100 milliards de dollars par an, à partir de 2020, leur aide à leurs homologues du Sud n'est toujours pas tenue.
Or, rien n'est moins sûr car les besoins se comptent en "milliards de milliards" comme l'a indiqué Michai Robertson au nom de l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS) dont plusieurs sont menacés de disparaître sous l'effet de l'élévation du niveau de la mer et des submersions marines. Et l'expérience prouve que les pays riches se font tirer l'oreille quand il s'agit de mettre la main au portefeuille : la promesse faite par les pays du Nord de porter à 100 milliards de dollars par an, à partir de 2020, leur aide à leurs homologues du Sud n'est toujours pas tenue.
Il faut dire, sans que cela ne les dédouane complètement, que les États développés sont eux aussi, et de plus en plus, soumis aux aléas climatiques avec des conséquences jusqu'ici inconnues, du moins dans leurs proportions et leur fréquence : que l'on songe aux tornades qui viennent de toucher les États-Unis ainsi que les épisodes de sécheresse et les incendies de forêts qui ont ponctué l'actualité estivale en Europe. Dans les Alpes, l'année 2022 a représenté un record absolu en matière de fonte des glaciers avec une réduction d'épaisseur de 3 à 4 mètres. Les Européens, plus que les Américains sans doute, en sont bien conscients, même s'ils n'ont pas boudé leur plaisir devant les journées exceptionnellement ensoleillées du mois d'octobre écoulé. Pour autant, pour beaucoup d'entre eux, leur esprit est ailleurs avec la guerre en Ukraine et le risque, encore théorique, d'un engrenage nucléaire ou celui, plus réel, d'une augmentation des prix de l'énergie alors que l'hiver va bien finir par s'installer.
Une faible prise de conscience
Une fois de plus, entre en confrontation la fin du monde et la fin du mois, ce que fustige Antonio Gutteres, secrétaire général de l'Organisation des Nations-unies, qui estime que la crise climatique est passée au second plan. De fait, indépendamment des soucis et des priorités de chacun, force est de constater que les objectifs fixés par les Accords de Paris en 2015 ne sont pas tenus et ne semblent pas pouvoir l'être dans un avenir proche, laissant augurer d'un réchauffement du climat de 2,4° d'ici la fin du siècle par rapport au début de l'ère industrielle, contre les 2° voire les 1,5° auxquels les signataires de l'accord s'étaient engagés. La prise de conscience des enjeux climatiques n'est finalement peut-être pas aussi grande qu'imaginée, et il faudra manifestement d'autres méthodes que celles utilisées récemment par les "écoterroristes" dans nos campagnes et les "éconoclastes" dans nos musées pour convaincre une opinion publique moins rétive que déboussolée.