"Car il me protégera dans son tabernacle au jour du malheur, Il me cachera sous l'abri de sa tente; Il m'élèvera sur un rocher." Ce 27e psaume est le maître-mot de l’association Sacred Tent, qui se donne pour mission de fournir gîte, couvert, mais aussi affection et vie de prière aux plus pauvres et aux plus démunis. Cette organisation met à disposition des résidences pour les sans-abri dans la banlieue de Chicago, et regroupe des familles prêtes à intégrer entièrement dans leur quotidien des personnes isolées, ayant souvent vécu dans la rue. Il s’agit de "Maisons catholiques ouvrières d’hospitalité", un dispositif mis en place par Dorothy Day en 1933. Dorothy Day était une journaliste américaine, au passé anarchiste, convertie au catholicisme et devenue Servante de Dieu pour son témoignage de foi et son œuvre sociale.
Toni et Nick Baier font partie de cette communauté des "Catholic Workers" depuis près de quatre ans. Ils ont quatre enfants, bientôt cinq, et ont offert l’hospitalité à douze personnes en tout depuis qu’ils ont ouvert les portes de leur maison à des personnes sans domicile. "Nous nous sommes dit que si nous vivions pleinement cette vie de famille à la maison, nous pourrions inviter des personnes seules à la partager", explique Toni, la mère de famille, de la même façon que Dorothy Day qui "désirait vraiment traiter les gens comme s'ils étaient eux-mêmes le Christ".
Le couple, qui avait déjà vécu une mission humanitaire de trois mois, s’est rapidement senti appelé à "vivre un style de vie radical d’hospitalité". Ils accueillent pour une durée provisoire (deux ans maximum) les personnes qui en ont besoin, et travaillent à les "remettre sur pied" en leur fixant des objectifs professionnels. "Au moment où nos invités partent, ils doivent être indépendants, avoir leur propre appartement, leur propre voiture et un emploi durable", explique Toni à Aleteia.
Nous considérons que ce rythme familial que nous leur offrons est bien plus important que les choses matérielles.
Une relation qui suppose une confiance mutuelle entre hôtes et personnes accueillies. Pour autant, l’inclusion d’un sans-abri fait l’objet d’une procédure bien huilée, surtout lorsque des enfants font partie de la famille d’accueil : "une fois que la personne concernée postule, nous prenons un premier repas avec elle, puis, si nous sommes tous à l’aise les uns avec les autres, nous procédons à une vérification de ses antécédents".
Ensuite, l’invité pose ses bagages et intègre la vie de famille : repas, jeux, tâches ménagères et corvées, mais aussi et surtout moments de prière en commun… "Nous considérons que ce rythme familial que nous leur offrons est bien plus important que les choses matérielles (...) nos invités ne sont pas un numéro, ils font partie intégrante de notre foyer", estime le couple.
Une mission nécessaire et qui a vocation à prendre de l’ampleur selon eux, car "l'Église a besoin de plus de maisons d'accueil pour les paroissiens ou les membres de la communauté âgés, seuls et nécessiteux. Sainte Thérèse d’Avila l’a dit : “le Christ n’a pas d’autre corps sur terre que le vôtre, ni d’autres mains que les vôtres, ni d’autres pieds que les vôtres. C’est par vos yeux que s’exprime la compassion du Christ pour le monde ; par vos pieds qu’il s’en va faire le bien ; par vos mains qu’il va bénir aujourd’hui l’humanité”".