Sur la route d’Emmaüs, l’une des plus belles rencontres de la foi

C’est sur cette route d’Emmaüs nommée également Amwas ou encore Nicopolis, route menant de Jérusalem au village du même nom, Emmaüs, que le Christ apparut trois jours après sa crucifixion à deux de ses disciples, le jour même du dimanche de la Résurrection. Cette déroutante rencontre se trouve relatée par l’évangéliste Luc  (Lc 24, 13-16) :

Le texte de la Bible fait preuve d’une étonnante précision puisque nous apprenons de lui non seulement le jour exact – le jour même de la Résurrection - mais aussi la distance parcourue  par cette route menant précisément de Jérusalem à Emmaüs : deux heures de marche précise l’évangéliste. Le texte souligne surtout  l’aveuglement des deux disciples en marche ne reconnaissant pas le Maître ressuscité, leur émoi après les évènements de la Passion étant plus fort que leur foi… Jésus feint cependant d’ignorer ce qui vient de se dérouler dans les heures précédentes à Jérusalem et les interroge alors qu’ils cheminent ensemble sur cette fameuse route d’Emmaüs :

Les pèlerins poursuivent leur témoignage avec de nombreux détails sur ces dernières heures, comment les femmes sont allées au tombeau, l’ont trouvé vide et même sont persuadées d’avoir vu un ange leur annonçant la Résurrection du Christ. Mais ils conclurent par ces mots lourds de leur incroyance : "Mais lui, ils ne l’ont pas vu."… 

Tout en continuant à marcher avec eux sur cette route vers Emmaüs, Jésus n’hésite pas alors à bousculer leur foi en berne et va même jusqu’à les apostropher vivement : 

Suit alors une véritable lectio divina de la part de Jésus pour ses disciples, une interprétation dans toute l’Écriture de ce qui le concernait, n’hésitant pas à partir de Moïse et des Prophètes tout en marchant avec eux. On imagine sans peine la chaleur qui devait gagner le cœur des pèlerins au fil des kilomètres accomplis avec Jésus, chaque pas sur cette route les menant  non seulement vers Emmaüs mais aussi et surtout vers l’éveil complet de leur foi. 

Cette route, parmi les plus importantes de la Bible, trouve son point culminant à Emmaüs même, terme de ce voyage éblouissant. Jésus feint de poursuive sa route mais ses disciples l’en dissuadent et l’invitent à partager le repas du soir avec eux dans une auberge. Quittant alors la route pour une pause salvatrice, c’est en fait leur foi qui va être nourrie par ce singulier souper représenté par les plus grands artistes tel le fameux tableau peint par Le Caravage, toile qui évoque le mieux l’intensité de cet évènement que nous relate l’évangéliste Luc (Lc, 24, 30-31) :

Bouleversés par cette divine rencontre, les deux disciples n’ont dès lors qu’une seule idée : faire le chemin inverse en direction de Jérusalem afin de partager avec les autres disciples cette joie d’avoir cheminé avec le Christ Resuscité sur le route d’Emmaüs.

Que reste-t-il aujourd’hui de cette antique route d’Emmaüs ? Situé par les archéologues à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Jérusalem, entre les monts de Judée et la vallée d’Ayalon, le lieu de nos jours n’offre guère que les restes archéologiques d’une antique basilique byzantine. Le reste du site a, en effet, été rasé après la guerre des Six Jours et sa population dispersée, un parc de loisirs y a été installé, des siècles après cette incroyable rencontre sur la route d’Emmaüs…