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“L’exclusion des migrants est criminelle”, déclare le Pape

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I.Media - publié le 09/10/22
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A l'occasion de la messe de canonisation des bienheureux Artemide Zatti, laïc salésien argentin infirmier, et Jean-Baptiste Scalabrini, évêque italien qui fonda une congrégation en charge des personnes migrantes, ce dimanche 9 octobre 2022, le pape François a déclaré l’exclusion des migrants "criminelle".

Inspiré par les parcours de vie des bienheureux Scalabrini et Zatti, le pape François a improvisé une partie de son homélie pour dénoncer la façon dont le monde traite aujourd’hui les personnes migrantes. "Aujourd’hui, le jour où Scalabrini devient saint, je voudrais penser aux migrants", a-t-il confié, avant de condamner sévèrement : "L’exclusion des migrants est criminelle : on les fait mourir devant nous, et ainsi, aujourd’hui, nous avons la Méditerranée qui est le cimetière le plus grand du monde".

Et d’insister : "L’exclusion des migrants est immonde ; c’est un péché ; c’est criminel […]. Nous les renvoyons plus loin, dans des camps, où ils sont exploités et vendus comme des esclaves". Il a alors posé la question aux milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre : "Ceux qui sont en capacité d’entrer, les recevons-nous comme des frères ou les rejetons-nous ?".

Évoquant brièvement la situation en Europe de l’est, le pape François a souligné que l’émigration des Ukrainiens qui fuient la guerre "fait beaucoup souffrir" et "nous pousse à ouvrir le cœur". Il a encore demandé de ne pas oublier "l’Ukraine martyrisée".

Voir aussi dans l’émigration un "dessein de la Providence" 

Esquissant dans son homélie quelques mots sur Mgr Scalabrini, ce pasteur italien devenu évêque de Plaisance à l’âge de 36 ans, le pontife argentin a rappelé que celui qui fonda une congrégation – féminine et masculine – pour le soin des émigrés affirmait qu’il ne fallait pas seulement voir dans les vagues d’émigration "des problèmes mais aussi un dessein de la Providence".

Le pontife argentin a alors cité un écrit de cet évêque : "C’est justement à cause des migrations forcées par les persécutions que l’Église a dépassé les frontières de Jérusalem et d’Israël et est devenue ‘catholique’ ; grâce aux migrations d’aujourd’hui, l’Église sera un instrument de paix et de communion entre les peuples".

Pour le pape François, qui a multiplié les appels en faveur de l’accueil des migrants depuis le début de son pontificat, leur réservant même son premier déplacement sur l’île de Lampedusa en juillet 2013, Mgr Scalabrini a été prophétique. "Il regardait en avant, vers un monde et une Église sans barrières, sans étrangers", a-t-il assuré.

Quelques mois avant sa mort en 1905, l’évêque italien avait proposé la création d’une Commission centrale pour tous les migrants, que beaucoup considèrent comme l’organe précurseur de la Commission pontificale pour la pastorale de la migration et du tourisme, créée en 1970. Aujourd’hui, cet organisme est devenu la section Migrants et Réfugiés du dicastère pour le Service du développement humain intégral.

Artemide Zatti, un "exemple vivant de gratitude"

Accordant ensuite quelques mots au frère salésien Artemide Zatti, le pape François a vu en lui "un exemple vivant de gratitude". Cet Italien, qui émigra avec sa famille vers l’Argentine à l’âge de 17 ans, contracta trois années plus tard la tuberculose. Une fois guéri, "il a consacré toute sa vie à gratifier les autres, à soigner les malades avec amour et tendresse", a souligné le pontife, ajoutant que son compatriote, "plein de gratitude pour ce qu’il avait reçu […], voulut dire son "merci" en prenant sur lui les blessures des autres".

La veille, lors d’une audience accordée aux membres de la famille salésienne venus assister à la canonisation, le pape avait souligné "l’héroïsme de Zatti" qui, dans les hôpitaux de la région de Rio Negro, sur la côte est de l’Argentine, avait fait de ces centres de santé des "lieux d’irradiation de l’amour de Dieu, où le soin de la santé devint expérience de Salut".

La crainte du pape de voir une Église qui exclut

Dans son homélie, le pape François a par ailleurs insisté sur la nécessité pour les chrétiens de savoir "marcher ensemble", c’est-à-dire, de savoir vivre la synodalité. "Demandons-nous dans quelle mesure nous sommes réellement des communautés ouvertes et inclusives envers tout le monde ; si nous sommes capables de travailler ensemble, prêtres et laïcs, au service de l’Évangile", a-t-il interrogé, alors que le Synode sur la synodalité qu’il a lancé l’an passé entame sa phase continentale ce mois-ci.

Dans ce contexte, François a demandé si "nous avons une attitude d’accueil […] envers ceux qui sont loin et envers tous ceux qui s’approchent de nous, ne se sentant pas à la hauteur à cause de leurs parcours de vie mouvementés". Il a fait part de ses craintes : "J’ai peur quand je vois des communautés chrétiennes diviser le monde entre les bons et les mauvais, entre les saints et les pécheurs : c’est ainsi qu’on finit par se sentir meilleurs que les autres et écarter nombre de ceux que Dieu veut embrasser".

Lancé en octobre 2021, le Synode sur la synodalité veut rendre l’Église plus participative et accueillante, moins centralisée et cléricale. Dans les premiers mois, tous les diocèses du monde ont été invités à faire remonter les désirs du "Peuple de Dieu" pour l’Église de demain. 112 conférences épiscopales sur 114 ont envoyé à Rome leur synthèse. Dans la deuxième quinzaine d’octobre, un document pour l’étape continentale sera diffusé. Chaque continent sera chargé d’organiser son assemblée avant le 31 mars 2023. La dernière phase du Synode se déroulera à Rome en octobre 2023.

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