"Jésus suffit", rétorquent certains chrétiens aux dévots de la Vierge Marie. Auraient-ils raison ? Pourquoi s'attacher à la Vierge ? La dévotion mariale ne fait-elle pas double emploi avec notre amour pour son Fils ? Si oui, pourquoi ne pas aller au plus court et en se concentrant sur Jésus sans passer par la case "Marie" ? Que nous apporte de plus notre affection pour sa mère ?
En fait, à l'école de la Vierge Marie, le croyant s'adoucit. Il intériorise avec plus de facilité les mœurs évangéliques. Le péché a laissé en nous des traces de violence qu'il serait imprudent de sous-estimer. L'attachement spirituel à Marie, à Celle sur qui le péché n'a jamais eu de prise, assouplit en nous ce qui est raide, redresse ce qui est tordu, corrige ce qui est rigide dans le sens d'une plus grande compréhension des autres. Bref, la dévotion mariale nous rend plus aimables ! C'est là un aspect à ne pas négliger dans la démarche d’évangélisation. Comment amener nos semblables au Christ si nous présentons un visage fermé, butté, si nous ne leur donnons pas envie de nous adresser la parole ?
Le génie féminin personnifié
Prier la Vierge avec persévérance, c’est aussi être assuré de devenir plus chaste, c’est-à-dire plus respectueux du mystère et de l’unicité de notre prochain. Surtout, en s'attachant à Marie, le chrétien comprend de l'intérieur les fruits du salut. Elle est la créature la mieux sauvée de l'humanité. Aussi, en la contemplant, le croyant prend-il la mesure des effets de la rédemption que nous a acquise Jésus. Certes, le Christ reste le modèle insurpassable du chrétien. Mais pourquoi nous priverions-nous de la joie procurée par l'affection pour la femme telle qu'elle est sortie des mains de Dieu au matin de sa splendeur originelle ? Surtout quand on sait que cet amour est partagé et que celui que nous porte la Bénie est mille fois plus intense à notre endroit que le nôtre !
La dévotion mariale nous permet de saisir le génie féminin mieux que n'importe quelle philosophie.
Car Marie est la version féminine parfaite du salut. "Homme et femme Il les créa" dit la Bible au sujet de la création du genre humain. La différence homme-femme n'est pas une vue de l'esprit de l'ordre patriarcal ! Elle est inscrite dès l'origine dans la nature humaine. Ce qui signifie que la femme n'est pas l'homme et vice versa. Or, la dévotion mariale nous permet de saisir le génie féminin mieux que n'importe quelle philosophie. Et ce ne sont pas les gros yeux de certaines féministes qui dénoncent l' "essentialisation" de la femme (c’est-à-dire les stéréotypes véhiculés sur elle) qui nous feront renoncer à louer et aimer la beauté et la bonté attachées au sexe féminin. "L'éternel féminin nous tire vers le haut" n'avait pas peur de chanter Goethe à la fin de son Faust. Oui, en contemplant la Vierge, le croyant pénètre dans une dimension du créé dont il faudrait être insensé pour se priver une fois qu'on l'a découverte ! La dévotion mariale est une pédagogie très efficace pour comprendre les dimensions de la Création et de la Rédemption.
Une éducatrice hors pair
Enfin, prier Marie, c’est avoir souci de ceux qui sont loin de l’Église et de Jésus. Dans les apparitions de Lourdes et de Fatima, la Vierge insiste pour que nous priions pour les pécheurs. De la sorte, elle nous éduque au souci des autres, à nous décentrer de nous-mêmes et à appréhender, autant que faire se peut, l’infinité de la miséricorde divine. Ainsi, s'attacher à Marie a des incidences à la fois pratiques et spirituelles, les unes n'allant d'ailleurs jamais sans les autres. Marie est notre mère dans l'ordre de la grâce et notre sœur aînée dans la foi : ces deux titres la désignent comme l’éducatrice hors pair pour nous initier aux mystères chrétiens.