Après sa conversion, en 1886, Charles de Foucauld désire occuper la dernière place, ne se sentant pas digne d’être prêtre ni d’imiter Jésus dans sa vie publique. C’est plutôt la vie cachée de Nazareth qui l’attire. C’est la raison pour laquelle il entre à la Trappe. Mais il y trouve la vie trop douce, pas assez pauvre à son goût, lui qui a été marqué par l’obscurité du village de Nazareth où il s’est rendu durant son pèlerinage en Terre sainte avant son entrée chez les cisterciens. Aussi finit-il par quitter cet ordre religieux. Il retournera d’ailleurs à Nazareth avant d’aller au Sahara où il se fera tout à tous.
De la solitude à l’exposition à tous
C’est dans le désert qu’il découvrira sa vocation profonde. Essayons de percer le secret de l’ermite de Tamanrasset. Au départ, il y a l’appel de la vie cachée de Nazareth. Cependant, cette vie doit se nourrir de contemplation et de prière. C’est pour cette raison que Charles sera un fervent adorateur de l’Eucharistie. Cette exposition devant Jésus le configurera de plus en plus à son maître.
Cependant, Charles franchit un pas supplémentaire avec sa spiritualité d’abandon à la volonté de Dieu. Nous connaissons tous sa prière Père, je m’abandonne à toi : elle fut écrite à la Trappe, longtemps avant son séjour au désert. Le secret de Charles de Foucauld tient en effet dans l’abandon à la volonté de Dieu : "Notre anéantissement est le moyen le plus puissant que nous ayons de nous unir à Jésus et de faire du bien aux âmes, c’est ce que saint Jean de la Croix répète presque à chaque ligne" écrit-il à Marie de Bondy, quelque temps avant d’être assassiné en 1916.
Comme Jésus, il accueillera tous ceux qui viendront à lui.
Par cet abandon, Charles se rend disponible à l’Esprit saint. Aussi est-ce de l’intérieur de cette disponibilité spirituelle qu’il finira par rejoindre les Touaregs et deviendra de la sorte le frère universel. Comme Jésus, il accueillera tous ceux qui viendront à lui. Si bien que son abandon à Dieu le conduira de la solitude à la rencontre de ses frères touaregs dont il étudiera la culture avec grand intérêt. Le trappiste ascétique se métamorphosera en chercheur des autres. C’est sûrement cet aspect de son existence qui fascine le plus notre époque.
L’homme qui révolutionna la mission
Charles de Foucault est l’incarnation vivante de la loi qui veut que donner tout à Dieu, loin de nous couper de nos semblables, nous ouvre au contraire à eux dans des proportions que nous n’aurions jamais imaginées. Telle est l’actualité du Frère Charles et le motif profond de la joie éprouvée par les chrétiens à l’annonce de sa canonisation : l’évangélisation par la bonté, la dénonciation des injustices, par le partage de la vie de ceux auxquels on apporte le Christ, mais plus encore de ceux auxquels le Christ nous conduit, par l’intérêt pour leur culture. L’ermite de Tamanrasset n’a pas fini de susciter des vocations missionnaires !