Quand le procès en béatification du père Jacques Hamel va-t-il aboutir ? "Son dossier est désormais dans la pile de ceux sur lesquels la Congrégation pour la cause des saints se penche", explique à Aleteia le père Paul Vigouroux, vice-postulateur de la cause de béatification du père Jacques Hamel. "Le processus suit son cours." Ce fameux dossier de près de 11.500 pages a été remis au Vatican le 10 avril 2019 par Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, et une délégation du diocèse. Il comprend notamment 600 pages d’auditions des témoins, des documents sur la vie et le ministère du père Jacques Hamel ainsi que plus de 5.000 pages d’homélies rédigées par le père Hamel.
Un dossier de 11.500 pages
"Nous avons travaillé rapidement car nous devions recenser le plus rapidement possible les témoignages des témoins oculaires, c’est-à-dire qui ont été témoins de ce qu’il s’est passé ce 26 juillet 2016 dans l’église", reprend le père Paul Vigouroux. C’est à peine deux mois après l’assassinat du père Jacques Hamel que le pape François a autorisé la mise en route de la procédure en vue de la béatification du père Jacques Hamel comme martyr, dispensant ainsi du délai habituel de cinq ans entre l’événement et l’ouverture du procès canonique.
Rapidement, le 20 mai 2017, le diocèse de Rouen ouvre officiellement le procès en vue de la béatification du père Hamel, "présumé assassiné en haine de la foi catholique". En vingt-deux mois donc, 66 sessions se sont succédées afin d’auditionner notamment les cinq témoins du drame. L’une des témoins, Janine Coponet, qui a pu être auditionnée, est décédée depuis. Deux théologiens ont également remis leur rapport pour dire si, dans les écrits du père Hamel, se trouvent des éléments contraires à la doctrine catholique.
Quatre points constitutifs du martyre
En plus de la vie et des vertus chrétiennes vécues par le père Hamel, quatre points ont fait l’objet d’une attention particulière puisqu’ils sont constitutifs du martyre: sa mort elle-même (s’agit-il bien d’une mort violente ?), l’intention des assassins (est-ce bien en haine de la foi chrétienne ?), la manière de mourir du père Hamel et la réputation de martyre.
Confiant sur l’aboutissement favorable de ce dossier, le père Vigouroux ne peut en dire plus ayant promis de garder le secret sur tout ce qu’il contient durant l’instruction du procès en béatification mené dans le diocèse. "En revanche, ce que je peux vous dire, c’est que nous avons les quatre éléments nécessaires dans le dossier pour déclarer un martyr. En ce sens, les auditions des témoins directs ont été déterminantes. Ils étaient présents, ils ont tout entendu, ils ont tout vu", confiait-il déjà au moment de déposer le dossier, en 2019.
Nous avons dû nous presser pour recueillir les témoignages des témoins oculaires.
La Congrégation pour les causes des saints ne communiquant pas sur un quelconque calendrier, rien n’a filtré concernant une éventuelle date d’annonce "Nous avons dû nous presser pour recueillir les témoignages des témoins oculaires", reprend le père Paul Vigouroux. "Maintenant que ce travail de recueil est fait, ce n’est pas une mauvaise chose que la Congrégation prenne du recul pour lire et analyser le dossier." À titre d’exemple, pour les moines de Tibhirine, cela a mis 17 ans (assassinés au printemps 1996, ils ont été béatifiés en décembre 2018, ndlr). Le pape François a par ailleurs d’ores et déjà qualifié à plusieurs reprises le père Hamel de "martyr" et de "bienheureux".
De la béatification à la canonisation
Et pour être déclaré saint ? Un martyr n’a pas besoin d’un premier miracle pour être déclaré bienheureux. Pour sa canonisation, un second miracle est généralement requis mais, là encore, des exceptions existent. Par exemple, le pape François a canonisé en mars 2017 les 30 martyrs du Brésil assassinés en 1645 par les hollandais et communautés indiennes protestantes.
Certains spéculent également quant à la possibilité d’une béatification groupée de plusieurs martyrs en France, victimes du terrorisme parce qu'ils étaient croyants. En effet, si aucun dossier n’a été monté, le 29 octobre 2020, un terroriste a tué trois paroissiens, Nadine, Simone et Vincent, dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice. "Trois visages de saints, de martyrs, 'de la porte d’à côté'", soulignait déjà sur Aleteia Mgr Matthieu Rougé.