Cela pique un peu ce matin, non ? Certains se demandent peut-être s’ils ont bien fait de venir à la messe. Alors, c’est vrai, au tout premier abord, nous aurions envie de dire que c’est un peu fort de café ! Nous faisons l’effort de nous lever au lieu de paresser au lit ; ce dimanche matin, nous avons un peu speedé pour être à l’heure à la messe, alors que le dimanche est le seul jour de la semaine où nous pouvons souffler un peu et voilà que, successivement, nous entendons que le Seigneur accorde Sa grâce et Ses dons à qui Il veut et pas seulement aux volontaires (Nb 11, 25-29). À se demander si, finalement, il n’aurait pas mieux valu rester sous la couette ou profiter plus longtemps du petit déjeuner en famille puisque, dans l’absolu, nous aurions pu quand même bénéficier des grâces du Seigneur. Ensuite — et ça c’est quand même la grande gifle de ce dimanche, à faire passer les claques d’Obélix pour une douce caresse ! — nous avons pris en pleine figure cette exigence absolue du Seigneur. Je cite en vrac : "Si tu scandalises ton prochain, tu mérites de mourir noyé. Si tu ne veux pas brûler en enfer, coupe en toi ce qui te porte au péché : ta main, ton, pied, ton œil !" (Mc, 9). Et, Dieu merci — si j’ose dire… — Jésus n’a pas parlé des péchés de bouche : exagérations, mensonges, médisances, calomnies, vulgarité, gros mots, insultes, jurons. Ils nous auraient obligé à nous trancher la langue…
Ne soyez pas estomaqués par Son exigence, par le niveau si élevé qu’Il demande. Les grâces sont à la hauteur de la demande...
Bon, je profite que vous soyez un peu groggy, sous le choc, pour dégonfler la baudruche et vous redonner un peu d’air… et de cœur au ventre. Vous avez fait le choix du Christ, vous avez décidé d’être de Ses disciples, de vivre de Sa loi, de vous charger de Son joug. Que vous dire sinon merci ? Merci pour votre courage, pour votre engagement, pour votre ténacité. Ce n’est pas facile d’être catholiques aujourd’hui, de se présenter comme catholiques, de vivre en catholiques, plus encore dans notre société qui ne reconnaît plus le Christ, pour qui Son message de paix et d’amour est absolument inaudible… et je ne parle pas de l’image de l’Église véhiculée par les médias. Non, clairement, aujourd’hui, pour être disciples du Seigneur Jésus, il faut en vouloir et il faut être accroché. Alors, à nouveau merci et bravo !
Cela étant dit, le Seigneur, dans Ses paroles, dans Son enseignement, se montre particulièrement exigeant. Il ne fait ni dans le racolage, ni dans la démagogie. Ce matin, à travers les paroles de la liturgie, Il nous regarde dans les yeux, avec bienveillance et fermeté tout en même temps, et Il nous dit :
Frères et sœurs bien-aimés, je crois que c’est ainsi qu’il faut entendre, qu’il faut recevoir les paroles de Jésus à Ses disciples… dont nous voulons faire partie. Alors, oui, c’est du lourd ! Plus encore pour nous qui avons du mal à nous engager vraiment, nous, la génération du papillonnage et du zapping. Le Seigneur accorde Sa grâce à qui Il veut — aux soixante-dix réunis par Moïse mais aussi à Eldad et Medad qui étaient restés dans le camp (Nb, 11). En revanche, je suis bien certain, intimement persuadé — et c’est pour cela que comme prêtre, je Lui ai donné ma vie, ma jeunesse, mon célibat, les projets de carrière militaire que j’avais au fond du cœur quand Il est venu frapper à la porte de celui-ci — oui, je suis sûr qu’Il accorde très largement Ses grâces à ceux qui, résolument, décident de Le suivre. Ne soyez pas estomaqués par Son exigence, par le niveau si élevé qu’Il demande. Les grâces sont à la hauteur de la demande et, pour reprendre les paroles de Jésus Lui-Même : "C’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement" (Lc 6, 36). Je vous laisse sur ces paroles d’encouragement. Alors haut les cœurs et n’oubliez pas de jeter régulièrement un petit coup d’œil vers le Ciel pour y puiser les forces nécessaires !