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Pourquoi le temps des fiançailles est-il si important ?

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Cédric Burgun - publié le 26/02/21 - mis à jour le 09/02/23
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Au-delà de toute convention, les fiançailles sont là pour susciter les conditions d’un « oui » aussi libre et entier que possible, afin de permettre au mariage d’être vraiment « bâti sur le roc » (Mt 7,24) et de porter tous ses fruits. Accompagnateur de nombreux fiancés, co-auteur de « Et si on se mariait ? » aux éditions de l’Emmanuel, le père Cédric Burgun décrit les facettes de cette période si particulière.

Les fiançailles sont un temps de discernement essentiel en vue du mariage. Se marier avec quelqu’un, ce n’est pas simplement être d’accord sur les principes du mariage chrétien. Nous avons tous un idéal du mariage : ce que nous avons envie de vivre. Mais le discernement porte à la fois sur cette connaissance théorique et intellectuelle du mariage et sur cette question très concrète : est-ce que je vais pouvoir et vouloir le vivre avec cette personne-là ? Si Nicolas épouse Lucie, cela ne sera pas le même mariage que si Nicolas épouse Alice. Il y a évidemment une concrétisation du mariage dans la personne choisie et c’est la question principale. Ce que je veux vivre sera-t-il possible avec cet autre qui est une personne avec son histoire, son idéal et ses idées du mariage ?

Choisir l’autre… et le mariage

Un des risques les plus fréquemment constatés aujourd’hui est de croire que l’autre me ressemble. Or, la conjugalité, c’est l’altérité même, et elle n’est possible qu’à partir de cette altérité ! Les fiançailles sont donc ce temps de discernement où l’on va se rendre compte que l’autre est différent de soi, et qu’il l’est nécessairement : nous devons éprouver cette différence. À partir de là, nous pouvons confronter un vrai discernement de projet : de quoi avons-nous envie et que pouvons-nous vivre, nous qui sommes deux êtres différents ?

Il faut aussi discerner sur les grands piliers du mariage. Sommes-nous prêts à nous engager à être fidèles ? Avons-nous compris que cet engagement durera toute la vie ? Voulons-nous vraiment cette indissolubilité du mariage ? Qu'est-ce qui fait que, quoi qu'il arrive, je m’engage, moi, à demeurer fidèle à ce mariage ? Aujourd’hui, tout cela est mal compris et il faut prendre le temps de s’y arrêter, d’y penser pour qu’il n’y ait pas de malentendu : on doit bâtir son projet de mariage. En ce qui concerne le mariage civil, tout le monde est d’accord pour vivre la fidélité ; mais il est entendu que l'on peut mettre fin à ce mariage. Alors que lors du mariage chrétien, nous donnons notre fidélité pour toujours, même si les mariés venaient à se quitter, le sacrement de mariage perdurerait. Est-ce bien cela que nous voulons ?

Quelle sera notre vie ?

Ce discernement va s’attacher aux différentes parties de ce que va être notre vie. Il y a plusieurs domaines importants sur lesquels le couple doit avoir réfléchi sérieusement : quelle sera la place du travail dans notre vie de famille ? Quelle va être la place des amis ? Quelle famille voulons-nous fonder ? Sommes-nous d’accord sur l’espacement des naissances ? Avons-nous discuté ensemble des méthodes naturelles de régulation des naissances, comme l’Église nous encourage à le faire, et sommes-nous d'accord ? Comment allons-nous gérer le patrimoine et les revenus de la famille ? Comment voyons-nous la relation avec parents et beaux-parents ?

Il faut parler de tous ces sujets pour incarner la relation, parce que par exemple, si l'un des époux se sent obligé d’appeler sa maman tous les jours, cela ne sera pas évident pour la réussite du mariage. Est-ce que j’ai pris conscience que l’autre sera un être que je ne changerai pas nécessairement ? Il faut sortir de l’illusion de penser que l’on changera son conjoint.

Le socle de la spiritualité

Enfin, last but not least : sur quel socle de spiritualité vais-je fonder mon couple ? Sur quelles valeurs partagées ? Quelle sera la vie de foi vécue en couple ? Partageons-nous la même foi ? Est-ce que j’arrive à prier avec mon fiancé, ma fiancée ? Sommes-nous d’accord sur une pratique religieuse ? Est-ce que je serai d’accord pour transmettre cette pratique à nos enfants ?

Dire : « Je souhaite que tu sois mon époux ou mon épouse », et une autre chose est de dire : « Je souhaite que tu sois le père ou la mère de mes enfants ».

Tout cela nous amène à d'autres questions sur l’éducation. Une chose est de dire : « Je souhaite que tu sois mon époux ou mon épouse », et une autre chose est de dire : « Je souhaite que tu sois le père ou la mère de mes enfants ». Il y a des choses que l’on peut supporter, mais accepterons-nous qu’elles soient transmises à notre descendance ? 

Ceci est particulièrement important en ce qui concerne la foi : s’il y a une différence de valeurs à ce sujet, nous y serons confrontés en éduquant nos enfants. Que ferons-nous alors ? Cette question doit être extrêmement réfléchie avant le mariage. Ces questions ont-elles été posées ? Est-ce un vrai « oui », libre et entier, que je vais donner à toutes ces questions ? ou un « oui mais… », ce qui n’est pas la même chose ? Est-ce que je me sens capable de le vivre ? Et sinon, pourquoi ? Il est très important d’avoir le temps et la liberté de réfléchir vraiment ensemble à ces questions qui vont se poser un jour où l’autre, pour s’engager de manière sérieuse, responsable et libre.

Une étape, pas une convention

Les fiançailles ne sont pas une contrainte sociologique, mais une étape fondamentale à vivre avant la préparation au mariage. Il arrive que les fiançailles catholiques ne correspondent qu’à une annonce officielle, avec une date de mariage déjà fixée et des réservations envoyées au ban et à l’arrière-ban. Tout cela ne suffit pas, dans la mesure où la liberté de l’engagement est conditionnée par un pur formalisme extérieur, qui doit n’être que la conséquence d’une décision mûrement réfléchie.

Un temps de maturation

Les fiançailles sont par ailleurs une période nécessaire pour la maturation du sentiment amoureux. Il faut arriver à passer du sentiment amoureux, qui est inhérent à tout démarrage d’une relation, à une décision volontaire d’aimer. Car le « oui » du mariage doit s’appuyer sur une véritable décision d’aimer l’autre. On décide de l’aimer non seulement quand tout va bien, ou dans ce qui plaît en lui ou elle, mais aussi dans ce qui plaît moins, dans ce qui déplaît et dans ce qui ira mal : la fidélité ne sera possible qu’à cette condition-là.

Vais-je être capable de vivre tout ce que j’ai discerné ? Il ne s’agit pas de compréhension intellectuelle. La jeunesse d’aujourd’hui a de vrais désirs, de vrais idéaux, de vraies valeurs, mais elle a une blessure dans la capacité à les mettre en œuvre. Cela rejoint saint Paul qui disait : « Le bien que je veux faire, je ne le fais pas » (Rm 7, 19). Je sais le bien, et pourtant je peux avoir du mal à le mettre en œuvre.

La maturation des fiançailles permet de scruter et de fortifier la capacité à mettre en œuvre, à mettre en route. Allons-nous y arriver ? Pour cela, la chasteté des fiancés est une des questions importantes, car c’est un chemin de maîtrise de soi. Dans le don de soi à l’autre qui va être progressif, il y a toutes les dimensions de notre être : l’affectivité, l’intelligence, la liberté, etc., et aussi le corps jusque dans la sexualité.

Le non-choix du concubinage

Le concubinage est souvent un non-choix. Dans celui-ci, nous nous installons ensemble sans qu’il ait eu de maturation de projet, du désir et de la capacité de se donner à l’autre. Bien souvent cela se réduit à une sorte de colocation avec la sexualité en plus. Est-ce que cela fait une vie de couple ? J’en doute sérieusement.

Comme il n’y a pas eu de phase de discernement et de maturation, il y a le risque d’un certain nombre de non-dits au sein du couple et donc de beaucoup d’illusions. Ce n’est pas un « plus » de liberté, mais plutôt une perte de liberté, car on ne parle pas des vrais sujets, on ne va pas au fond des choses. Et s’il y a mariage après cinq ans de concubinage par exemple, nous voyons souvent très vite après le mariage apparaître pas mal de désillusions : des sujets que l’on croyait maîtrisés et qui ne le sont pas.

S’installer ensemble avant le mariage : qu’en pense l’Église ?

Les relations sexuelles avant le mariage posent aussi de grands problèmes. D’une part en termes de liberté : quand il y a eu le don de soi à travers le corps alors que sa parole n’a pas été donnée, comment ensuite être libre de poser une parole qui m’engage alors que j’ai déjà dit « oui » par mon corps ? Comment être encore libre alors que j’ai déjà tout montré de moi, y compris ma nudité, et alors que par la parole je ne suis pas sûr de m’engager ? C’est contradictoire : le langage des corps est un véritable langage de l’amour : nous disons avec notre corps ce que nous ne disons pas notre bouche et notre cœur. C’est donc l’envoi de signaux contradictoires qui troublent le langage et surtout la relation !

Il y a aussi le risque d’avoir un enfant prématurément et non désiré. La contraception ne marche pas toujours : c’est ce que je constate très souvent ! Et ajouter à cela le manque d’attention. Or le « oui » du corps avant toute parole sera encore plus contraignant quand un enfant est là pour toujours. Enfin, s’être donné complètement à d’autres avant de se donner à son conjoint est quelque chose qui blesse l’amour inconditionnel que l’on veut lui porter, sans parler des difficultés psycho-sexuelles que cela peut engendrer.

La respiration des corps

L’apprentissage de la relation dans le couple se fera aussi de manière progressive. Parfois, on entend l’argument qu’il est bien d’être sûr d’être « sexuellement compatible ». Mais les « sexologues » affirment que la maturité sexuelle se trouve vers quarante ans ! Il ne s’agit pas seulement de technique ni de compatibilité de corps, à laquelle je ne crois pas vraiment (sauf pathologie existante). Il y a aussi une vraie volonté de s’engager à travers le corps et à travers l’affectivité. Tout cela s’éduque.

Nul n’est soumis aux pulsions de son corps. Et justement, essayer de rester chaste pendant les fiançailles permet cette éducation du corps comme le permettent aussi les méthodes naturelles, comme une respiration naturelle au sein du couple. Il faut que le couple accepte cette respiration de sa sexualité et de sa fécondité, en vivant au rythme du cycle du couple : ce n’est plus seulement le cycle de la femme qui s’impose à l’homme, mais cela devient une respiration cyclique du couple lui-même, dans une union, une unité plus grande sur cette question. La respiration des corps permet un apprentissage de la gratuité de la tendresse. Dans certaines périodes, on vit la tendresse sans visée sexuelle et cela permet de ne pas vivre sa sexualité de manière bestiale, mais de façon humaine, c'est-à-dire qui, là aussi, implique toutes les dimensions de notre être.

Le temps de se parler pour se connaître

Il est indispensable de prendre le temps de se parler vraiment. Dans le mariage, toutes les dimensions de notre être sont données à l’autre que l’on va accueillir, à l’autre qui se donne à moi. Ce chemin de maturation de ma capacité à me donner doit être interrogé au regard de ce que l’on vit aujourd’hui de manière plus ou moins belle. Les jeunes communiquent beaucoup, avec la technologie notamment.

Mais cela veut-il dire que le couple se parle ? Ce sont deux choses différentes : on communique beaucoup sans se parler vraiment. Qu’en est-il aussi de ce que j’ai vécu dans le passé ? Aujourd’hui, il y a de plus en plus souvent des choses lourdes dans le passé de chacun. En général, le fiancé ou la fiancée n'est pas le premier amour. On peut en parler aussi, si cela s’avère important. Est-ce que le poids du passé parfois lourd est suffisamment intégré pour que chacun soit libre ? Ce que j’ai vécu dans le passé au plan des sentiments ou de la sexualité, quel poids cela a-t-il ? Il ne faut pas craindre de scruter de manière sérieuse des choses qui se sont passées.

małżeństwo podczas rozmowy

Il y a aussi des dépendances graves aujourd’hui, comme la dépendance à la pornographie : c’est un vrai fléau, qui blesse la relation, la capacité de se donner à l’autre, et dont beaucoup sont aujourd’hui prisonniers. La dépendance à l’alcool et aux drogues, même aux drogues dites « douces » est aussi une vraie question. Est-ce que faire la fête, c’est rentrer ivre ? Je pourrai éventuellement l’accepter pour un temps au sein de mon couple ; mais est-ce que je l’accepterai pour le père ou la mère de mes enfants ? Est-ce cet exemple que je veux pour mes enfants ? Ce n’est pas parce qu’il ou elle deviendra parent que cela va cesser du jour au lendemain. Il y a aujourd’hui de grandes blessures de la capacité : nous n’arrivons pas à résister à certains usages, à des modes, des tentations, même si nous savons que ce n’est pas bon.

Bâtir sur le roc

Les fiançailles ne corrigent pas tous les problèmes, mais elles permettent de « bâtir sur le roc ». Attention : les fiançailles ne prétendent pas corriger tous les problèmes, mais permettent de faire un tour minimum de ces questions essentielles pour qu’il y ait une prise de conscience commune. Pour que le « oui » soit un vrai « oui » : un « oui » aux belles choses qu’il y a dans l’autre mais aussi un « oui » malgré ce que je sais qu’il y a de moins beau. Pour que le « oui » soit aussi incarné et réel que possible : un « oui » mûri. Il y aura inévitablement des tempêtes dans la vie de couple, mais l’Évangile invite à réfléchir à la grande question : « Est-ce que le couple est bâti sur le roc ou sur le sable ? » (cf. Mt 7, 24). C’est tout l’enjeu du temps des fiançailles.

Se détacher pour s’engager

Les fiançailles sont aussi un temps pour se détacher progressivement de sa famille afin de créer son propre foyer, selon la parole de la Genèse : « L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et les deux ne feront plus qu’une seule chair » (Gn 2, 24). On n’apprend que progressivement à se détacher de ses parents et à fonder son propre foyer.

Le temps des fiançailles est donc à destination des fiancés, mais aussi des parents qui apprennent à lâcher leur enfant qui fonde son foyer. Il y a des liens de plus en plus fusionnels dans les familles aujourd’hui. Est-ce que l’on a intégré que le mariage, c’est « quitter son père et sa mère » ? Là aussi, il y a besoin de vrai chemin de maturation et de discernement, et cela peut se tester sur des choses très concrètes. Est-on obligé d’appeler ses parents tous les jours ? D’aller les voir toutes les semaines, avec une régularité gravée dans le marbre ? Il n’y a pas de modèle qu’il faudrait reproduire : chacun doit trouver son propre fonctionnement et la question est le rapport à la liberté.

Est-ce que je me sens obligé de tout dire, de tout partager ? Parfois les frères, les sœurs et toute la famille, sont au courant de tout ce qui se passe dans la vie du couple : c’est insupportable. Cela piège la liberté de s’engager et ce peut-être le signe d’une certaine immaturité familiale. La préparation matérielle du mariage est un bon test, un vrai lieu de liberté. Ce n’est pas parce que les parents financent le mariage qu’ils doivent tout contrôler et donner leur avis sur tout. Où est le signe d’une vraie liberté ? Il doit y avoir une belle collaboration, c’est une question d’équilibre.

C’est l’occasion de vivre vraiment ces questions. Si l'homme ou la femme demande toujours l’avis des parents, cela sera la même chose pour l’éducation des enfants et de nombreux autres sujets. Est-ce que le futur couple sera aussi dépendant financièrement des parents ? C’est plus confortable sans doute ; mais est-ce que cela sert la liberté et la maturation ? Personnellement, je n’y crois absolument pas.

Avec tout cela, nous sommes loin du chemin de fiançailles qui parle seulement des « valeurs » et des « piliers » du mariage. Nous avons besoin de chercher, dans un chemin de discernement et de maturation, à concrétiser, à incarner les choses, à les ancrer dans le vécu, sinon la préparation risque de rester théorique.

Les enjeux spirituels

Le sacrement de mariage a aussi trois ou quatre enjeux spirituels majeurs pour le couple : la fortification de l’amour humain, la mise en pratique de la miséricorde et du pardon, et la construction de la famille comme Église domestique, pour que le mariage soit réellement sacrement, c’est-à dire signe convaincant de la fidélité et de l’amour de Dieu.

Il faudra se poser cette question pendant les fiançailles et tout au long de notre vie : comment la grâce de Dieu, que je reçois et demande personnellement et ensuite en couple, va-t-elle fortifier mon amour conjugal ? Puisque mon amour est nécessairement blessé par le péché originel, est-ce que je vis au sein de mon couple ce que je vis dans la foi ? La miséricorde vient guérir la pauvreté de l'amour conjugal avec la reconnaissance qui va avec : je dois reconnaître que mon amour conjugal est pauvre. Il ne faut pas se marier en pensant que l’on est très fort et très costaud.

Par son amour conjugal, un couple va témoigner de la fidélité et de l’amour de Dieu. C’est en ce sens que le mariage est sacrement, c’est-à-dire signe et moyen efficace de la grâce de Dieu.

La construction de l’Église domestique est la finalité spirituelle du sacrement de mariage. A-t-on conscience que cet amour conjugal fera de nous une véritable Église domestique ? Par son amour conjugal, un couple va témoigner de la fidélité et de l’amour de Dieu. C’est en ce sens que le mariage est sacrement, c’est-à-dire signe et moyen efficace de la grâce de Dieu. Il est signe et moyen pour les conjoints, pour les enfants (ad intra) et pour les autres (ad extra) vis-à-vis du monde et de l’humanité qui a tellement besoin de recevoir le témoignage de la fidélité de l’amour.

Si cela marche, et une grande proportion des mariages en sont la preuve, il faut que cela rayonne pour que le mariage exprime la plénitude du sacrement : pour qu’il devienne « signe et moyen efficace » (Vatican II). Aujourd’hui, on parle souvent d’évangélisation : évangélisation au travail, dans des activités sociales, en politique, etc. Très bien. Mais parle-t-on du premier lieu de témoignage et d’évangélisation qu’est sa vie conjugale ? Trop peu !

Les fiançailles, concrètement ?

Comment vivre les fiançailles de manière concrète ? Il faut nécessairement du temps, un minimum de discrétion, un bon accompagnement et une juste expression de l’événement que constituent les fiançailles. Cela demande du temps : au moins un an probablement. Des fiançailles de trois ou quatre mois n’ont pas de sens : d’une part, parce que cette maturation dont nous avons parlé ne se fait pas en si peu de temps. D’autre part, ces quelques mois correspondent bien souvent à la préparation matérielle du mariage. C’est trop tard pour mûrir un projet. Il est nécessaire en général d'avoir une bonne année de fiançailles avec un vrai temps de réflexion, sans être mobilisé par la préparation au mariage, alors que la date est prévue et que tout est réservé. Il n’y a pas de maximum : cela dépend des histoires.

Les fiançailles ont besoin de commencer discrètement, dans le secret du cœur. C’est comme pour un embryon. Après la fécondation, il y a une période, de huit à quinze jours, où personne ne peut savoir que l’ovule est fécondé et que l’embryon existe : Dieu seul le sait. Pour le couple, c’est analogue : le couple a besoin de se construire un peu dans le secret. On n’est pas obligé de prévenir tout le monde, pas obligé de changer son profil Facebook immédiatement ! On laisse naître les fiançailles de manière un peu cachée, loin de toutes les contraintes sociales et familiales : elles sont à construire dans la paix et la liberté. Cette conception élargit le sens des fiançailles, mais c’est dans la logique d’une vraie préparation et d’une maturation paisible et solide.

Il est bon d'être accompagné

Le temps est nécessaire pour mûrir et il est bon d’être accompagné par une tierce personne : amis et famille ne sont pas nécessairement bons accompagnateurs. Un prêtre oui, une préparation au sein de sa paroisse également ; on peut aussi penser à des retraites pour couples, des parcours sur la vie conjugale, etc. Attention à ne surtout pas attendre la préparation au mariage pour se faire accompagner parce que, pendant la préparation au mariage, quand on sait que le mariage est prévu dans quatre mois, on n’a plus la même liberté. Mais ne pas « trop » célébrer les fiançailles !

Là encore, restons prudents : les fiançailles ne sont pas un pré-mariage. Si l’on décide de les marquer, il est sage de rester sobre et simple dans la célébration, dans la liturgie comme dans les invitations. Les règles de la liturgie imposent normalement de ne jamais célébrer de fiançailles pendant une messe pour deux raisons : d’abord l’Église ne veut pas créer une confusion en imitant le mariage qui est un vrai sacrement ; et ensuite elle ne veut pas donner un signe contradictoire, car l’Eucharistie est le don du Corps du Christ pour la vie, de même que le mariage de manière analogue, mais il n’y a aucune analogie avec les fiançailles.

Pratique

Bénédicte Lucereau, Cédric Burgun, Et si on se mariait ? - Comment savoir si on est prêt ? Nouvelle édition revue et augmentée, Editions de l’Emmanuel, février 2021, 232 pages, 19 €
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