Etape naturelle dans la vie d’une femme, la ménopause est pourtant perçue, dans les pays occidentaux, de manière négative. Et si changer son regard sur cette période assimilée, à tort, à la fin de la féminité, permettait de la vivre plus sereinement ?
Synonyme de bouffées de chaleur, d’entrée dans la vieillesse ou encore de suivi médical amplifié, la ménopause est bien souvent réduite à ses symptômes ou considérée comme une pathologie pour laquelle un traitement hormonal est nécessaire. Cependant, elle demeure d’abord un processus naturel, – l’arrêt du cycle ovarien, – marqué par l’arrêt définitif des règles et la perte de la fertilité, survenant en moyenne entre 45 et 55 ans. Cécile de Williencourt, sage-femme à l’initiative d’ateliers sur le cycle féminin, invite, dans son livre Trésors de Femme (Mame), à vivre cette transition de manière positive. Un premier pas consiste à briser certains mythes autour de la ménopause.
Idée reçue n°1La ménopause arrive du jour au lendemain
La ménopause ne signe pas la fin de la fertilité en un jour. C’est un processus long qui commence par une période de transition appelée périménopause et qui peut durer de dix à vingt ans, généralement entre 35 et 55 ans. Pour la plupart des femmes, les règles diminuent graduellement, les cycles deviennent irréguliers, les hormones ovariennes chutent ainsi que le taux de fertilité. Quand les règles ont cessé pendant un an, on dit alors qu’une femme est ménopausée.
Idée reçue n°2La ménopause est une maladie
« Non, la ménopause est un phénomène physiologique aussi naturel que la naissance, la puberté et les menstruations », martèle Cécile de Williencourt. « Cette période de transition concerne toutes les femmes, de tout temps, quelles que soient leur culture et leur origine ethnique. » Loin d’être une maladie, la sage-femme souligne qu’elle est une étape normale dans le développement physiologique des femmes. Mais « en décrivant la ménopause comme une « carence » ou un « dérèglement hormonal », causant de nombreux troubles physiques et psychologiques, le discours médical entretient l’idée qu’elle est un problème de santé à soigner », regrette-t-elle, presqu’une pathologie.
Idée reçue n°3Les symptômes pourrissent la vie de toutes les femmes
Bouffées de chaleur, prise de poids, troubles urinaires, assèchement de la peau et des muqueuses, ostéoporose, risques cardiovasculaires, troubles du sommeil, sautes d’humeur… Si la liste des symptômes possibles est longue, il convient de préciser que tous n’affectent pas toutes les femmes. En outre, « leur intensité et la durée de leur manifestation varie : certaines femmes y échappent, tandis que d’autres en sont très gênées », explique l’Inserm. Selon l’Institut, si 80% des femmes présentent bien un autre symptôme que l’arrêt des règles, seulement 20 à 25% se plaignent de troubles affectant leur qualité de vie à un moment ou à un autre de leur ménopause. De son côté, Cécile de Williencourt constate que « dans les cultures où la ménopause est vécue comme un événement positif, les symptômes se manifestent bien moins intensément ou même pas du tout ».
Idée reçue n°4La ménopause, c’est le début de la vieillesse
Si l’on ne peut nier les changements d’ordre physique qui se manifestent dès la périménopause (sécheresse de la peau, perte de cheveux…), la fin de la fertilité n’est pas non plus synonyme de vieillesse. « Une femme peut espérer vivre encore trente ou quarante ans après sa ménopause », calcule la sage-femme. Ce n’est pas la ménopause qui fait entrer une femme dans la vieillesse, mais plutôt chacun des jours qui la sépare de sa naissance. « Chaque être humain vieillit un peu chaque jour », énonce sagement Cécile de Williencourt. « Et ce vieillissement se manifeste indépendamment de la ménopause. » De plus, l’arrêt du cycle féminin ne signifie pas pour autant la fin du rôle actif que peut avoir une femme au sein de la société ou au sein de sa famille.
Idée reçue n°5La ménopause, c’est la fin de la sexualité
Certes, « avec l’âge, les réactions sexuelles de l’homme et de la femme ralentissent, mais cela n’indique pas la fin du désir sexuel ni la fin du bonheur à se témoigner l’amour réciproque par les corps qui s’unissent », constate la sage-femme. Cela peut être le temps de la tendresse, des baisers, des caresses. Bénédicte Lucereau, conseillère conjugale, confiait à Aleteia combien l’image de la sexualité dans le monde occidental était faussée, notamment par la pornographie. Il est important de rappeler que la sexualité peut aussi être empreinte de douceur, de lenteur. « La sexualité est d’abord un langage », rappelait-elle. « Elle est une façon d’exprimer son amour, de vivre dans son corps la communion des époux, une manière de se donner entièrement l’un à l’autre. » Un langage qui ne s’arrête pas avec la fin de la fertilité de la femme. Et au contraire, fait remarquer Cécile de Williencourt, la ménopause apporte parfois une certaine libération par rapport à l’angoisse éventuelle d’une grossesse, dans les cas où le couple observait une méthode naturelle de régulation des naissances.
Trésors de femme, un nouveau regard sur le corps féminin de la puberté à la ménopause, Cécile de Williencourt, Mame, juin 2020, 16,90 euros.
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