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Denier de l’Église : les jeunes sont-ils moins généreux ?

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Agnès Pinard Legry - publié le 31/12/19
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Alors que la campagne pour le denier de l’Église pour l’année 2019 s’achève ce mardi 31 décembre, l’Église de France peine à mobiliser les jeunes générations.

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« Prenez les rois mages de vitesse… Faites un don à l’Église ! ». Si certains diocèses ne manquent pas d’humour pour inciter à donner au denier, la situation est loin d’être réjouissante pour l’Église de France. Certes, le don moyen continue d’augmenter (+4,7% en 2018) avec 243 euros versés au denier en moyenne. Au total, en 2018, il a ainsi représenté 248 millions d’euros, soit 47% des ressources courantes annuelles (hors legs) de l’ensemble des diocèses. Mais si chaque individu donne de plus en plus, le nombre des donateurs s’effondre. En dix ans, le nombre de donateurs a chuté de 30%. Un chiffre d’autant plus alarmant que leur moyenne d’âge est de… 75 ans. « Nous n’avons pas de fichier national précis avec l’âge de tous nos donateurs mais une chose est certaine, les tranches d’âge supérieures à 70 ans sont très représentées », détaille à Aleteia Ambroise Laurent, chargé des questions économiques, sociales et juridiques au sein de la Conférence des évêques de France (CEF). « Inversement, ceux de moins de 35 ans le sont bien — trop — peu… ».

Comment l’expliquer ? « La première raison, la plus cash, est que les jeunes sont moins généreux que leurs aînés », explique Ambroise Laurent. « Il y a bien sûr un effet revenu et patrimoine mais la culture du don est en recul et cela concerne tous les organismes et toutes les causes ». En 2018, le baromètre annuel Recherches et solidarités révélait ainsi que les plus de 60 ans représentent à eux seuls près de 55% des donateurs et 60% des montants collectés. C’est aussi dans cette tranche d’âge que la pratique du don est, de loin, la plus répandue, avec plus de 20% de foyers déclarant des dons.


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Outre le fait que le nombre de catholiques allant à la messe régulièrement diminue, Ambroise Laurent reconnaît aussi volontiers des méthodes désuètes. « Les méthodes que nous employons dans les diocèses et en paroisses pour appeler au denier sont des méthodes qui étaient modernes il y a 30 ans ! », regrette-t-il. « Ce sont des mailings, des enveloppes distribuées à la sortie de la messe, une relance des donateurs des années précédentes… Ce ne sont pas des méthodes faites pour attirer des jeunes ».

« C’est souvent l’occasion qui fait le larron », reconnaît Marine, 30 ans et mère de deux petits garçons. « Une newsletter de ma paroisse avec le denier de l’Église, une relance par mail d’associations auxquelles nous avions déjà donnés… De manière générale, je dirais que nous donnons en fonction des événements, l’incendie de Notre-Dame par exemple, de nos coups de cœur, pour la sauvegarde de l’abbaye Saint-Jean-des-Vignes à Soissons, où des causes qui nous sont chères : les chrétiens d’Orient ».

Pour Christelle, 29 ans, il s’agit d’abord d’humain, de pouvoir visualiser, concrètement, à quoi va servir son don. « Je donne essentiellement à une association fondée par des amis qui ont eu une petite fille lourdement handicapée », détaille-t-elle. « Je connais leur quotidien et je sais à quoi va servir mon don ». Et qu’en est-t-il du denier de l’Église ? « Quand il y a une quête à la fin de la messe pour telle ou telle association je vais donner, de même pour les séminaristes ou pour un pèlerinage, mais je dois avouer que le denier de l’Église me semble assez vague… ».

Une pastorale du don

« L’enjeu est de redonner du sens au denier », affirme Ambroise Laurent. « Jusqu’à présent nous n’avons pas fondé les différentes manières de donner dans l’église sur le sens spirituel de chaque don alors qu’il y en a un. La quête, qui est un geste liturgique, est une offrande associée à celle du Christ, c’est la peine et le travail des hommes. Le casuel, c’est-à-dire une offrande faite à l’occasion d’un événement majeur de notre vie baptismale ou sacramentelle, peut se comparer au vin lors des noces de Cana. Le denier est quant à lui un geste abrahimique, un geste de partage de ce qu’on a reçu. C’est une manière de dire merci pour ce qu’on a reçu », conclut-t-il.

Ingénieur parisien de 32 ans, Pierre a choisi de donner au denier de l’Église pour la première fois il y a deux mois. « J’ai choisi un prélèvement automatique de 35 euros par mois », détaille-t-il. « L’Église ne vit pas (que) d’amour et d’eau fraîche ! Elle a besoin de financements pour sa mission et même si mon implication est minime, c’est une manière pour moi de me sentir concerner ». Et puis, reprend le jeune homme dans un sourire, « il suffit que je me pose la question : combien est-ce que je dépense pour aller boire des pintes avec mes amis et combien je donne à l’Église pour que mon don devienne une évidence. » À Lyon, Victoire et son mari donnent au denier par prélèvement automatique depuis un an environ. « Pour nous c’est un devoir de chrétien, cela permet de faire vivre nos paroisses », assure la jeune femme. « Oui la mission a un coût et si chacun n’y prend pas sa part qui le fera ? ».

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