La solennité de l’Immaculée Conception nous invite au début de l’Avent à méditer sur l’union indissociable entre la Mère de Dieu et son Enfant qui vient. À la Salette, l’évêque du lieu, Mgr de Kerimel, nous montre comment Marie soutient la mission de Jésus : pleurant sur les malheurs de son peuple, elle appelle avec confiance au respect de son Fils et de la Création.Le 19 septembre 1846, Marie à la Salette vient rencontrer deux bergers. Maximin a 11 ans. C’est un « mouvement perpétuel ». Il ne tient pas en place. Personne ne lui fait confiance, même pas son père. Il passe son temps dans la montagne avec son chien et sa chèvre. Ce jour-là, il remplace exceptionnellement un berger malade. Mélanie a 14 ans. Elle est bergère depuis l’âge de 8 ans environ. La vie est dure. Son père est souvent au chômage. Mélanie est chétive. Elle fait plus jeune que son âge. Elle est renfermée et timide. Depuis le début du printemps 1846, elle est chez Jean-Baptiste Pra aux Ablendens.
La peur de la famine
Quand Maximin et Mélanie grimpent sur la montagne avec leurs troupeaux, ils se dirigent vers les pentes du Gargas, seul point possible pour abreuver les bêtes en cette fin d’été. Ils sont à 1.800 m d’altitude. Au-dessous d’eux, les paysans cultivent des lentilles dans des pentes très raides. Au-dessus d’eux, des pâturages et des pentes où récolter les foins pour l’hiver. La grande famine approche. Les plantes ne résistent pas aux maladies et aux grands froids. La population est inquiète. Maximin et son père en ont fait le constat à la Terre-du-Coin en 1845. Beaucoup fuient dans les villes pour essayer de trouver du labeur. Ils pensent pouvoir vivre mieux. Finalement, ils travaillent sept jours sur sept, de 10 à 15h par jour, dans une promiscuité difficile à supporter.
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“La Belle Dame” a un message
La Vierge Marie vient à la rencontre de ses deux enfants dans un contexte de vie très lourd. Personne n’aurait pu imaginer que “la Belle Dame”, comme ils l’appellent, ait pu faire confiance à ces gamins. Si Maximin et Mélanie n’avaient pas fait cette rencontre, personne ne parlerait d’eux aujourd’hui. Marie fait confiance aux plus petits. Elle va s’adresser à eux et leur donner un message à transmettre à tout son peuple. Cette tâche était beaucoup trop grande pour eux mais Marie sait qu’elle peut compter sur eux. Ils feront de leur mieux. Marie fait à chacun d’entre nous la même confiance même si nous pensons être le dernier des derniers. Elle nous dit : « Tu es mon enfant, je t’aime, je sais que tu feras de ton mieux. Ne t’inquiète pas, je suis toujours avec toi. »
Marie vient nous ouvrir les yeux. Elle nous aime et elle ne supporte pas que nous prenions un chemin sur lequel nous allons nous perdre. Elle nous invite à respecter son Fils, présent sur sa poitrine les mains clouées sur la croix mais rayonnant de lumière. Jésus a, tout au long de sa vie publique, guéri, sauvé, relevé des hommes et des femmes blessés. Il est allé jusqu’à mourir sur la croix par amour pour nous. La Belle Dame poursuit la mission avec son Fils. Elle le soutient, comme Haaron et Hour ont soutenu Moïse contre les Amalécites (Ex 17).
Se reposer dans le Seigneur
La Vierge voudrait aussi que nous apprenions à avoir de l’estime pour nous-mêmes. Quand elle parle du septième jour, elle nous parle du repos dans le Seigneur à travers l’Eucharistie et la prière, à travers les liens familiaux soignés, à travers l’amitié. Nous ne sommes pas des machines. Nous avons besoin de repos, de recharger les batteries sur le plan humain et spirituel.
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Marie attire notre attention sur les situations dramatiques qui se jouent autour de nous. Elle voudrait ouvrir nos cœurs aux autres. À l’époque de l’apparition, une partie de la France a de quoi manger et l’autre n’a plus rien. Au lieu de partager le blé avec les plus démunis, certains vont le vendre plus cher. Les plus pauvres ne vont pas avoir les moyens d’acheter la farine pour faire le pain pour leurs enfants. Beaucoup vont mourir de faim. En Irlande, en 1845, c’est le même scénario. Les pommes de terre pourrissent, deux millions d’Irlandais vont fuir aux États-Unis. Plusieurs milliers ne survivront pas dans leur propre pays.
Respecter de la nature
Marie nous parle aussi de la nature, elle nous dit de manière très rude, que les récoltes se gâtent à cause de nous. De fait, à la fin du XVIIIe siècle, les paysans vont abandonner les jachères, ce qui va probablement entraîner l’appauvrissement des terres. À l’époque, il s’agissait de laisser un terrain sans culture et de le labourer une première fois pour laisser remonter à la surface les mauvaises herbes… pour qu’elles poussent, puis le deuxième labourage hachait les mauvaises herbes pour qu’elles deviennent de l’engrais. Ce travail était trop considérable par rapport à la rentabilité. Les jachères ont été remplacées par des semences fourragères. Au fil du temps, les terres se sont appauvries. Mauvaise météo et maladies vont aggraver la situation. Les plantes ne vont pas trouver ce dont elles ont besoin et vont tomber en poussière. Marie s’appuie sur un exemple concret. Elle veut que nous prenions nos responsabilités, que nous réfléchissons aux conséquences de nos choix.
Sur le chemin de la prière
La Vierge ne nous laisse pas nous débrouiller seuls. Elle nous guide sur le chemin de la prière quotidienne, de l’Eucharistie chaque semaine et nous montre l’importance du carême. Ce sont des sources inépuisables pour aller vers son Fils.
La Belle Dame, réconciliatrice des pécheurs, nous veut heureux.