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Avec foi et passion, elle redonne vie à des statues cabossées

Calvaire

La Vierge Marie embrassant son Fils cloué sur la croix.

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Caroline Becker - publié le 20/10/19
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Depuis deux ans, Isabelle Gastebois, maman de trois enfants, redonne une seconde vie à des statues religieuses cabossées, chinées ici et là dans des brocantes et vide-greniers. Une activité modeste dans laquelle elle trouve l’occasion de s’adonner à sa passion pour la statuaire mais aussi d’exprimer sa foi. “Je voulais mettre mes mains au service de Dieu”, confie-t-elle. C’est dans son petit atelier dans la Sarthe, installé chez elle entre la cave et le salon, qu’Isabelle Gastebois ressuscite avec passion et discrétion, de modestes statues de plâtres abîmées par le temps. Une activité née il y a deux ans, presque par hasard, alors qu’elle vient de quitter son activité professionnelle dans le domaine du vin.

De retour à la maison, entourée de ses trois enfants, elle sent la nécessité de s’occuper. C’est alors qu’elle croise, au fil de ses promenades dans les vides-greniers, le chemin d’une petite statuette de la Vierge Marie “mal en point” comme elle dit. Une rencontre qui réveille en elle sa passion pour la statuaire. “J’ai toujours été fascinée par les statues”, confie-t-elle, bien qu’elle n’ait jamais baigné dans l’univers artistique. Isabelle décide pourtant, pour le plaisir, de “rénover” l’objet pour l’offrir à sa sœur atteinte d’un cancer. “J’ai prié pour sa guérison en rénovant cette toute première pièce”, confie-t-elle, et d’ajouter modestement : “Je préfère le terme rénovation que restauration, car je ne possède aucune technique professionnelle”.

statue de la Vierge Marie

Isabelle Gastebois – Statues Quo
"C'est la plus grande pièce que j'ai rénovée", confie Isabelle. Trouvée par un prêtre au fond d'une grange, il souhaitait qu'elle retrouve sa place dans ce lieu qui accueillait autrefois des processions. "Je l'ai restaurée en Mai, pendant le mois de Marie."

Très vite, les statues de plâtre cabossées envahissent sa cheminée. “Cette activité me rendait heureuse. J’ai donc continué sans vraiment savoir où j’allais. Il n’y avait pas d’objectif commercial, c’était juste un plaisir personnel”. Ses rénovations sont aussi l’occasion d’y exprimer sa foi. “Depuis toujours j’ai tendance à m’adresser à Jésus dans mes prières. Au début, je rénovais beaucoup de Vierges à l’Enfant et c’est en les rénovant que Marie s’est invitée petit à petit dans ma vie, en toute discrétion”. Car la prière est au cœur de ses rénovations. “Il m’arrive de réciter mon chapelet pendant que je travaille”, confie-elle.

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© Isabelle Gastebois – Statues Quo
Isabelle Gastebois chez elle, en train de rénover une statue de la Vierge Marie.

“Les pièces que je trouve, je les choisis car elles me touchent. Mais je les reçois aussi. Et je considère être un simple instrument pour les réhabiliter”. “Dieu est l’artiste”, comme elle aime à le dire, faisant référence à une prière qui lui parle de manière personnelle. Celle-ci commence ainsi : “C’est moi l’artiste, dit Dieu ! Tu es mon vase d’argile ! […] tu t’es heurté, tu t’es ébréché, tu as même pu tomber par terre, te briser et tomber en mille morceaux […] mais moi dit Dieu, j’aime les vieux vases, un peu usés, un peu ébréchés, ils ont toute une histoire […]”. “Dieu nous invite à lui montrer nos fêlures, nos brisures pour qu’il les renouvelle. C’est bien lui l’artiste et surtout pas moi. Ça nous apprend l’humilité”, ajoute Isabelle.

Statue Vierge

Cette statuette de la Vierge a été rénovée pour l'oratoire d'un presbytère. " J'ai été très touchée de rénover pour une fraternité de prêtres", confie-t-elle.

Armée de quelques outils et de beaucoup de patience, Isabelle s’emploie donc à nettoyer, poncer et retravailler minutieusement ses statues avant de s’adonner à sa partie préférée : la peinture et les finitions. Toutes ressuscitées en blanc et or, Isabelle justifie le choix de ces couleurs : “Le blanc est la couleur de Dieu et des baptisés. C’est synonyme de renaissance. Cela correspond bien à l’histoire de ces statues. L’or, c’est la petite touche de sainteté. C’est aussi un signe d’éternité. C’est ce vers quoi marchent tous les chrétiens”, explique-t-elle.

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© Isabelle Gastebois – Statues Quo
"L'Enfant-Jésus, ma rénovation coup de cœur", confie Isabelle.

Encouragée par un ami prêtre et par son entourage, Isabelle décide de se lancer dans l’entreprenariat et baptise son entreprise “Statues Quo”. Désormais à son compte depuis janvier 2018, la jeune maman commence à connaître un petit succès sur les réseaux sociaux, notamment sur sa page Facebook où elle poste ses créations. “Généralement, les pièces se vendent assez vite. Les gens apprécient mon travail car ce sont des pièces uniques et qui ont une histoire. Mes statues possèdent des imperfections et je ne le cache pas à mes clients. Je les trouve belles ainsi car elles sont marquées par un héritage”, précise-t-elle.

Statue de sainte thérèse

Isabelle Gastebois – Statues Quo
Représentant sainte Thérèse de Lisieux, cette statue a été rénovée pour un couple qui traversait un deuil. "J'ai prié et demandé la consolation et la paix pendant la rénovation", confie Isabelle.

Produisant en moyenne une statue par semaine, Isabelle met un point d’honneur à ne pas se laisser envahir par cette activité qui doit rester un plaisir. Quand elle ne déniche pas elle-même les pieuses statuettes, elle reçoit des pièces de son entourage ou de quelques clients qui souhaitent redonner vie à leurs objets de famille. “Un jour, une amie m’a apporté une statue de la Vierge de Lourdes, toute cabossée, qui avait été à l’origine de sa conversion”, confie-t-elle. Une autre fois, c’est un prêtre qui lui demande de réparer une grande Vierge fêlée de 90 cm qui avait été brisée et à laquelle il tenait. Chaque fêlure est alors peinte en or pour rappeler son malheureux destin.

Calvaire

Isabelle Gastebois – Statues Quo
"Je sais que cette Croix fleurie m'aidera à prier, Marie me montrant comment aimer Jésus", témoigne Isaure, qui a demandé à Isabelle de rénover ce joli calvaire montrant Marie embrassant son Fils. Depuis leur rencontre, les deux jeunes femmes sont devenues amies.

Cette activité est également l’occasion de retrouvailles heureuses et de témoignage de foi. “Grâce à la diffusion de mon travail sur les réseaux, j’ai retrouvé une amie que je n’avais pas vu depuis vingt ans. Elle est non croyante mais elle a acheté une petite statue de sainte Thérèse de Lisieux pour une de ses amies. Ce fut l’occasion d’évoquer ce que je vivais, de parler de ma foi… C’était une belle manière de témoigner.” Loin de vouloir transformer sa modeste activité en grande entreprise, Isabelle espère seulement que ses statuettes sauront trouver une petite place dans un joli coin prière. “C’est une joie pour moi d’unir mes mains et mon cœur pour redonner vie à ces pièces malades. Et cela l’est tout autant de savoir ces objets, qui ont chacun leur histoire, traverser le temps et arriver dans des familles heureuses de les accueillir”, conclut-elle.

Statues quo

© Isabelle Gastebois – Statues Quo
La croix transmise à Isabelle par sa grand-mère, aujourd'hui décédée. Celle-ci l'avait trouvée, abandonnée, dans un petit cimetière de village du Gers où elle repose aujourd'hui. "Je l'ai acceptée sur le moment, pour ne pas la froisser", confie Isabelle. "Tu verras, un jour, tu la transformeras et tu la trouveras belle," lui avait-elle dit à l'époque.



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