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Comment aider un enfant précoce à gérer son hypersensibilité ?

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Mathilde de Robien - publié le 13/01/19 - mis à jour le 12/01/22
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Un enfant précoce est difficile à gérer au quotidien car son hypersensibilité peut engendrer des réactions violentes et bruyantes. Voici quelques pistes pour l’aider à maîtriser ses émotions, et vous aider à l’accompagner et à le rassurer.

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La journée nationale de l'hypersensibilité, ce 13 janvier, est l'occasion de partager des témoignages de parents d'enfants hypersensibles. Ils confient leurs vécus, leurs difficultés, et leurs méthodes afin de calmer et rassurer des enfants surdoués. Intolérant à la frustration, acceptant mal les cadres et les limites, discutant tout et tout le temps, négociant la moindre consigne, l’enfant surdoué est un enfant épuisant. Cependant, pour la psychologue Jeanne Siaud-Facchin, spécialiste des enfants précoces, poser un cadre et des limites, est une nécessité vitale pour leur développement affectif, et le seul moyen d’éviter l’escalade des conflits permanents.

Dans la majorité des cas, leur extrême sensibilité les rend réactifs à d’infimes variations émotionnelles de leur environnement. Cela les conduit à des réactions émotives violentes et excessives. Valérie, 41 ans, mère de 6 enfants, témoigne : « Mes enfants sont tous hypersensibles mais ne réagissent pas tous de la même manière... L’aîné, bientôt 10 ans et testé surdoué, fait encore des crises de rage. Si c'est en réaction à une parole ou une action de ses frères, il crie, et si cela ne suffit pas, il tape. Si c'est contre moi, il hurle. Mon deuxième fils (8 ans) hurle, puis file se calmer dans sa chambre. Il dit des gros mots lorsqu'il n’arrive plus à gérer... Mon troisième garçon (5 ans) pleure et a besoin de câlins. C'est le seul que j'arrive à aider quand il est en crise... Personnellement, c'est peut-être l'aspect du HP (haut potentiel) le plus difficile à gérer au quotidien dans une grande fratrie, car les occasions ne manquent pas... ».

1Les raisons de leurs emportements

Voici quelques pistes fournies par la psychologue Jeanne Siaud-Facchin dans son livre L’Enfant surdoué, afin d’expliquer pourquoi leurs réactions sont aussi disproportionnées.

Ils ne supportent pas la frustration

De leur part, réagir violemment à la frustration n’est pas le fruit d’un caprice mais plutôt l’expression d’un sentiment d’insécurité. Différer un plaisir ou une satisfaction revient, pour eux, à laisser la place au doute et à l’incertitude. La distance entre l’envie et la satisfaction de cette envie est un temps dans lequel tout peut arriver.

Ils ne savent pas attendre

Il faut que les choses se passent immédiatement, sinon, l’insécurité les envahit. Les crises peuvent être d’autant plus intenses et fréquentes que leur demande est forte : demande matérielle, demande affective, demande de disponibilité, demande de service… Le moindre délai peut entraîner des réactions violentes : colère, claquements de portes, menaces, chantage, se rouler par terre…

Ils cherchent où se situent les limites

Leur pensée, leurs questions sont illimitées, donc ils ont besoin de sentir qu’un cadre existe, auquel ils puissent s’arrimer. Et pour s’assurer que ce cadre est solide, ils l’attaquent, ils le testent. C’est pourquoi les parents peuvent prendre pour de l’agression ce qui est en réalité une recherche de repères sécurisants.

Ils souffrent d’être envahis par leurs émotions...

et cachent cette réactivité émotionnelle exacerbée par un comportement agressif. Les enfants surdoués sont extrêmement susceptibles, et ressentent de l’humiliation même si la remarque est banale ou le geste insignifiant. Tout les affecte, puisque rien n’est insignifiant à leurs yeux, mais ils veulent masquer cette fragilité émotionnelle, et réagissent alors par la colère, l’énervement, l’agressivité.

2Aider un enfant précoce à gérer son hyper-sensibilité

En amont : résister et poser des limites claires

Parvenir à obtenir de ses parents tout ce qu’il souhaite entretient chez l’enfant un sentiment de toute puissance. Et ce sentiment est une souffrance car il lui suggère qu’il est seul, que personne de plus fort que lui n’est là pour le protéger. Résister à son enfant lui envoie au contraire une image de solidité, de sécurité.

Jeanne Siaud-Facchin donne l’exemple d’Alicia, 9 ans, qui refuse que sa mère la coiffe. Elle se débat, elle hurle, dit que sa mère est méchante… Sa mère, à bout de nerfs, s’énerve et finit par céder. Dans cet exemple, Alicia ne souhaite en fait qu’une chose : que sa mère ne craque pas. Qu’elle soit capable de maintenir les limites nécessaires pour la protéger. En accédant à sa demande, sa mère lui envoie un message de fragilité émotionnelle.

Il est nécessaire que les parents déterminent ce qui est acceptable et ce qui est ne l’est pas.

Il est plus facile et plus cohérent de résister lorsqu’auparavant, des limites claires ont été posées. Selon la psychologue, il est nécessaire que les parents déterminent ce qui est acceptable et ce qui est ne l’est pas, et d’imposer clairement des limites à l’enfant, voire de les justifier si cela aide à leur acceptation. Ces limites sont à ériger en règles inviolables.

Si on reprend l’exemple d’Alicia, la règle qui rassurerait la petite fille et éviterait sans doute quelques conflits à sa mère, serait : « C’est toujours maman qui te coiffe. » L’explication, totalement personnelle selon le parent qui la donne, pourrait être : parce que ça va plus vite et que le matin nous sommes très pressées, parce que je veux te faire des tresses pour que tu sois jolie,…

Au moment des « crises » : laisser exploser, puis verbaliser

Lorsque l'enfant traverse une période de crise, plusieurs parents témoignent de leur impuissance à intervenir et à calmer l'enfant. En ce cas, laissez passer la crise, quitte à s'isoler quelque temps afin de se calmer soi-même, comme le confie Audrey : « J'ai appris, avec le temps, à m'isoler quelques instants pour faire le point... ainsi je suis plus calme pour l'aborder ensuite », ou encore Bénédicte : « Je l'entraîne en dehors de la zone de conflit pour décompresser. Parfois je pratique la contention douce mais ferme (réel effet apaisant), en le serrant dans mes bras ou en posant les mains sur ses épaules s'il est debout. Et surtout, on revient en parole sur l'élément déclencheur de la crise pour dédramatiser l'événement (tout en ne le niant pas non plus car l'enfant a le droit d’avoir des émotions, et ces émotions sont parfois très sincères mais à l'expression démesurée !) et trouver les solutions qu'il peut mettre en place seul lorsque cela arrive pour gérer ses émotions. J'essaye de garder en tête que s'énerver ne sert à rien, voire décuple la crise, afin de me motiver à gérer ça calmement même quand je suis exaspérée... ».

J'ai dû beaucoup creuser pour découvrir qu'un accès de colère ne cache pas forcément de la frustration mais une grande tristesse.

Vient ensuite le temps de saisir le moment opportun pour revenir calmement sur les raisons de sa colère, les verbaliser, et trouver avec lui les solutions au problème. Marie-Hélène témoigne : « Ce qui fonctionna le mieux avec elle fut le froid. J'ai passé pas mal de crises sur la terrasse en plein hiver à attendre 10 minutes que le froid l'aide à retrouver ses esprits. La lecture de Montessori puis de Dolto m'a appris à verbaliser pour elle tout ce qu'elle ne pouvait exprimer comme rage et frustration. À la fin des journées de classe, en primaire, j'ai instauré un temps calme, avec tapis de gym au sol, allongée, avec 10 minutes de musique relaxante, puis verbalisation de ce qui l’avait contrariée dans la journée. À 7 ans, cela va beaucoup mieux. Là encore, j'ai dû beaucoup creuser pour découvrir qu'un accès de colère ne cache pas forcément de la frustration mais une grande tristesse, d’avoir raté une mini dictée par exemple. Nous avons établi le code suivant : si tu sens que tu vas exploser, dis-moi que tu as besoin d'un câlin, et je comprendrai tout de suite. Cela fonctionne bien. »

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