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Un ado au musée : mission possible !

SELFIE MUSEUM
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Marie Lucas - publié le 14/12/18
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Voici nos dix stratégies pour désamorcer les réticences de votre ado à aller s’enfermer dans un musée, et faire de cette expérience un succès.Alors que l’hiver traîne en longueur, vous êtes tenté, comme parent, d’emmener votre progéniture au musée. Oui mais voilà, votre ado traîne des pieds. Voici nos 10 “stratégies” pour désamorcer ses réticences.

1- Il refuse d’y aller

C’est normal : il préfère la couette au musée. Tout repose donc sur votre détermination de parent : « Je sais qu’il est bon pour mon enfant de faire cette sortie pour vivre un temps en famille, garder un équilibre de vie, s’ouvrir aux autres, faire des découvertes. Je vais donc tout mettre en place pour que celle-ci ait lieu » explique Anne Peymirat, coach familial. Ensuite, il s’agit d’emmener l’enfant dans le projet : « Lever les résistances est essentiel. Pour cela une « discussion préparatoire » (de la méthode « Calmer Parenting ») est très efficace. Dans la semaine qui précède elle permet d’évoquer le projet de façon concrète et d’intégrer ce temps dans le planning du jeune. »

Ce qui marche : être clair sur la décision, donner un choix de musées limité, commencer à en parler très tôt.


PAINTING MUSEUM
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2- Il préfère profiter de son temps libre devant un écran

Un ado est attiré par l’écran comme une abeille par le miel. « Lumière, mouvement, graphisme, système de récompense, impression de socialisation… tout est étudié pour que les jeunes y passent tout leur temps libre. Il est donc très dur de lutter contre les écrans » affirme encore Anne Peymerat, également auteur de « Débranchez vos enfants » (éditions First). Une vraie bataille, à l’âge où l’ado se laisse facilement porter par sa pulsion, sans réflexion. Dans ce contexte, l’aventure au Musée a-t-elle ses chances ? « Tout repose, une fois encore, sur la conviction des parents : permettre à l’ado de s’intéresser à autre chose qu’aux écrans et le garder ouvert sur le monde. C’est une vigilance culturelle qui demande un travail éducatif… et l’aventure au musée peut être un bon prétexte ».

Ce qui marche : déterminer, imaginer, visualiser le temps d’écran du jeune en lien avec la sortie au musée (avant ou après ?)


ENFANT ; TABLETTE
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3- Il vous assure que ça ne l’intéresse pas

C’est ce qu’il croit. Mais comme souvent, il est important de ne pas se fier aux apparences. « Je vois, dans mes visites, des jeunes avec une apparente impression de désintérêt – notamment parce qu’il ne faut pas sortir du lot et ne pas paraître plus intelligent que le voisin ! Mais ça ne veut pas dire que cela ne leur plaît pas ! explique Anne Vauthrin, guide-conférencière à Paris. » L’ado peut donner cette impression d’ennui mais cela ne veut pas dire qu’il ne se passe rien. Plutôt rassurant, non ? La coach, quant à elle, conseille donc de commencer par un objectif soigneusement sélectionné, qui enthousiasme le parent et le jeune. « Car plus vous vivrez , personnellement, ce temps avec passion, plus votre ado a des chances d’être lui aussi intéressé… Mais si ça vous barbe d’y aller, vous n’aurez pas la bonne attitude » assure-t-elle.

Ce qui marche : prendre le temps de choisir un musée qui plaise à l’adulte et à l’ado, et faire du temps de ce choix un bon moment. Les Parisiens apprécieront le choix du site unjourdeplusaparis.com

GIRL MUSEUM

Iakov Filimonov I Shutterstock

4- Il trouve que c’est un lieu « pour les vieux » et poussiéreux

À vous de lui prouver le contraire ! « La culture n’a pas d’âge et l’enjeu est de rajeunir le concept du musée par le Jeu, explique la guide. La sortie au musée devient alors un temps divertissant avec le côté « Jeu de Piste » ou « Chasse au Trésor » qui marche très bien à tout âge. » Par exemple : trouver dix tableaux dans lesquels on voit apparaître une pomme, trouver les tableaux à partir du plan du musée, choisir une oeuvre à présenter en famille… Théo, 17 ans,  raconte : « L’été dernier, nous avons visité un château en famille, il y avait une enquête policière, on était à fond, et en plus il y avait un cadeau à gagner à la fin ! » Le côté « visite en famille élargie », tous âges confondus, a également beaucoup de succès pour dépoussiérer l’image du musée.

Ce qui marche : aller au musée avec sa grand-mère ou son grand-père, avec un bon goûter à la sortie.

5- Il dit que ça ne sert à rien et qu’il ne retiendra rien

En fait, il retient des choses, mais à son insu. C’est la fameuse culture générale, sans profit immédiat et tangible, voire même inutile apparemment. « Pourtant, les jeunes emmagasinent des infos qu’ils vont ressortir en classe ou dans des devoirs… Cela les aide à se repérer dans des livres et leur donne une base de données dans laquelle puiser » assure encore Anne Vauthrin. Théo raconte : « Pour mon bac de français, j’avais été au Musée avec ma tante la semaine précédente, et pour mon oral, « Les Nymphéas » de Monet ont fait grand effet ! » « Sans compter qu’une sortie au musée, cela ouvre l’esprit, nourrit l’ado, le fait grandir, et lui permet de voir plus loin que son cercle de copains ou que son nombril ! » sourit la guide.

Ce qui marche : Profiter d’une expo temporaire qui le passionne pour amorcer la pompe.

6- Il vous assure qu’il n’y comprend rien

« Dans un musée il y a des histoires qui ne sont pas forcément accessibles : tout le monde ne connaît pas les clefs » explique Anne Vauthrin. Avoir un décodeur s’avère donc utile. Et le premier décodeur c’est le parent ! Se faire confiance est essentiel car trop souvent ce dernier a peur d’en savoir moins qu’un guide – mais il en sait déjà beaucoup, et c’est important que l’ado s’en rende compte. Un guide peut aussi être un luxe qui en vaut la peine. Théo se souvient d’une visite du Palais des Doges faite avec une guide privée : « On avait besoin d’avoir des explications, et nous avons pu poser toutes les questions qu’on voulait, c’était passionnant ! » A voyage exceptionnel visite extraordinaire : « En fait, les parents nous ont expliqué – mais au retour seulement ! – qu’ils avaient préféré nous offrir cette visite plutôt qu’un restaurant ! » s’amuse-t-il encore…

Ce qui marche : une visite avec conférencière passionnée et pédagogue, un luxe à expérimenter au moins une fois.

TEEN MUSEUM

Iakov Filimonov I Shutterstock

7- Il veut bien y aller, mais sans vous

À l’âge où le besoin d’indépendance est à son paroxysme, il est essentiel d’en tenir compte pour éviter de braquer l’ado.  « Lui laisser une liberté , c’est lui permettre de choisir le musée qui l’intéresse ou d’aller vers les oeuvres qui lui parlent. Si on reste trop près de lui, cela va tout gâcher. Mais il est important de l’accompagner, d’être présent et disponible, au cas où… » témoigne encore la guide. Une présence discrète, mais réelle. Une visite d’ado au musée réussie, c’est donc une visite où l’adulte est investi… Il s’agit, comme toujours à cet âge, de leur donner une liberté avec un référent bien identifié qui les sécurise, et  un cadre.

Ce qui marche : l’adulte prépare sa visite en amont, avec le recours de l’appli, pour être prêt à répondre à toutes les questions de son ado.



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8- Il trouve tout moche

C’est possible, et une fois encore ce n’est pas si grave. Car entre ce qu’il dit et ce qui se passe pour lui, il y a un monde ! « Un jeune pourra dire « c’est trop nul » pendant la visite et ressortir content » affirme Anne Vauthrin. Qui sait ce qui se passe « en vrai » pour lui ? Emmener un jeune au Musée, c’est lui permettre de vivre une émotion esthétique et d’entretenir un rapport personnel avec une oeuvre d’art. « C’est entrer dans un univers d’émotions artistiques, et permettre au jeune de construire son monde intérieur, de mettre des mots sur ses propres émotions » conclue-t-elle. Bien au-delà de son goût pour telle ou telle oeuvre…

Ce qui marche : proposer à l’ado de sélectionner durant la visite trois oeuvres « belles » et trois oeuvres « moches ».

9- Il sort son portable pendant la visite

Cela est inacceptable. Il est donc indispensable de poser les règles du jeu avant de commencer la visite : comme au collège, exit le portable à l’entrée du musée pour mieux le retrouver à la sortie. Mais pourquoi ne pas garder le téléphone en mains avec l’Appli du Musée ? C’est à éviter, car la tentation de Snapchat, Instagram ou FaceBook sera bien trop forte. A la place, l’audio-guide – bien que perçu comme « intello » – a ses vertus : « Tout ce qui permet d’avoir un discours qui ne vient pas de papa maman est à privilégier ! L’audio-guide, outil qui les autonomise, est ainsi un précieux allié ».

Ce qui marche : re-visionner les oeuvres vues au musée sur le portable de l’ado après le temps de la visite.


TEENAGERS SMARTPHONES
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10- Il fait la tête avant, pendant et après la visite

Emma, mère de quatre enfants, raconte : « Quand on organise une sortie culturelle en famille, il y a toujours un râleur parmi les enfants — ce n’est pas toujours le même d’ailleurs — qui râle pour tous … sachant que les autres sont, eux, tout à fait charmants ! » Ne vous laissez donc pas déstabiliser. Très souvent l’ado a une attitude en décalage avec ce qu’il vit : « Le jeune aime faire semblant de ne pas écouter, ou bien fait la tête mais en fait le message passe » explique encore Anne Vauthrin. « Et même si l’expérience lui a plu, il est probable que vous n’en sachiez rien ! C’est déjà une performance d’avoir été au musée ensemble… Alors, ne vous attendez donc pas à une explosion de joie de sa part ! »

Ce qui marche : faire suivre le musée d’une activité choisie et appréciée – qui n’a rien d’une récompense !

Alors, prêt à tenter l’aventure ? Pour lever vos dernières résistances, lisez ce témoignage : « Quatre heures dans les musées du Vatican, avec 5 enfants de 10 à 18 ans, audioguide en main et sans le moindre soupir, vous le croyez vous ? Nous l’avons vécu en famille. Un miracle de Rome ? Possible… Par contre la visite de la Galerie Borghèse le lendemain fut plus difficile : on ne gagne pas à tous les coups ! Mais nos enfants se souviennent plus du Caravage et du Bernin dont les œuvres étaient exposées à la Galerie Borghèse que les sculptures du Vatican… » Sacrés ados !

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