Designer, restaurateur, courtier en objets d’art… Louis-Marie Vincent a plus d’une corde à son arc. Avec son épouse et associée Claire Vincent, décoratrice d’intérieur, ils gèrent la Maison Louis-Marie Vincent, spécialisée dans la création de mobilier, d’objets de luxe — dont des objets liturgiques — et la décoration intérieure. Attachés à l’excellence, ils répondent ensemble à des commandes prestigieuses pour une clientèle internationale. Passionnés par l’idée du “beau”, Claire et Louis-Marie Vincent tentent, chaque jour, de répondre à cet idéal qu’ils partagent avec Aleteia.
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Après des études d’histoire de l’art à la faculté, Louis-Marie Vincent s’oriente vers la restauration et l’expertise du mobilier ancien. Passionné par la création, il n’ose pas tout de suite se lancer dans la voie du design. “J’avais la volonté de bien connaître mes classiques avant de me lancer dans la création”. Durant cinq ans, il travaille avec des experts avant d’ouvrir son propre atelier de restauration à Bordeaux puis aujourd’hui à Bierné (Mayenne) et Paris, où se situe leur bureau d’études.
De restaurateur à créateur
Son métier de designer va réellement décoller grâce à un prestigieux projet pour une grande marque de luxe. Le commanditaire, impressionné par ses qualités d’ébéniste et sa maîtrise des techniques anciennes, l’encourage à se lancer dans la création. “Ce fut le moment déclencheur. À chaque fois je me disais que je n’étais pas assez mûr, mais ce projet a été un vrai déclic”.
Si l’entreprise est, aujourd’hui, davantage concentrée sur la création et la décoration intérieure, Louis-Marie Vincent tient tout de même à garder une activité de restaurateur. Déjà pour son plaisir personnel et son goût des belles pièces anciennes mais aussi dans un but pédagogique. “En restaurant le mobilier ancien, on découvre, techniquement, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. C’est excellent pour l’apprentissage, surtout lorsque les apprentis ont davantage eu une formation en création”.
Des objets du quotidien à l’aménagement liturgique
Les créations de la Maison Louis-Marie Vincent sont extrêmement diverses : meubles, objets, décoration… elles répondent à des commandes exigeantes et chaque pièce est fabriquée sur-mesure selon le souhait du commanditaire. Mais il porte également un attachement tout particulier aux aménagements liturgiques. Sa rencontre avec les dominicains de Bordeaux a été le point de départ. “L’un d’eux, ancien architecte, voulait réaliser des vrais fonts baptismaux pour son église”. Louis-Marie crée alors un meuble en bois doré pour accueillir une cuve en cuivre. Toujours en quête du meilleur, ce perfectionniste part à la recherche d’un artisan capable de lui fabriquer une cuve spéciale. “En France nous n’avons plus d’artisans capables de réaliser des objets en cuivre martelé. J’ai quand même fini par trouver un compagnon chaudronnier qui a fait un excellent travail”.
Par la suite, les commandes liturgiques s’enchaînent et offrent la possibilité à ce passionné d’affirmer ses convictions personnelles à travers ses créations. Catholique pratiquant, il éprouve un plaisir particulier à offrir le plus beau à l’Église. “Ce que j’aime dans les commandes liturgiques c’est que les religieux sont convaincus par leur projet. Ils veulent quelque chose de durable. Ils ne construisent pas pour l’instant présent, ils construisent pour les années à venir, pour les générations futures. Ils le disent eux-mêmes : “C’est pour l’éternité”.”
Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense des aménagements liturgiques en général, sa réaction ne se fait pas attendre : “Je pense qu’aujourd’hui nous assistons à un véritable renouveau de l’aménagement liturgique. Pendant 70 ans, il me semble qu’il ne s’est pas passé grand chose. Le clergé a eu tendance à rabaisser le mobilier liturgique à quelque chose de purement utile alors qu’il est censé élever les âmes. On a fabriqué beaucoup de mobiliers avec des formes basiques et des matériaux peu nobles. Mon intime conviction est que le beau élève”.
“Je pense qu’il y a quelque chose de transcendant dans le beau”
Mais comment définir le beau ? Les années d’expérience semblent lui avoir donné la réponse : “Je me suis longtemps posé la question du beau. Beaucoup disent que c’est une notion philosophique ou culturelle. Mais plus je vieillis, plus je me dis que c’est faux. J’ai été frappé par un de mes voyages à Florence. Des touristes du monde entier et de tous les milieux sociaux portaient le même regard sur le David de Michel-Ange. Je pense qu’il y a quelque chose de transcendant dans le beau et c’est le propre de l’Homme. Pour moi le beau est universel”.
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Si l’Église s’implique de plus en plus dans les aménagements liturgiques, le chemin est encore long. “Concernant les paroissiens, je pense qu’il ne suffit pas d’assister à la messe. Il faut que les croyants se mobilisent pour leur église, sinon, que vont-ils laisser aux générations futures ? Les catholiques sont trop spectateurs : souvent dans l’attente mais rarement impliqués”.
Une Église qui se réveille ?
Mais pour cet optimiste rien n’est perdu. Preuve en est, ses commandes liturgiques ne cessent de croître. L’aumônier de l’église Saint-Louis du Prytanée de La Flèche (Sarthe), très impliqué par les aménagements liturgiques, lui a commandé un reliquaire mais aussi du mobilier. “Le chœur en marbre du XVIIe siècle n’avait jamais été terminé. L’aumônier s’est dit qu’il était peut-être temps de compléter l’ensemble en créant un ambon.”
Louis-Marie ne se cantonne pas à réaliser quelques objets liturgiques. Avec son associée décoratrice, il lui arrive également de penser l’aménagement complet d’un lieu. À titre d’exemple, son atelier a refait tout le mobilier pour la sacristie de la cathédrale de Saintes (Charente-Maritime). Construite sur pilotis, l’église souffre de l’humidité. Le clergé a donc décidé de vider entièrement la sacristie et de lui offrir un mobilier digne de ce nom. Penderie pour les chasubles et ornements, armoires pour les objets liturgiques… Tout a été pensé dans son ensemble. “Avec le budget disponible, nous avons réalisé un mobilier en merisier dans un style charentais du XVIIIe siècle mais en simplifiant les formes.” En tant que catholique, ses connaissances liturgiques ont évidemment simplifié le travail. “Quand on connaît la liturgie, c’est plus facile de réaliser ce type de commande car on connaît le vocabulaire. Chaque élément a une symbolique particulière”.
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D’autres projets ambitieux ont vu le jour, notamment l’aménagement complet d’une chapelle privée dans un château en Aquitaine. Le propriétaire a demandé à Louis-Marie Vincent de lui dessiner une chapelle du XVIIIe siècle dans l’une des tours de l’édifice. “On a ainsi mêlé des objets anciens — comme un tabernacle et un autel — avec les créations de notre atelier pour créer un ensemble harmonieux. Moulures, faux-marbre, tout a été pensé pour créer une unité et donner l’impression que cette chapelle a toujours existé.”
L’artisanat, quel avenir ?
Aidé par des artisans spécialisés — dont deux présents à temps plein dans son atelier — Louis-Marie Vincent s’attache à s’entourer de gens aussi passionnés que lui. L’un d’eux, ancien DRH dans une grosse entreprise, a décidé de se reconvertir. Déçu par son métier dans lequel il ne trouvait plus de sens, il a effectué un stage dans l’atelier. “On a aimé l’aspect “mûr” de ce choix. Les personnes qui ont pour projet de changer de vie ont une réelle motivation et s’investissent encore plus. Plus que des salariés, ce sont de véritables collaborateurs. Nous avons besoin de gens de confiance pour que cela fonctionne. Les valeurs que nous partageons sont identiques et cela favorise le travail d’équipe”. Louis-Marie évoque également la valeur ajoutée des études supérieures dans le domaine artisanal. “Avec leurs bagages intellectuels, ces actifs apportent une nouvelle dimension au métier. Ils arrivent à synthétiser leurs connaissances pour offrir des choses innovantes”.
Entourés de leur équipe, Claire et Louis-Marie Vincent ont encore de beaux projets à venir. Ils travailleront prochainement pour une église de Tours (Indre-et-Loire) et vont concevoir un mobilier complet pour les propriétaires d’une chapelle privée, désireux de créer un mobilier épuré qui fasse écho à l’histoire de leur famille.
Pour plus d’informations : Maison Louis-Marie Vincent.