Martin de Tours, Ignace de Loyola, François d’Assise et Jean XXIII ont en commun d’être saints et d’avoir été soldats.Qu’ils soient entrés dans l’armée par obligation, passion, recherche de gloire ou mésaventure, tous en sont sortis avec pour seules armes leur ardeur et leur zèle qui ont marqué l’Église et la société. Aleteia vous propose de les redécouvrir.
Saint Martin de Tours (316-397)
Martin, un soldat de l’armée romaine né dans une famille païenne, a très tôt le désir de devenir chrétien mais la loi l’oblige à suivre les traces de son père. Doté d’un caractère à la fois ferme et modeste, il continue de porter en lui les principes de l’Évangile et, à 18 ans, commet le geste décisif de sa conversion qui deviendra pour l’Église universelle “le symbole du partage” : il donne la moitié de son manteau à un pauvre grelotant de froid sur le bord de la route. Ce geste, d’une rare charité de la part d’un militaire, le conduira au baptême, et sera immortalisé par des milliers de sculptures, peintures, et reproduit jusque sur des timbres. Saint Martin de Tours, devenu moine puis évêque, est célébré dans l’Europe entière où il incarne l’idéal de la charité et de l’altruisme.
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Saint Ignace de Loyola, fondateur des jésuites (1491-1556)
Ignace de Loyola, un soldat basque, a un tempérament volontaire. Un boulet de pierre lui a brisé la jambe, durant le siège de Pampelune en 1521. Il devait mourir, il agonise, mais il guérit en lisant la vie des saints et tombe dans la foi. C’est le début de sa grande conversion. Il se dépouille de ses habits de chevalerie, se met à jeûner, à se chercher inlassablement en luttant contre ses vieilles passions : la guerre et les femmes. Sa détermination à changer de vie est forte mais ne se passe pas sans souffrances. Comment concilier son âme de guerrier et cet appel qu’il vient de recevoir ?
Diminué dans son état physique, il découvre une nouvelle aventure : le combat intérieur par l’usage, non plus de l’épée, mais du discernement et de la méditation. Il se fait « pèlerin et soldat de Dieu » en toute chose. Ses fameux Exercices Spirituels constituent toujours la source d’énergie des jésuites, qu’il fonde en 1534. Ils sont “un code parfait, dont tout bon soldat du Christ doit se servir… Car tout y est disposé avec tant de sagesse, tout est en si étroite coordination que, si l’on n’oppose pas de résistance à la grâce divine, les Exercices renouvellent l’homme jusque dans son fond et le rendent pleinement soumis à la divine autorité”, souligne le pape Pie XII dans sa Lettre apostolique du 3 décembre 1922 pour exhorter l’Église entière à se sentir concerné, chacun à son niveau, par ces exercices.
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Saint Longin le centurion
Originaire de Cappadoce, Longin était centurion de soldats romains au moment de la Passion du Christ. Il n’était pas dépourvu d’humanité. C’est lui qui conduit Jésus au Calvaire et réquisitionne Simon de Cyrène quand Jésus défaille sous le poids de la croix. Néanmoins, debout avec les soldats près de la croix, il obéit à l’ordre de Pilate et perce le côté du Sauveur avec une lance. Selon la tradition, il aurait obéi pour épargner à Jésus le supplice du brisement des jambes généralement infligé aux crucifiés. Chargé ensuite de garder son tombeau après sa sépulture, il est témoin des grands prodiges réalisés au moment de sa résurrection, qui le confirment dans sa croyance.
Longin quitte alors l’armée et, après avoir été instruit et baptisé par les apôtres, intègre la vie monastique en Cappadoce où, pendant 28 ans il convertit tant de monde à la foi par sa parole et ses exemples. C’est le début du christianisme dans la région. Ce centurion romain qui confessa sa foi au pied de la Croix en contemplant la mort du Christ — « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! » (Marc 15,39), s’écria-t-il en voyant comment il avait expiré — est fêté le 16 octobre en Orient et le 15 mars en Occident.
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Saint François d’Assise (1181-1226)
François, né dans une famille de marchands très aisés d’Ombrie (Italie), a une grande joie de vivre et mène une vie dissipée, typique des jeunes riches de l’époque, à la recherche d’une gloire qui le fasse entrer dans le cercle très étroit de la noblesse. Il embrasse la carrière militaire. Mais peu à peu la solitude, la maladie et une voix intérieure, provoquent un changement radical dans sa vie. François vend son cheval, donne son armure à un pauvre chevalier et rentre à Assise où il découvre les beautés de la nature et cherche à donner un sens à sa vie. Selon un résumé de sa conversion par la Custodie S. Pio, il va au-delà de toutes les barrières sociales embrassant un lépreux, un exclu de son temps.
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Le Christ s’adresse à lui à travers le crucifix de saint Damien et l’appelle à réparer son église. Il s’y attelle, entrainant avec lui d’autres camarades. Le jeune homme s’est dépouillé de tout ce qu’il possède devant son père, scandalisé. Seul Dieu est désormais son prêtre. « Paix » et “réconciliation” sont ses maîtres-mots, les piliers fondateurs du mouvement franciscain qui grandit et se répand rapidement, marquant pour toujours l’Église et la société. François est comme une avalanche activée par une force miraculeuse : on le suit par centaines, par milliers, des hommes de toute les couches sociales, jeunes et moins jeunes, laïcs et prêtres… Comme de vrais soldats de Dieu !
Saint Camille de Lellis (1550-1614)
Camille de Lellis, né dans une noble famille d’Italie, est un homme tourmenté et dissipé. Il s’engage très tôt dans l’armée espagnole. Mais il aime le jeu, et un jour de malchance, il perd tout ce qu’il possède. Renvoyé de l’armée, il aboutit comme homme de service chez les capucins de San Giovanni Rotondo où germent les premières graines de sa conversion. Mais son état de santé — un ulcère incurable à la jambe – entrave sa décision d’entrer dans les ordres et il se rend à Rome pour se faire soigner. Confronté à la détresse d’autres malades, il s’engage à leurs côtés comme infirmier.
Mais très vite l’indifférence de ses collègues à leur égard le bouleverse — lui qui voit dans les plaies qu’il soigne celles du Christ. Cette indifférence lui est tellement insupportable qu’il souhaite tout réformer Pour cela, il entraine avec lui de jeunes camarades qui, de fil en aiguille, attirés par ce « géant de force, de courage, de charité et de douceur », formeront le premier noyau des Clercs Réguliers des Infirmes surnommés plus familièrement les “Camilliens”. L’importance de ses réformes fit de de Camille de Lellis “le précurseur de la bienfaisance publique moderne”, et lui valut le titre de “Protecteur des hôpitaux et des malades”.
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Saint Jean XXIII (1881-1961)
Jean XXIII, né Angelo Giuseppe Roncalli, élu pape en 1958, n’a pas été proprement dit un soldat, à part une première année difficile de service militaire dans l’infanterie en 1901 pour que son frère reste sur l’exploitation agricole de ses parents. Pendant la Première Guerre mondiale, il a été incorporé, en 1915, dans le service des santés des armées, comme sergent de l’armée royale italienne, avant de devenir aumônier militaire dans les hôpitaux, où il soigne et console les blessés de guerre, les réconciliant avec la foi à force d’optimisme et gentillesse, rapportent ses biographes.
Foi, espérance, charité, amour de Dieu et amour des frères, constituaient son ardeur et son zèle à l’époque. Ces valeurs furent le fil conducteur de son bref pontificat (1958-1963) pendant lequel il s’efforça de répandre sur tous l’abondance de la charité chrétienne et de promouvoir l’union fraternelle entre les peuples. Ces valeurs, il les portait sur son visage, celui d’un homme en paix et serviteur de la paix, d’un père aimable et encourageant qui savait transmettre confiance et sérénité autour de lui. On lui reconnaît également sa bonne humeur et un humour nés de la simplicité qui débordait de son humilité et de sa relation intime avec Dieu, comme souligné lors de sa canonisation, le 27 avril 2014.
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