On demande souvent à Jésus la consolation. Pourtant, Lui aussi a parfois besoin d’être consolé car outre avoir porté nos péchés, dans son corps, sur la Croix, il continue encore à souffrir en ses membres. Mais comment consoler Dieu ?
Le mois du Sacré-Coeur de Jésus nous invite à méditer sur « ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’Il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour », selon les paroles de Jésus à sainte Marguerite-Marie. Et Jésus ajoutait : « En retour, je ne reçois, de la plupart, que des ingratitudes par leurs irrévérences, les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour », l’eucharistie. Mais peut-on vraiment consoler aujourd’hui Celui qui a réellement souffert il y a deux mille ans ? Pourquoi et comment consoler Celui qui vit maintenant au Ciel, dans la béatitude éternelle ?
« J’ai cherché quelqu’un pour me consoler, et je n’ai trouvé personne »
La première objection nous invite à redéfinir le rapport entre le temps historique et l’éternel présent de Dieu. Il existe ainsi une mystérieuse contemporanéité entre les événements de la vie du Christ et notre propre histoire, de sorte que l’événement historique nous rejoint aujourd’hui dans notre réalité propre. Ainsi, le sacrifice eucharistique rend réellement présent le sacrifice de la croix. L’Écriture nous rappelle d’ailleurs que le Christ a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois (1 P 2, 24). C’est pourquoi l’Église n’a jamais oublié que les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peines qu’endura le divin Rédempteur.
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Si c’étaient « nos souffrances qu’Il portait, nos douleurs dont Il était chargé » (Is 53, 4), on peut alors comprendre que ce sont aussi nos actes d’amour, nos offrandes, nos « oui » qui, inversement, peuvent apporter consolation et réconfort au Christ souffrant sa Passion. Le verset 21 du Psaume 68 avait profondément marqué sainte Teresa de Calcutta : « L’insulte m’a broyé le cœur, le mal est incurable ; * j’espérais un secours, mais en vain, des consolateurs, je n’en ai pas trouvé ». Elle avait ajouté de sa propre main à côté de ce texte : « Sois cette personne ! ». Le pape Pie XI concluait ainsi cette réflexion : « Si, à cause de nos péchés futurs, l’âme du Christ devint triste jusqu’à la mort, il n’est pas douteux qu’elle a dès ce moment reçu quelque consolation de nos actes de réparation. En sorte que nous pouvons et devons, maintenant même, consoler ce Cœur sacré. »
Le Christ continue à souffrir en ses membres
Nos actes d’amour contribuent ainsi à consoler Jésus de nos péchés qui L’ont cloué sur la croix. Cette consolation se fait particulièrement dans l’adoration eucharistique, l’Heure sainte en présence du « sacrement du Cœur de Jésus ». « Voici que l’Église recherche sans cesse cette heure perdue dans le jardin des Oliviers, perdue par Pierre, Jacques et Jean, pour réparer cette désertion et cette solitude de Jésus », disait saint Jean Paul II. Pour répondre à la deuxième objection, il convient de considérer le Christ « tout entier » : tête et corps. Saint Paul tombé de son cheval demande : « Qui es-tu, Seigneur ? » La voix répondit : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes » (Ac 9, 5). Jésus nous avait Lui-même enseigné :
« Tout ce que tu as fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que tu l’as fait. ».
Ainsi, le Christ continue à souffrir en ses membres, en tous nos frères et sœurs en humanité. Et la consolation du Cœur du Christ passe par la consolation de ces frères et sœurs.
Père Nicolas Buttet
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