Campagne de soutien 2025
Ce contenu est gratuit, comme le sont tous nos articles.
Soutenez-nous par un don déductible de l'impôt sur le revenu et permettez-nous de continuer à toucher des millions de lecteurs.
Un rêve sillonne les eaux méditerranéennes depuis un bon mois maintenant. De l’Espagne au Maroc, longeant désormais les côtes siciliennes, il se veut école de la paix. Il abrite des jeunes des différents pays du pourtour de cette mer intérieure, que dénature de nos jours en frontière ceux qui prétendent la rendre imperméable. Ces jeunes, de différentes traditions religieuses, de cultures et de langues que l’on voudrait opposer, juifs, chrétiens, musulmans, réfléchissent, partagent, prient, se confient, se rencontrent. Et sur l’eau, nul ne peut s’échapper ou durablement se cacher. Le mal de mer des premières heures, le sentiment de sa fragilité au milieu des flots infinis, les manœuvres nécessaires à la navigation de la goélette : l’esquif devient une grande barque fraternelle.
À Naples, un écosystème vertueux
Le rêve du Bel Espoir progresse au milieu des vociférations guerrières de nos actualités quotidiennes. Un rêve jeune qui ne se laisse pas impressionner par les rodomontades de vieux messieurs qui prétendent à gouverner le monde et intimider nos vies. Ce rêve transporte les aspirations de ceux qui montent à son bord : construire un monde que cette mer réunisse, elle qui aspire à être un lieu d’échanges et de communications. Mais il va aussi, ce rêve, à la rencontre d’autres rêves qui bâtissent dans chaque port, dans chaque ville abordée, un monde plus vivant. Comme à Naples, où la coopérative sociale La Paranza-Rione Sanita montre, et de quelle manière, que tout est possible à ceux qui croient.
Au début du siècle, en 2006, un prêtre, Don Antonio Loffredo, appelé dans ce quartier, un des plus pauvres de Naples, constate le paradoxe qu’il y a à ce qu’une jeunesse entière soit engloutie par les trafics et la délinquance au cœur d’un environnement si riche culturellement. Comment leur faire prendre conscience du trésor dans lequel ils évoluent ? Les catacombes de San Gennaro, des premiers siècles de notre ère, les églises baroques, sont délaissées, loin des routes touristiques : le quartier est jugé trop dangereux et impraticable pour les agences de tourisme. Don Antonio embauche des jeunes désœuvrés, avec eux il restaure, travaille, construit, abat des murs et ouvre des portes : en peu de temps, les catacombes deviennent un lieu majeur, les réservations affluent, les églises réouvrent leurs portes. Les célébrations y sont suivies de temps festifs où les jeunes se retrouvent autour de la musique, du cinéma. Des coopératives culturelles, sportives, éducatives se multiplient : c’est tout un écosystème vertueux qui pousse en à peine vingt ans et porte aujourd’hui ses fruits. Des dizaines de jeunes ont retrouvés confiance en eux. Et surtout, une fierté est née. Celle de pouvoir montrer au monde le trésor que l’on a reçu. Un patrimoine bien sûr, mais pas un musée figé, une histoire bien vivante. Et qui se continue.
Le pavillon de l’espérance
Naples sera en octobre la dernière escale du Bel Espoir avant de faire son entrée finale dans le Vieux Port de Marseille. D’ici là, d’autres rêves seront partagés et rencontrés par les équipages qui s’y succèderont. Au milieu des bruits de bottes et des massacres d’innocents, sur une mer où tant de souffrances sont étouffées par les flots de nos indifférences, il porte fièrement le pavillon de l’espérance qu’un autre monde est déjà là. Un monde qui ne se résume pas à celui que fabriquent nos peurs et nos égoïsmes. Un monde où l’Évangile n’invite pas les chrétiens à se replier dans leurs clochers ou à se draper dans leurs certitudes, mais à passer d’une rive à l’autre sans s’arrêter ni se lasser.
Car ces passages sont autant de victoires sur la mort. Et ces ports où l’on accoste, autant de terres de rencontres où se révèle le visage du Christ. Sans nier les crises et les misères de l’époque, le bateau nous invite à les traverser, confiants en celui qui rend la vigueur au paralysé, ouvre les yeux de l’aveugle, fait entendre le sourd et parler le muet. Si vous voulez trouver une raison de vous réjouir et d’avancer sur le chemin de Pâques, suivez cette odyssée du bateau de la paix : montez à son bord par la prière et laissez-vous porter avec confiance vers les rivages où il vous conduira. Le rêve qu’il porte est tout l’inverse d’un fantasme : il est désir d’un possible qu’il ne tient qu’à nous de vivre dans notre quotidien. Embarquez dès maintenant !