Santé du Pape : quels sont les scénarios possibles ?

Le Pape va mieux et les bulletins médicaux se font plus rassurants, mais il n’est pas à l’abri d’une éventuelle rechute. "Il reste de potentiels aspects critiques, le pontife étant un patient de 88 ans, et son tableau clinique étant encore complexe", glisse une source vaticane, invitant à la "prudence". 

Ces dernières semaines ont d’ailleurs démontré que la situation était incertaine. Les vaticanistes ont tous le souvenir vif de deux bulletins médicaux qui ont plongé le monde médiatique en alerte, sans préavis. Le 22 février, le Vatican faisait savoir que François avait eu une crise respiratoire prolongée et qu’il avait dû bénéficier de transfusions sanguines pour une baisse de plaquettes dans le sang et une anémie. Si le tableau était déjà inquiétant, celui du 28 février allait encore faire monter d’un cran l’inquiétude : le Pape avait souffert d’une crise marquée de spasmes et de vomissements. 

Pour le chef de l’Église catholique, la guérison complète n’est pas encore déclarée. La double pneumonie découverte il y a deux semaines et l’infection polymicrobienne sont encore en stade de traitement. "Il sera nécessaire de poursuivre, pendant d'autres jours, un traitement médical médicamenteux en milieu hospitalier", a pour le moment précisé le corps médical, sans avancer de date pour une sortie d’hôpital. 

Lorsque le retour au Vatican sera possible, plusieurs options s’offrent au 266e pape. François pourrait d’abord reprendre le gouvernail de l’Église. On l’a vu par le passé remonter la pente de façon spectaculaire après des ennuis de santé. En août 2023, il se rendait ainsi aux Journées mondiales de la jeunesse de Lisbonne, remis d’une lourde opération intestinale subie moins de deux mois plus tôt. 

On l’a vu également entreprendre un périple de onze jours en Asie et en Océanie en septembre dernier, à 87 ans et avec une motricité réduite. Sa résistance hors du commun avait surpris bon nombre d’observateurs. "Le Pape est un combattant, il gagnera cette bataille", affirmait récemment Mgr Giuseppe Satriano, l’archevêque de Bari, devant la presse. 

Actuellement le Saint-Siège est très discret sur l’état actuel du Pape, qui ne s’est pas montré en public depuis le 14 février. Sa convalescence pourrait être longue et demander une réduction de ses activités encore pendant quelque temps. Comme lors des dernières années de Jean Paul II, le pontife argentin pourrait choisir de limiter dorénavant ses rendez-vous, s’appuyant sur ses collaborateurs pour le remplacer. Dernièrement, le Pape a ainsi délégué des cardinaux aux messes qu’il devait présider. 

Le pape François a répété qu’il voyait la papauté comme une mission "ad vitam", toutefois il n’a pas exclu l’hypothèse d’une renonciation en cas de grave empêchement. 

La question se pose encore davantage dans le contexte du Jubilé 2025. Jusqu’en décembre prochain, l’agenda officiel du pontife – avant l’hospitalisation – est chargé d’audiences jubilaires et de célébrations avec les pèlerins des grands jubilés à thème. L’absence du Pape pour raison de santé susciterait quelque déception parmi les fidèles.

Dans ce contexte, l’annonce récente depuis l’hôpital de la convocation d’un consistoire censé statuer sur de futures canonisations – sans date pour le moment – a suscité des interrogations. D’aucuns supposent que le Pape s’est laissé une porte ouverte et pourrait renoncer à cette occasion, comme l’avait fait Benoît XVI en 2013. 

Mais cette thèse est peu plausible pour d’autres, qui estiment que si François venait à envisager de quitter sa charge, il ne l’annoncerait pas devant les cardinaux. "Il le ferait devant les fidèles pendant un angélus ou une audience générale", imagine un vaticaniste rompu. 

Dans l’attente des évolutions prochaines, l’incertitude demeure. Et nombre d’observateurs reconnaissent de concert que le pontife argentin est imprévisible.