Trois ingrédients indispensables pour une conversation de qualité

"Alors que la capacité de discuter vient naturellement à tout enfant, la conversation est un art qui doit être appris, pratiqué, et constamment enrichi, sous peine de devenir bête et répétitive", écrit l’historien britannique Theodore Zeldin dans son ouvrage De la conversation. En effet, la qualité de l'échange est liée à l'investissement de ses participants. S’ils savent mener une conversation, ils sont les interlocuteurs parfaits dans un groupe d’amis. Dans Trêve de bavardages (Eyrolles), Fanny Auger dévoile quelques ingrédients indispensables à celles et ceux qui souhaitent maîtriser l’art de la conversation. "La plupart des gens pensent qu’il suffit de parler, d’ouvrir la bouche, pour avoir une conversation. En vérité, c’est une recette beaucoup plus ingénieuse", affirme l’auteur, qui estime que pour une conversation de qualité, il faut avant tout réunir trois fondamentaux : le désir, l’ouverture, et l’écoute.

"Il n’est pas de bonne conversation sans désir d’entrer en conversation", assure Fanny Auger. Parfois, en effet, parler de la météo avec la gardienne ou des problèmes de transport avec un collègue ne passionne guère. "Il y a des jours où l’on n’a pas la tête à ça, tout simplement. Dans ce cas, inutile de pousser, mieux vaut reporter la conversation à une autre fois", rassure l’auteur. Cependant, elle souligne que, parfois, forcer un peu les choses peut aboutir à une conversation aussi riche qu’inattendue : "Parfois, nous n’avons pas nécessairement envie de parler à notre voisin dans le bus, l’avion, le train. Et pourtant on se prend au jeu et on finit par avoir une conversation aussi riche qu’inattendue."

Ainsi, il est important de rester ouvert pour pouvoir suivre le cours d’une bonne conversation et se laisser parfois emporter au gré du courant. Parfois s'engager dans une discussion avec un inconnu peut déboucher sur une conversation passionnante. "On dit souvent que les personnes que l’on rencontre savent des choses que l’on ne sait pas soi-même", explique Fanny Auger. Mais cet échange inattendu ne peut avoir lieu qu’à condition d’être ouvert à l’autre.

"Faites attention à la manière dont vous écoutez", dit Jésus (Lc 8, 18). Pour avoir une bonne conversation, il faut en effet savoir écouter car c'est en écoutant qu'on apprend à répondre de façon pertinente. La qualité de l’écoute détermine d’ailleurs l’amabilité de la personne. "Si vous avez une écoute hors du commun, les gens se souviendront de vous, et vous apprécieront pour toujours", assure Fanny Auger. La spécialiste conseille quelques exercices pour apprendre à mieux écouter les autres : "se forcer à ne pas surenchérir du tac au tac", "sourire, donner son assentiment, et reformuler ce que la personne vient de dire, afin d’être certain d’avoir bien saisi son propos" et surtout "pratiquer le silence".

À ces trois ingrédients, l'auteur de Trêve de bavardages ajoute quatorze épices pour rendre les conversations plus savoureuses, comme l’attention, la curiosité, les questions ouvertes, le tact, l’empathie, mais aussi la sincérité. "Sans la sincérité des deux partenaires, il est difficile d’établir une vraie conversation. Les masques, les faux-semblants semblent bien superflus quand il s’agit de converser, et annulent la possibilité d’une conversation", assure l’auteur. Ainsi, en maîtrisant quelques ingrédients essentiels d’une véritable conversation, tout échange de paroles peut devenir une occasion de créer des relations sincères et durables avec son entourage.