La Journée mondiale des malades de la lèpre est organisée tous les ans le dernier week-end de janvier depuis 1954. Sa création en revient à Raoul Follereau, sur une idée de son ami l'abbé Eugène Balez. Depuis son origine, la Journée mondiale des lépreux, devenue en 2023 celle des malades de la lèpre, vise deux objectifs : d'abord permettre que les lépreux soient soignés et traités comme les autres malades, en respectant leur liberté et leur dignité d'êtres humains, et ensuite, suivant l'expression de son fondateur, "guérir les biens portants" de la peur absurde et parfois criminelle qu'ils ont de cette maladie et de ceux qui en sont atteints.
La recherche, la prévention et les soins
Raoul Follereau (1903-1977), écrivain et journaliste français, reconnaissable à la lavallière qui ne le quittait jamais, avait été confronté pour la première fois à la lèpre lors d'un voyage en Afrique dans les années 1920. Il avait alors décidé d'en faire l'un des combats de sa vie mais c'est son hébergement, pendant la guerre, chez les Sœurs missionnaires de Notre-Dame des Apôtres, qui va lui permettre de concrétiser son engagement. Pour soutenir leur léproserie d'Adzopé en Côte d’Ivoire, il va commencer à collecter des fonds à travers l'Europe et l'Amérique du Nord. Dans sa lutte, il fait également la rencontre de l'Ordre de Malte qui, dès son origine au XIe siècle, s'est investi dans les soins apportés aux lépreux. C'est donc assez naturellement que Raoul Follereau, en 1954, l'année de création de la Journée mondiale, est élevé au rang de commandeur de l'Ordre du mérite de l'Ordre souverain de Malte.
Afin de pérenniser son action, sont créées en 1968 les fondations devenues, en 1984, la Fondation Raoul-Follereau. Même si celle-ci n'est pas vouée exclusivement à la lèpre, cette dernière constitue une part importante de son activité, notamment pour la prévention et le dépistage de la maladie. De son côté, l'Ordre de Malte, plus particulièrement sa branche française, présente dans tous les pays francophones, poursuit son action dans le même sens. Dans sa vocation au service des pauvres et des malades, il est engagé sur tous les fronts : la recherche, dans l'espoir raisonnable de trouver un jour un vaccin, la prévention par des campagnes d'information et de sensibilisation auprès des populations concernées, les soins grâce à la mise au point et à la diffusion d'un traitement trithérapique ainsi que la pratique d'interventions chirurgicales et l'appareillage des personnes handicapées quand la lèpre a déjà fait subir ses conséquences.
Une maladie toujours présente
La lèpre n'est pas une fatalité dans les pays où elle sévit, plus particulièrement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Depuis quarante ans, le nombre des lépreux a été divisé par cinq, passant de 15 millions à 3 millions de personnes touchées, en dépit de nouveaux cas chaque année dus au manque d'hygiène. Cette maladie reste ainsi une réalité du présent et ne doit pas être considérée comme appartenant seulement aux temps bibliques. De fait, deux chapitres du Lévitique (Lv 13 et 14) lui sont consacrés tandis que dans l’Évangile, le Christ guérit une fois un lépreux (Mc 1, 40-45) et une autre fois dix lépreux (Lc 17, 11-19). Au-delà de la maladie, la lèpre évoque l'impureté et le péché mais aussi l'exclusion et le désir de justice que la guérison permet de restaurer.
Les saints contre la lèpre
C'est sans doute la raison pour laquelle l’Église, à travers ses œuvres et ses membres, s'est toujours impliquée dans la lutte contre la lèpre et la défense des lépreux. Outre ceux mentionnés plus haut, des figures de sainteté méritent d'être citées. Joseph de Veuster (1840-1889), plus connu sous le nom de Damien de Molokaï, est un prêtre belge, de la congrégation des Pères de Picpus, considéré comme le saint des lépreux pour leur avoir consacré sa vie sur une des îles Hawaï où les lépreux étaient relégués. Devenu lui-même lépreux, il a été canonisé par le pape Benoît XVI en 2009. Après lui, le flambeau a été repris par Marianne Cope (1838-1918), religieuse franciscaine américaine d'origine allemande qui mena son apostolat sur la même île, sans être atteinte par la maladie. Elle a été canonisée par le même pape en 2012. Un autre prêtre, Pierre Donders (1809-1887), rédemptoriste néerlandais, a lui aussi dédié sa vocation aux lépreux du Suriname, lui valant d'être déclaré bienheureux par le pape Jean Paul II en 1982. Enfin le capucin italien, Daniele da Samarate (1876-1924), est devenu vénérable par décret du pape François en 2017 pour ses vertus héroïques déployées à l'égard des lépreux du Brésil.
En leur souvenir et surtout pour la charité due aux lépreux, sans doute les plus pauvres des plus pauvres, les chrétiens ne manqueront pas de faire bon accueil aux quêteurs de la Fondation Raoul-Follereau et de l'Ordre de Malte France qui solliciteront leur générosité samedi 25 et dimanche 26 janvier.