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Cinéma : la leçon de courage de Bonhoeffer, “l’espion de Dieu”

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Jonas Dassler dans le rôle du pasteur Dietrich Bonhoeffer.

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Agnès Pinard Legry - publié le 21/01/25
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En salles le 22 janvier, le film "L’espion de Dieu" retrace l’histoire du pasteur et résistant allemand Dietrich Bonhoeffer, reconnu par l’Église anglicane comme l’un des principaux martyrs du XXe siècle. Une leçon de courage et d’engagement qui interroge sur la notion du mal et du moindre mal.

Son nom demeure peu connu du grand public. Dietrich Bonhoeffer fait pourtant partie de cette cohorte de résistants et martyrs du nazisme arraché violemment à la vie pour avoir osé s’opposer à un régime et prôner le message du Christ. Pendu à 39 ans au gibet d’un camp de concentration de Bavière après un simulacre de procès quelques semaines seulement avant la fin de la seconde guerre mondiale, sa mort pourrait donner le sentiment d’une vie gâchée. Mais c’est une vie donnée que fut celle du pasteur allemand Dietrich Bonhoeffer. "L’Espion de Dieu", en salles le 22 janvier et réalisé par Todd Komarnicki (Sully avec Clint Eastwood), nous plonge dès les premières images dans la paisible région de Breslau, l’actuelle Wroclaw en Pologne, où le facétieux Dietrich coule des jours heureux entre des parents aimants et une fratrie soudée.

Durement éprouvé par la mort de son grand frère Walter au combat lors de la Première guerre mondiale, il se pose alors des questions sur la mort, l’éternité et la foi. Une réflexion qui le mène à choisir des études de théologie pour devenir pasteur luthérien. Brillamment interprété par l’acteur allemand Jonas Dassler, Dietrich Bonhoeffer poursuit sa formation à New York alors que l’Allemagne traverse une crise profonde ouvrant la voie au nazisme et à Hitler. À son retour, tout à sa découverte du gospel et de la manière de prêcher outre-Atlantique, il peine à croire ce qu’il voit et que ses proches décrivent : la prise de pouvoir d’Adolf Hitler.

Avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité, Todd Komarnicki expose les questionnements que sont ceux du pasteur et des différents hommes d’Église au moment de l’arrivée du nazisme. Suivre le mouvement ? Faire le dos rond ? Ou s’opposer et montrer qu’une autre voie est possible ? C’est ce dernier chemin que choisit de prendre Dietrich Bonhoeffer. Un chemin qui l’amènera à prendre une part active dans l’"Église confessante", structure dissidente aux courants ecclésiaux officiels favorables au nazisme. De 1935 à 1937, il poursuit le combat en dirigeant le séminaire de Finkenwalde près de Stettin destiné à former les futurs pasteurs de cette nouvelle Église.

Mais, et c’est peut-être toute la beauté et la limite de ce long-métrage, les questionnements de Dietrich Bonhoeffer prennent une tournure inattendue lorsqu’on lui propose de participer à un complot contre Hitler. Tuer un homme pour en sauver des millions. Pour cet homme de paix qui s’est jusqu’alors toujours refusé à employer la violence, il s'agit de tenter de stopper la folie destructrice du Führer. À un jeune étudiant ne comprenant pas son choix il répond : "David n’était-il pas un berger jusqu’à sa confrontation avec Goliath ?". Mais le complot ne fonctionne pas et Dietrich Bonhoeffer est arrêté. Alternant avec finesse des scènes d’espérance et d’humanité avec des scènes violentes et douloureuses, Todd Komarnicki traduit avec force les questionnements moraux et états d’âme qu’ont été ceux des femmes et des hommes de paix dans la tourmente de la Seconde guerre mondiale.

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Dietrich Bonhoeffer est arrêté par la gestapo le 5 avril 1943 et sera pendu quelques semaines avant la fin de la Seconde guerre mondiale.

Bien sûr, il ne s’agit pas d’une autobiographie et le réalisateur a pris des libertés quant à la vie du pasteur, aux épreuves rencontrées et aux discours tenus. Mais Todd Komarnicki relève le défi de plonger le spectateur, pendant un peu plus de deux heures, dans les pas d’un homme qui n’a pas hésité à se lever et à résister alors même que le monde s’effondrait. Et d’inciter celles et ceux qui le désirent à ouvrir grand les portes laissées entrouvertes par le long-métrage.

Pratique

"L'Espion de Dieu" de Todd Komarnicki avec Jonas Dassler, Flula Borg et David Jonsson. 2h12. En salles le 22 janvier 2024.
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