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[HOMÉLIE] Le baptême de Jésus, c’est sa Passion

Dans la cathédrale Notre-Dame de Chartres, sculptures du déambulatoire, XVIe siècle.

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Clément Barré - publié le 11/01/25
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Prêtre coopérateur de la paroisse Saint-Joseph-des-Jalles, dans le diocèse de Bordeaux, le père Clément Barré commente les lectures de la fête du baptême du Seigneur. Le baptême de Jésus, le baptême qu'il veut recevoir, c’est sa Passion qui nous arrachera au pouvoir du péché et de la mort.

Peut-être nous faut-il ce dimanche partir d’un étonnement : l’Évangile de la messe du baptême du Seigneur ne raconte pas le baptême de Jésus. L’évangéliste ignore totalement la matérialité de l’évènement : pas de description matérielle, pas de récit du dialogue entre Jean et Jésus… Luc a même évacué Jean rapidement, au détour d’un verset coupé par le découpage liturgique. Ne reste au récit de Luc que deux éléments qui semblent beaucoup plus importants : la profession par Jean de l’insuffisance de son baptême et la théophanie où la voix du Père et l’onction de l’Esprit descendent sur Jésus le désignant comme "Fils bien aimé".

L’insuffisance du baptême de Jean

Si Luc consacre assez peu de temps au récit du baptême de Jésus, c’est, peut-être, parce que Jean lui-même semble en relativiser beaucoup l’importance, comme il relativise sa propre importance par rapport à celui qu’il annonce. De même que Jean se met toujours en retrait par rapport à Jésus dont il est le précurseur, de même il sait bien que son baptême n’est que le précurseur du baptême véritable et qu’il est donné en prévision de plus grand que lui. Si le baptême de Jean est insuffisant c’est qu’il appartient à l’économie de l’ancienne alliance : il prépare, il dispose, il annonce mais, en lui-même, il n’accomplit rien. L’insuffisance du baptême de conversion que donne Jean consacre l’insuffisance de la première alliance, c’est-à-dire l’insuffisance de la loi qui dénonce le péché dans le cœur de l’homme mais est impuissante à le sauver.

En professant lui-même l’insuffisance du baptême qu’il donne, Jean nous rappelle à cette réalité : s’il n’y a pas de salut sans conversion, la conversion n’est pas suffisante au salut. Autrement dit : le salut n’est pas une question d’éthique et nous ne nous sauverons pas nous-même. Quelles que soient notre valeur et nos vertus, nul baptême, nulle ablution, nul bain ne peut nous laver de la tâche de notre péché si Jésus n’y est pas descendu avant. Jésus vient abattre cette limite sur laquelle se heurtait l’ancienne alliance jusqu’au baptême de Jean, il vient non pour abolir mais pour accomplir.

Le baptême de Jésus

La loi et l’ancienne alliance avaient laissé l’homme implorant et soupirant vers Dieu : « Ah ! Si tu déchirais les cieux et descendais » criait le prophète Isaïe. Ici le ciel s’ouvre et il ne se fermera plus, Dieu est descendu et il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin. Il rend efficace les signes, il rend salvifique la conversion, ce n’est plus le temps de la loi mais le temps du mystère, c’est-à-dire le temps où Dieu vient récapituler toute chose dans le Christ et nous unir à lui dans Sa plénitude.

C’est pour nous, et uniquement pour nous, que Jésus est descendu dans les eaux du Jourdain. Non seulement le baptême de Jean est insuffisant, mais en plus Jésus n’en avait aucun besoin.

Car c’est pour nous, et uniquement pour nous, que Jésus est descendu dans les eaux du Jourdain. Non seulement le baptême de Jean est insuffisant, mais en plus Jésus n’en avait aucun besoin. Si c’est un baptême de conversion qui aide l’homme pécheur à faire pénitence, alors Jésus qui est l’Innocent par définition, est le seul de tous les hommes à n’être en rien concerné par ce baptême. Lui, le pur, n’a rien à purifier par ce bain mais c’est lui qui en purifie l’eau pour nous la donner comme signe du baptême véritable. Ce baptême qu’il n’a pas encore reçu, ce baptême dont il parlera quelques chapitres plus tard en disant : « Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien il me tarde qu'il soit accompli ! » (Lc 12, 50.)

En vue de sa Passion

Le baptême que Jésus veut recevoir, c’est sa Passion. C’est en vue de sa Passion que Jésus entre dans les eaux du Jourdain pour que l’eau morte devienne en lui source de vie jaillissante qui coulera de son côté transpercé. C’est aussi en vue de sa Passion que l’Esprit descend sur lui aujourd’hui pour que sur la croix, il puisse le remettre entre les mains du Père avec tous ceux sur qui cet Esprit aura été répandu.

Le Fils éternel né du Père éternel, qui, par l’action de l’Esprit-Saint, a pris chair de notre chair, inaugure son ministère public mais déjà, c’est sa Pâque qui est préparée. En montrant d’où il vient, il nous montre aussi où il nous conduit, dans cette communion d’amour avec le Père et l’Esprit. Car c’est bien pour cela que le Fils est venu dans le monde : pour nous arracher aux ténèbres de l’autosuffisance, du repli sur soi, de l’ignorance, de la division et de la mort. Pour nous faire entrer dans la gloire du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, communion bienheureuse, lumière sans déclin, vie éternelle.

Lectures de la fête du baptême du Seigneur :

Is 40, 1-5.9-11, Ps 103 ; Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 ; Lc 3, 15-16.21-22
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