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La “storia straordinaria” de Bernadette de Lourdes s’affiche partout à Rome

Affiche du spectacle Bernadette de Lourdes à Rome.

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Cyprien Viet - publié le 10/01/25
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Après avoir rencontré un large succès depuis 2019 dans la cité mariale puis en tournée en France, la comédie musicale Bernadette de Lourdes se lance en version italienne, avec un spectacle présenté à Rome dans le cadre du Jubilé du 16 janvier au 16 février, avant une tournée dans la Botte.

Impossible d’y échapper quand on circule dans Rome : depuis quelques semaines, les affiches mettant en valeur lastoria straordinaria” de Bernadette de Lourdes s’affichent sur de nombreux arrêts de bus, remettant à l’honneur une figure traditionnelle qui détonne quelque peu dans des espaces publicitaires généralement dédiés à des marques de luxe ou à des banques.

Mais comment une sainte du XIXe siècle peut-elle recommencer à marquer la culture contemporaine ? Pour les promoteurs et les artistes du spectacle, qui en ont présenté quelques extraits mercredi à la presse, l’enjeu n’est pas simplement de réveiller le traditionnel attachement de nombreux catholiques italiens à la dévotion mariale, mais de rencontrer un nouveau public en le sensibilisant à l’histoire de Bernadette Soubirous, jeune fille de 14 ans issue d’un milieu pauvre, et confrontée à des apparitions mariales qui lui valurent des réactions d’incompréhension.

"Bernadette n’est pas Britney Spears, mais elle rejoint énormément les jeunes", a remarqué le metteur en scène du spectacle, Serge Denoncourt, artiste canadien connu pour ses collaborations avec le Cirque du Soleil, Eros Ramazzotti ou encore Tina Turner. "Le spectacle plaît beaucoup aux jeunes et aux adolescents, avec une dimension de révolte de l’adolescence", a souligné le producteur, Roberto Ciurleo. La chanteuse Gaia di Fusco, qui interprète le rôle de Bernadette, s’est dite touchée par l’histoire de cette adolescente de 14 ans, issue d’un milieu pauvre, méprisée, suscitant des jalousies dans sa propre famille. La plus jeune artiste de la troupe, Anna Bonnassi, a relevé que la clé de l’histoire de Bernadette, c’est l’écoute dont elle a finalement bénéficié après avoir été initialement jugée avec scepticisme : "Nous les jeunes, nous avons besoin d’écoute", a-t-elle insisté. 

Traduire l’humain et le divin

Plus que l’image pieuse bien connue de la sainte, c’est donc une Bernadette humaine que le spectacle veut faire découvrir au public italien, sans pour autant en offrir une vision romancée : si les chansons sont des interprétations permettant d’exprimer "la poésie et la dimension spirituelle", les séquences parlées sont fidèles aux archives historiques, notamment les lettres de Bernadette, reprises telles quelles, avec leur part de fautes de français et de dialecte.

La traduction italienne de ces textes a donc nécessité beaucoup de délicatesse, dont a témoigné le traducteur et arrangeur Vincenzo Incenzo, parolier très connu en Italie notamment pour ses nombreuses participations au festival de San Remo. "J’ai dû faire un travail sur les sons pour bien restituer la partie lyrique, qui est indissociable de la dimension de la spiritualité, du doute, de l’effort écrasant assumé par Bernadette pour comprendre des choses qui allaient au-delà des problèmes de son âge. Cela a constitué un effort important pour retranscrire toutes ces dimensions", a-t-il précisé. 

Le défi de l’arrangeur fut en effet de "traduire l’étonnement des gens face à quelque chose de plus grand que nous. Il y a le divin là-dedans et nous le racontons", a-t-il relevé. Et même les maladresses de langage de Bernadette ont été retranscrites, autant que possible, en italien. "Dans les dialogues, j’ai cherché à restituer des moments “sgrammaticati”, selon un langage non-académique", a expliqué Vincenzo Incenzo. 

Une avant-première devant les pauvres

L’Italie offre un paysage déjà riche en propositions culturelles, ce dont a témoigné le metteur en scène Serge Denoncourt. "Lors des auditions à Milan et à Rome, j’ai découvert qu’il y a toute une école du “musical” en Italie, avec des formations dédiées, mais j’avais trop de candidatures. Au final, j’avais besoin de 20 acteurs fantastiques et je les ai !", s’est-il réjoui. "Mon métier, c’est de raconter des histoires qui touchent les âmes, de mettre en scène l’humain compliqué, avec des récits difficiles", a-t-il expliqué. Après un mois de spectacle à l’auditorium de la Conciliazione, salle de 1.800 places proche du Vatican, la troupe partira en tournée dans les principales villes italiennes. Rencontrera-t-elle le même succès en Italie qu’en France ? Dieu seul le sait, pourrait être tenté de répondre Serge Denoncourt, non-croyant revendiqué. 

En présentant "uno spettacolo per tutti, credenti e non credenti" (un spectacle pour tous, croyants et non-croyants), la troupe a reçu le soutien enthousiaste du pape François, qui a pu saluer chacun des membres de l’équipe. Et conformément aux origines modestes de Bernadette, l’avant-première ne se fera pas devant la jet-set romaine, mais devant les sans-abri et les plus pauvres de la capitale italienne, pris en charge par l'aumônier du Pape, le cardinal Konrad Krajewski.

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