D’une église à l’autre en passant par le Louvre… Cette adoration des bergers est un commande passée en 1787 à François-Guillaume Ménageot pour réaliser le tableau du retable principal de l’église Saint-Jean-Baptiste de Neuilly-sur-Seine. Si François-Guillaume Ménageot n’est pas le plus connu des peintres de cette époque, son importance dans l’histoire de la peinture ne saurait être négligée, puisqu’il a été directeur de l’Académie de France à Rome, un poste prestigieux, et membre de l’Académie des beaux-arts.
Le tableau est installé comme prévu à Saint-Jean-Baptiste de Neuilly-sur-Seine… mais ne reste pas bien longtemps à la place qui lui était dévolue. Pendant la révolution française, il est décroché. On le retrouve pendant quelque temps dans les réserves du Louvre. Là encore, il ne semble pas avoir trouvé sa place définitive. Il bouge encore, dès 1810. Napoléon Ier en fait don à la paroisse de Villeneuve-sur-Yonne (Yonne), ou, ce qui est plus probable, il donne une autorisation pour ce transfert. Dans l’église Notre-Dame de l’Assomption, un autre tableau avait été décroché en 1797. L’empereur permet donc à l’église paroissiale de retrouver une œuvre d’art de qualité dans ses murs, en remplacement de la précédente.
La révélation de Dieu fait homme
Comme les bergers, contemplons la scène, celle de l’Enfant-Dieu, révélé au monde par Marie, d’un geste de dévoilement. Ce voile qu’elle soulève sur ce bébé nu est le signe de l’Incarnation, du Dieu fait homme dans ce petit enfant. Le Christ est vraiment venu prendre notre condition, avec un corps humain. La lumière du tableau est le signe de la présence de Dieu. Elle semble émaner du corps de l’Enfant lui-même, illustrant les paroles de Jésus dans Saint Jean : "Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres." (Jn, 12, 46)
En arrière-plan, s’effaçant devant le mystère qu’il accompagne, Joseph laisse toute la place à la Mère et l’Enfant. De sa main, il désigne Jésus à des personnages qui l’accompagnent. En arc de cercle, les bergers viennent adorer l’Enfant, appelés par les anges chantant la gloire de Dieu. "Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime." (Lc 2, 13-14)