Dieu "a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui" (1 Jn 4, 9). Dans le mystère de Noël, Dieu s’est rendu visible à nos yeux et c’est un soir d’hiver, dans une crèche, aux alentours de Bethléem, que l’éternité est entrée dans le temps. L’évangile de la messe de la nuit de Noël nous raconte la Nativité du Seigneur et l’évangile de la messe du jour de Noël nous fait méditer sur le Prologue de saint Jean. Ces deux textes, l’un narratif, l’autre théologique, évoquent le même événement : l’entrée de Dieu dans l’histoire. Dans la grande histoire et dans la nôtre.
Le récit et le dévoilement
La messe de la nuit nous parle de Bethléem, de Marie et Joseph venus répondre au recensement de l’empereur Auguste. Saint Luc évoque cette naissance humble et cachée dans une étable aux abords de la ville. Ces bergers des prairies de Bethléem, cette lumière dans le ciel, les anges innombrables et leur joie inexprimable. Et cette rencontre, dont on ne saura pas grand-chose, entre les plus pauvres de ce monde et cet enfant, emmailloté et couché dans une mangeoire.
Dans notre vie aussi, il y a une part de récit et une part de révélation. Comme cette nuit de Bethléem, notre vie est faite d’événements imprévus, de solitude et de rencontres.
La messe du jour nous parle du Verbe, depuis toujours auprès de Dieu. Saint Jean contemple le Verbe en qui était la vie. Le Verbe par qui tout a été fait, qui éclaire tout homme en ce monde et que les ténèbres n’ont pas arrêté. Le Verbe qui s’est fait chair pour habiter parmi nous et répandre en nous la grâce et la vérité. Le Verbe venu faire de nous des fils de Dieu par la foi. Ces deux évangiles se complètent. Le premier raconte et le deuxième dévoile. Il y a la nuit de Bethléem, la rencontre des plus pauvres. Et il y a la clarté de l’immensité du dessein de Dieu pour le monde.
En notre monde intérieur
Dans notre vie aussi, il y a une part de récit et une part de révélation. Comme cette nuit de Bethléem, notre vie est faite d’événements imprévus, de solitude et de rencontres. À certains moments, nous sommes assaillis par le découragement, par le sentiment de ne pas trouver ici-bas notre place, comme Marie et Joseph dans la salle commune de Bethléem. Alors notre cœur appelle : "J’ai regardé : personne pour m’aider ; stupéfait, je restais sans appui. […] Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais…" (Is 63, 5 ; 19). À d’autres moments, nous sommes réconfortés par ceux auxquels on ne pensait pas, ces bergers et ces veilleurs dans la nuit. De ces rencontres simples, une présence se manifeste, celle d’un Dieu caché : "Tu étais là et je ne le savais pas…" (cf. Gn 28, 16).
À l’instar du Prologue de l’évangile de saint Jean, notre vie peut aussi être éclairée par une autre lumière que celle de notre conscience et de nos souvenirs, de nos malheurs et de nos joies. Notre vie peut se trouver illuminée par la révélation de l’amour de Dieu pour nous : "Je t’ai aimé d’un amour éternel…" (Jr 31, 3). La foi de l’Église qui transmet la révélation du Fils de Dieu, descendu du Ciel, sur terre puis aux enfers, venu mourir et ressusciter pour relever l’humanité et la conduire dans le Royaume de l’intimité divine, cette révélation divine, que porte l’Église comme un trésor, n’est pas étrangère à notre existence personnelle et quotidienne. S’il est venu ici-bas, c’est pour descendre en ce monde et en notre monde intérieur. Il est venu prendre la dernière place, celle que personne ne pourra lui ravir, selon l’expression de Blaise Pascal, pour que nul ne soit oublié dans ce grand retour à la maison du Père.
Dieu fait son œuvre
Notre histoire personnelle est une histoire sainte. Aucun événement de notre vie quotidienne n’échappe à "celui qui prend soin de nous" (1 P 5, 7). Mais en deçà de nos jours, dans le travail de notre foi et celui plus grand de la grâce, Dieu fait son œuvre. Il descend, il vient habiter en nous et nous conduire "de ce monde à son Père" (Jn 13, 1).
Puissions-nous avec Marie, méditer ces choses dans notre cœur, savoir raconter mais aussi contempler, se souvenir mais aussi méditer sur la présence de Dieu en nous, son amour et son action. Dans ce temps de Noël, demandons à la Sainte Famille de Bethléem la grâce du silence et de la prière, la grâce de recevoir notre vie de cet enfant emmailloté, Verbe fait chair, véritable "berger et gardien de nos âmes" (cf. 1 P 2, 25).
Pratique
Is 9, 1-6 ; Ps 95 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14 ou 1-14.15-20
Lectures de la solennité du jour de la Nativité du Seigneur :
Is 52, 7-10 ; Ps 97 ; He 1, 1-6 ; Jn 1, 1-18