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Noël dans les larmes à Magdebourg : que dire ?

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Xavier Patier - publié le 23/12/24
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L’attentat de Magdebourg en Allemagne assombrit la joie de Noël. Pourquoi le mal se déchaîne-t-il à l’heure où Dieu se fait l’un de nous ? se demande l’écrivain Xavier Patier.

Magdebourg est une ville allemande du Land de Saxe dont j’avoue n’avoir appris l’existence que parce que le malheur la frappait. Le 20 décembre, un homme au volant d’une grosse voiture a foncé dans la foule qui se pressait pour le marché de Noël, faisant cinq morts et plus de 200 blessés. Il a foncé au hasard. Parmi les morts, il y avait André, âgé de 9 ans. "Pourquoi toi ?" a demandé sa mère dans un message relayé dans le monde entier, ajoutant : "Maintenant, tu es au Paradis avec ton grand-père et ta grand-mère. Tu leur as beaucoup manqué."

La colère sans compassion

Nous avons été bouleversés. La presse a fait de gros titres. Les autorités politiques sont venues sur place. Chacun s’est interrogé sur l’identité et les motivations de l’assassin, un Saoudien présenté tantôt comme islamiste et tantôt comme islamophobe. Chacun y est allé de ses adjectifs. Chacun a fait sa petite leçon de morale, une morale différente selon que ce fût Le Monde, Le Figaro ou tel autre journal qui nous expliquait ce qu’il fallait penser. La machine à indignation s’est mise en route avec zèle comme à chaque fois, et comme à chaque fois sans que cela ne coupe l’appétit à personne.

Signe de nos temps modernes, la puissance des médias nous sature en temps réel de tous les malheurs du monde sans changer notre vie. Il n’est pas un crime, pas une catastrophe qui ne donne le signal d’une colère unanime et éphémère. Les drames suscitent parfois des polémiques, jamais une pensée. Les colères n’expriment aucune compassion. Plus le temps passe et plus j’ai de mal à donner de la voix dans ce concert de désespoir numérique qui nous entoure et ne nous engage à rien. Quelques heures après Magdebourg ou après Mayotte, nous entendons le signal d’un retour immédiat à nos querelles ordinaires, à nos petits plaisirs, et nous obéissons.

Exilés dans une vallée de larmes

Si au lieu de nous lamenter, nous nous essayons à réfléchir ? Pourquoi, oui, pourquoi le mal se déchaîne-t-il à l’heure où Dieu se fait l’un de nous ? Pourquoi la joie de Noël est-elle toujours habitée par la Passion ? À Noël, nous célébrons la naissance du Christ dans la joie et en même temps nous faisons chaque année la revue d’effectifs de nos morts, de ceux toujours plus nombreux qui ont quitté ce monde et de ceux toujours plus nombreux qui ne sont tout simplement pas là. Plus notre joie s’approfondit, plus elle héberge cette impression très douce et très douloureuse de nous savoir, avec Marie, exilés dans une vallée de larmes. En devenant l’un de nous, Dieu a connu cet exil. Il est avec nous dans cette blessure. Un aussi grand mystère mérite-t-il moins que notre silence ?

Il nous tarde de nous retrouver avec le Ressuscité à la fin de cet exode dans un pays glacé. Le soir de Noël, nous supplions Marie de nous montrer enfin Jésus face à face après cet exil où nous pleurons et gémissons, de voir enfin Jésus, vérité, chemin et vie blotti dans ses bras. La seule manière de supplier, quand autour de nous et en nous tout devient désordre, n’est plus de s’indigner, mais de laisser le silence gagner, pour nous préparer à entendre le Verbe venu parmi nous pour nous consoler.

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