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La récente réouverture de Notre-Dame va-t-elle encourager les Français à s’intéresser de plus près à l’incroyable patrimoine religieux et spirituel dont dispose la France ? Ce n’est en tout cas pas les projets qui manquent. Le Loto du patrimoine a dévoilé ce 19 décembre 2024 les 100 sites départementaux qui vont bénéficier d’une aide cumulée de 18,6 millions d’euros. Parmi eux une dizaine d’églises, abbayes et chapelles dont la présence bien que menacée est essentielle. Tour d’horizon.
Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, deux églises ont été sélectionnées. L'église Saint Jean Apôtre à Régnié-Durette, au cœur du Beaujolais, nécessite un certain nombre de travaux de restauration suite à l'apparition de fissures plus ou moins importantes à l'intérieur et à l'extérieur de l'édifice. Elle a la particularité d’avoir été construite dans la deuxième moitié du XIXe siècle par Pierre Bossan, célèbre architecte de la basilique de Fourvière à Lyon. L’église Saint-Loup de Boudes, dans le Puy-de-Dôme, est aujourd’hui inutilisable en raison des étaiements et de la précarité de l’édifice.
Des témoins de l'histoire spirituelle de la France
En Haute-Saône, c’est la chapelle de l’ancienne abbaye Saint-Colomban, qui a été sélectionnée par la Mission Bern. Si cette dernière n’est plus utilisée pour le culte, cet ensemble unique retrace l’évolution du monachisme colombanien. Dans les Côtes d’Armor, l’église Saint-Laurent bâtie à la fin du XIVe siècle, début du XVe siècle par l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem va elle aussi bénéficier d’une aide. Joyau du patrimoine de Saint-Laurent, elle est bâtie en surélévation et entourée d’un mur d’enceinte sur toute sa périphérie, qui constitue l’enclos paroissial, autour duquel convergent toutes les routes qui mènent aux communes voisines. Elle possède de nombreux éléments de décorations exceptionnels comme un porche de style gothique avec des remplages, un christ en croix du XVe siècle en bois polychrome et un retable du XVIIe siècle.
En Indre-et-Loire, l’église Notre-Dame de Neuville-sur-Brenne est enracinée dans l'histoire médiévale de la région, incarne un précieux témoignage du patrimoine architectural et culturel local. Érigée au XIIe siècle comme le sanctuaire du Prieuré par l'Abbaye Marmoutier, elle symbolise la ferveur religieuse de l'époque. Son architecture, marquée par des éléments sculpturaux et des ornements caractéristiques de l'art roman, attire l'attention des amateurs d'histoire et d'art. Une fois la restauration opérée, en tant qu'étape sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, elle accueillera les pèlerins et les visiteurs, contribuant ainsi au rayonnement spirituel de la région.
La visite du pape François en Corse le 15 décembre a permis pour une partie des Français et des fidèles de (re)découvrir l’incroyable patrimoine de la Corse. C’est la chapelle romane San Cervone, à Lento, près de Bastia, que le Loto du Patrimoine a aujourd’hui décidé de mettre à l’honneur. Tandis qu’on y accède après une montée d’une demi-heure, elle occupe une éminence dominant tout le paysage à 654 m d’altitude. On retrouve les éléments caractéristiques d’une église romane dans la porte principale : linteau monolithe soutenant un arc en plein cintre au tympan nu et gros blocs monolithes formant les piédroits. L’intérieur est de style baroque et l’autel est orné de jolies volutes. La restauration permettra de rendre à la chapelle sa vocation première qui est d’être un écrin pour le Christ. La messe en l’honneur de San Cervone y sera célébrée le 10 octobre et un buffet aura lieu autour de la chapelle après la procession comme le veut la tradition de Lento.
Lieu de prière mais aussi de tourisme, le Mont-Saint-Odile attire sur les hauteurs d'Obernai (Bas-Rhin) plus de 500.000 personnes chaque année. Les besoins de restauration sont importants et les chapelles des Larmes et des Anges sont malheureusement fermées au public en ce moment pour des raisons de sécurité. Le temps et les aléas météorologiques ont dégradé les mosaïques à l'intérieur des chapelles. Le projet est donc de restaurer les mosaïques mais aussi de consolider les structures des deux chapelles qui deviennent très fragiles.
En Normandie, faute de moyens, l’église de La Trinité n’a pas pu bénéficier d’une restauration en bonne et due forme après les bombardements de 1944. Sa dégradation a donc continué et elle est aujourd’hui dans un état général particulièrement préoccupant. Contemporaine de Guillaume le Conquérant pour ses parties les plus anciennes, l’église reflète l’extraordinaire patrimoine médiéval de la ville et de la région avec notamment son porche Renaissance, très rare exemple de cette architecture en Normandie mais aussi une voûte en bois sculpté qui semble être comme en gravitation dans le chœur de l’édifice. L’église de La Trinité se situe sur la place Guillaume le Conquérant au cœur de la ville historique, à quelques pas de la statue du même nom et de l’entrée du château. Elle a traversé les siècles et l’histoire tumultueuse de la ville de Falaise. C’est un formidable témoin de l’histoire mais en porte également les stigmates et notamment ceux de la Seconde Guerre mondiale. L’église a permis à plus de 300 personnes d’échapper à la mort dans la nuit du 17 août 1944 (sa charpente a brûlé mais la voûte en pierre a tenu bon).
Enfin, l’abbaye de la Trappe à Soligny a elle aussi été sélectionnée au titre du projet que la communauté de trappistes souhaite mettre en place. Abbaye cistercienne est fondée au XIIe siècle, elle a été pillée lors de la Révolution avant de renaître de ses cendres en 1815. Alors que l’abbaye fêtera en 2024 ses 900 ans, la communauté engage aujourd’hui une nouvelle étape de son histoire avec l’ouverture du site au public, permettant ainsi la découverte de la vie monastique, l’histoire de l’abbaye et la mise en valeur de son environnement exceptionnel. L’ouverture à l’externe est un projet en rupture par rapport à la règle trappiste ; ces travaux sont une condition de maintien dans les lieux de la communauté religieuse réduite à une quinzaine