Comment La Maison de Marthe et Marie transforme la vie de femmes enceintes en difficulté

"Des grandes sœurs", ou "des petites mamans". C’est ainsi que les jeunes mamans accueillies dans les colocations solidaires La Maison de Marthe et Marie considèrent les volontaires, jeunes pros avec qui elles partagent un appartement le temps de mener paisiblement leur grossesse. À leur arrivée, elles sont dans une situation précaire, enceintes, souvent isolées, à la recherche d’un toit. La Maison de Marthe et Marie leur offre bien plus qu’un toit sur la tête : la chaleur d’un foyer, l’amitié des volontaires et un soutien pour trouver un travail et un appartement après la naissance de leur enfant.

La Maison de Marthe et Marie a été créée en 2010 à l’initiative d’une sage-femme, Aline Dard, touchée par la détresse et l’isolement de femmes enceintes sans solution de logement. Ces situations de détresse l’ont incitée à créer cette association afin que ces jeunes femmes puissent accueillir leurs enfants dans les meilleures conditions possibles. Les colocations solidaires ne sont ni des foyers ni des centres d’accueil mais des logements privés pouvant accueillir jusqu’à huit femmes dont la moitié sont des femmes enceintes ou jeunes mamans avec leur bébé, et l’autre moitié des volontaires. Aujourd’hui, l’association anime onze colocations dans dix villes de France (Paris, Lyon, Nantes, Lille, Strasbourg, Rouen, Courbevoie, Marseille, Garches et Bordeaux) et a accueilli depuis 2010 plus de 200 jeunes femmes et autant de bébés (nés ou à venir).

Cassandra, Khando et Mouslimate viennent d’horizons différents mais ont en commun d’avoir habité quelques mois dans une colocation solidaire de La Maison de Marthe et Marie. Une expérience qui les a profondément marquées et dont elles témoignent volontiers aujourd’hui. Cassandra, alors âgée de 21 ans l’année dernière, enceinte, ne pouvait pas rester chez ses parents. Elle et son compagnon n’avaient ni situation, ni appartement. Après des recherches sur Internet, elle envoie un mail à la responsable de La Maison de Marthe et Marie de Courbevoie. La réponse ne se fait pas attendre et elle est accueillie parmi les volontaires et les autres mamans. "Elles ont été comme des grandes sœurs pour mon fils, il n’y avait que de l’amour et de l’entraide, j’ai fait un album photos pour que mon fils se souvienne de ces moments passés ensemble", confie-t-elle.

Quant à Khando, 28 ans, elle est arrivée en France en 2018. Originaire du Tibet, elle a d’abord été hébergée par sa mère, à Strasbourg. Son but était de travailler pour financer les traitements médicaux de son père, soigné en Chine pour une maladie des reins. Mais lorsqu’elle tombe enceinte, elle doit trouver un autre logement, l’appartement de sa mère étant trop étroit pour elle et ses frères et sœurs. Mère célibataire, elle suit les conseils de la sage-femme et contacte l’association La Maison de Marthe et Marie. Là, elle trouve du réconfort, de la douceur et un grand soutien. Mouslimate enfin, 28 ans, témoigne qu’elle a reçu à La Maison de Marthe et Marie "plus d’amour qu’elle n’avait jamais reçu auparavant". Comorienne, elle est arrivée en France en 2021 pour poursuivre des études de langues. Très vite, elle tombe enceinte et ne sait pas où aller. C’est l’assistante sociale de l’hôpital qui l’oriente vers La Maison de Marthe et Marie, à Lyon. "C’est grâce à l’association que j’ai trouvé de la force pour élever mon enfant, que j’ai confiance en moi en tant que maman", confie-t-elle, reconnaissante.

Toutes trois ont désormais quitté la colocation solidaire, ont leur propre appartement et un travail. L’insertion professionnelle de chaque femme accueillie est une des missions que se fixe La Maison de Marthe et Marie. "Nous essayons de trouver avec elle dans quelle voie elle va pouvoir s’épanouir, être pleinement heureuse, car nous croyons fermement qu’une femme heureuse et épanouie professionnellement sera une bonne maman", assure Amélie Merle, directrice de La Maison de Marthe et Marie. Un pari gagné pour Cassandra, Khando et Mouslimate. La première a obtenu un CAP Petite enfance et a décroché un CDI dans une crèche à Courbevoie. Ses anciennes colocataires sont venues lui prêter main forte pour son installation toute récente aux côtés de son fils de 13 mois.

Khando a aussi son appartement et travaille comme aide-soignante à l’hôpital civil, dans le service de néphrologie et transplantation. "Je suis dans le service dans lequel je rêvais de travailler", se réjouit-elle. "Mon père a été dialysé jusqu’à sa mort, je me sentais impuissante, là, je peux aider des personnes qui ont le même problème que mon père". C’est la responsable de la colocation qui l’a aidée, "comme une maman", à trouver une formation puis à rédiger son CV et sa lettre de motivation. Son petit garçon de deux ans va à la crèche. Quant à Mouslimate, elle est aujourd’hui l’heureuse maman d’un petit garçon de 20 mois et est auxiliaire de vie à domicile. C’est une des volontaires de la colocation, dont elle est très proche, qui l’a orientée vers une agence. Elle a intégré un appartement "tremplin", un studio indépendant mis à disposition par l’association pour lui permettre de prendre progressivement son indépendance. "Les volontaires ont pris soin de moi, elles m’ont soutenu quand je me demandais si j’allais être capable d’élever mon fils. Grâce à elles, je sais que je peux y arriver."

En partenariat avec La Maison de Marthe et Marie