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Clémence, 27 ans, maman d’un petit Oscar âgé aujourd’hui de 18 mois, a vécu pendant un an dans une colocation solidaire de La Maison de Marthe et Marie à Rouen, en 2023-2024. Une "bulle", un "cocon" selon ses mots, qui lui a offert bien plus qu’un toit. Enceinte de sept mois, Clémence, animatrice de séjours de vacances à l’étranger, revient en France et rencontre des difficultés pour se loger à moindre coût. Elle entend parler sur Facebook d’une colocation accueillant des femmes enceintes et des jeunes pro, offrant un cadre chaleureux et sécurisant. "Je me suis aperçue tardivement de ma grossesse, ma situation n’était pas idéale, j’avais peur que les personnes de l’association se montrent intrusives, mais en réalité elles m’ont tout de suite mise à l’aise, elles sont là pour nous aider à trouver un rythme de vie et imaginer des solutions pour l’avenir", confie-t-elle.
180 naissances
La Maison de Marthe et Marie a été créée en 2010 à l’initiative d’une sage-femme, Aline Dard, touchée par la détresse et l’isolement de certaines femmes enceintes, sans solution de logement à la sortie de la maternité. Ces situations de détresse l’ont incitée à créer cette association afin que ces jeunes femmes puissent accueillir leurs enfants dans les meilleures conditions possibles.
Depuis l’ouverture de la première colocation en 2011 à Lyon, plus de 180 enfants ont été accueillis, dorlotés, choyés dans une Maison de Marthe et Marie. Les colocations solidaires ne sont ni des foyers ni des centres d’accueil mais des logements privés pouvant accueillir jusqu’à huit femmes dont la moitié sont des femmes enceintes ou jeunes mamans avec leur bébé, et l’autre moitié des volontaires. Aujourd’hui, l’association anime dix colocations : deux à Paris, une à Lyon, Nantes, Lille, Strasbourg, Rouen, Courbevoie, Marseille et Garches. Deux ouvertures sont prévues à Bordeaux (2025) et Paris (2027). Elle dispose actuellement de 76 places d’hébergement pour les mamans et les volontaires.
Des volontaires aux petits soins
Un projet qui tient grâce à l’engagement des volontaires, des jeunes femmes âgées de 23 à 35 ans qui vivent, pendant une ou deux années, avec les femmes accueillies, tout en exerçant une activité professionnelle à l’extérieur. Les volontaires ont cette double casquette : prendre part, comme les mamans, aux tâches quotidiennes liées à la colocation mais aussi être là, disponibles, à l’écoute. Ce sont elles, les Marthe et Marie de l’Evangile. Elles offrent ainsi un rythme, une présence quotidienne, une écoute bienveillante, qui font des colocations Marthe et Marie un véritable havre de paix.
Conformément à l’intuition de la fondatrice, c’est le fait de vivre ensemble, au quotidien, sous le même toit, qui permet de rompre l’isolement des jeunes mères et de les accompagner pour que le début de leur maternité se passe de manière sereine. Clotilde, 26 ans, psychomotricienne, vient de passer un an dans la colocation rouennaise, aux côtés de Clémence et d’Oscar. C’est en cheminant sur la route de Saint Jacques de Compostelle qu’elle a éprouvé le besoin de donner un peu de son temps à des personnes qu’elle ne connaissait pas. "Cela a été une année hors du temps, mais à la fois très ancrée dans la réalité. J’y ai trouvé une vraie vie de famille. Nous avons connu des grandes joies, des peines aussi, j’ai été confrontée à la souffrance de l’autre, et cela m’a amenée à me dépasser", confie la jeune femme.
Peu d’ "obligations" pour les volontaires – le seul engagement étant un dîner dans la colocation une fois par semaine – mais les liens se créent naturellement à travers les gestes du quotidien. "C’est une des volontaires qui m’a accompagnée à l’hôpital pour l’accouchement, jusqu’à ce que ma mère arrive", raconte Clémence. Elle se souvient également des nombreux conseils prodigués, de l’attention portée à son fils… "C’était un moment de ma vie où j’étais vulnérable et les volontaires m’ont donné de la force", reconnaît-elle.
Et après ?
Les mères accueillies peuvent rester dans la colocation jusqu’au un an de leur enfant. Un vrai travail de réinsertion est mené par l’association. Généralement, dès leur arrivée, une demande de logement social est déposée. Elles sont épaulées par une responsable d’antenne, salariée de l’association, pour se réinsérer socialement et professionnellement après la naissance de leur enfant : démarches administratives, recherches de logement, d’emploi, de place en crèche, etc… "L’association fait tout pour accompagner la sortie", témoigne Clémence, qui a quitté son emploi précédent pour suivre une formation dans l’hôtellerie.
Des liens d’amitié très forts perdurent même après la période de colocation. Clémence comme Clotilde confient être toujours en lien les unes avec les autres, Clémence est partie en vacances avec une autre maman, les enfants sont comme des frères. "Je cherchais un toit et j’ai trouvé des amies", se réjouit aujourd’hui la jeune maman.
Pratique
En partenariat avec La Maison de Marthe et Marie