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Pourquoi les organistes ont-ils improvisé lors de la réouverture de Notre-Dame ?

Le grand orgue restauré de Notre-Dame de Paris.

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Valdemar de Vaux - publié le 11/12/24
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L’éveil de l’orgue de Notre-Dame, ce samedi 7 décembre, a suscité émotion et incompréhension. L’improvisation, prévue par le rituel, est une spécialité musicale française qui donne aux organistes une grande liberté. Explications.

Lors de la cérémonie de la réouverture de Notre-Dame, le 7 décembre, le plus grand orgue de France s’est réveillé en mondovision. Un moment impressionnant et très émouvant, tant l’instrument est inséparable de la cathédrale, dont les pierres font résonner merveilleusement le souffle des presque 8.000 tuyaux. L’émotion a parfois laissé la place à une forme de perplexité. Pourquoi les musiques choisies ne ressemblaient-elles à aucune autre ? Manquaient d’harmonie ? Sortaient tout droit de l’imagination, peut-être démesurée, des quatre organistes titulaires ?

Des questions légitimes qui appellent une réponse simple : le rituel de bénédiction lui-même prévoit qu’ "à chaque invitation, l’organiste répond par une improvisation". Suivant les demandes de Mgr Ulrich, Olivier Latry, Vincent Dubois, Thibault Fajoles et Thierry Escaich ont ainsi tâché d’entonner "la louange de Dieu, notre Créateur et Père", de chanter "l’Esprit-saint qui anime nos vies du souffle de Dieu" ou encore de proclamer "gloire au Père, et au Fils et au Saint-Esprit".

Une réalité spirituelle

Comme l’expliquait le premier d’entre eux sur France 2 samedi, la forme de l’improvisation correspond à l’esprit de cette bénédiction puisque l’instrumentiste doit, par sa musique, évoquer une réalité spirituelle, par essence au-delà de toute partition écrite et définitive. Il ajoutait que l’improvisation est une spécificité française. Qui a notamment acquis ses lettres de noblesse à Notre-Dame : Pierre Cochereau, titulaire du grand-orgue de 1955 à sa mort en 1984, était connu pour ses improvisations. Lesquelles ne laissent rien au hasard, contrairement à ce que leur nom pourrait laisser penser. La discipline est même enseignée au conservatoire.

Les organistes en usent très régulièrement pendant la liturgie, après une homélie ou pendant l’offertoire, par exemple. Ils ont alors une grande liberté, qui peut parfois être vue comme la manifestation de leur orgueil, mais ce jugement n’engage que celui qui le pose. 

Reste qu’ils ont le choix du genre de musique utilisé ou des airs connus ou moins connus sur lesquels improviser. Le 7 décembre, les quatre organistes ont fait le choix d’une musique modale, c’est-à-dire qui ne se restreint pas aux accords majeurs ou mineurs de la musique tonale. Certains diront que c’est une musique de spécialistes et qu’ils auraient pu faire des variations sur des compositions de Bach ou Haendel, maîtres de l’orgue, pour être plus accessibles. Là encore, question de goût. Et il est difficile d’en discuter.

[EN IMAGES] Les images de la réouverture de Notre-Dame de Paris

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